Caterpillar: les ouvriers approuvent le plan de restructuration

C’est avec soulagement que la direction de Caterpillar Gosselies a pris connaissance, mardi soir, de l’approbation par les ouvriers du plan de restructuration âprement négocié avec les syndicats depuis l’annonce du 28 février dernier. Les trois quarts (74 %) des 2.000 ouvriers qui ont effectivement pris part au scrutin ont voté « oui », autorisant de la sorte le départ en « prépension » de 800 d’entre eux, une centaine de travailleurs étant invités à quitter volontairement l’entreprise en bénéficiant d’une prime de départ. Alors que le scrutin se déroulait encore, durant l’après-midi, les travailleurs rencontrés à la sortie de l’usine paraissaient pourtant très partagés. « J’ai voté contre, racontait Didier, 58 ans, ouvrier de maintenance appelé à partir en prépension. Les syndicats n’ont pas bien négocié le plan social. Mon voisin avait bénéficié de conditions beaucoup plus avantageuses lors de la fermeture du haut-fourneau de Carsid, à Charleroi. » Son collègue Antonio, âgé de 56 ans, bien qu’ayant quant à lui voté positivement, se montrait surtout résigné. « Mieux vaut partir comme cela que dans trois ans dans un contexte qui sera peut-être encore plus difficile » , estimait-il. Son sentiment ? « Le même que tous ceux qui perdent leur emploi : nous avons tout donné pour maintenir une usine performante mais au bout du compte nous sommes tout de même jetés. Cela fait mal, très mal, mais c’est comme cela… » Quelque 800 travailleurs sont dans son cas : : âgés de plus de 52 ans et demi, ils pourront partir dans les prochains mois en bénéficiant d’une prépension, désormais rebaptisée « chômage avec complément d’entreprise. » Une centaine d’ouvriers moins âgés seront invités à partir par le biais d’une prime (70.000 euros pour une ancienneté de 20 ans par exemple). Au final, ce sont plus d’un millier d’ouvriers qui perdront leur emploi, auxquels s’ajouteront quelques centaines de cadres et employés pour lesquels les négociations avec la direction sont toujours en cours. Quant aux ouvriers qui resteront chez Caterpillar, qui continuera tout de même d’employer un peu plus de 2.000 personnes (40 % de moins qu’avant la restructuration), ils bénéficieront de la poursuite du plan de modernisation de l’usine (150 millions d’euros au total) afin de restaurer sa compétitivité. Mais en y laissant quelques plumes sur le plan de la flexibilité, parmi lesquelles l’obligation de prester des heures supplémentaires (rémunérées à 150 %), si la production l’impose, jusqu’à un maximum de 16 heures par mois. « Si je veux garder mon job, je n’ai pas trop le choix, commente Philippe, 32 ans. Ceux qui partent bénéficient tout de même à mon avis de bonnes conditions mais, pour ceux qui restent, c’est une diminution des acquis. Malgré tout cela, j’ai voté oui au compromis qu’on nous a présenté : je dois continuer à rembourser la maison… » L’avenir de l’usine est-il bétonné pour autant ? Son patron, Nicolas Polutnik, affirmait ce samedi dans Le Soir que les « bases minimales » avaient été posées à l’issue de la négociation. Autrement dit, il reste encore beaucoup de travail afin de réussir la modernisation des outils et d’y instaurer les nouvelles conditions de travail qui devraient permettre à Gosselies, à terme, de restaurer sa compétitivité sur le marché européen des engins de chantiers. Et ce, notamment vis-à-vis d’usines concurrentes au sein du groupe, en Asie par exemple. En cas de vote négatif mardi, c’est la survie même de l’usine qui aurait été menacée comme l’avait lourdement souligné la direction de l’entreprise dans un courrier adressé à chaque ouvrier.

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