Caterpillar: des dividendes qui passent mal

Etienne de Callataÿ appelle à la responsabilité dans la gestion financière des entreprises. Une entreprise a-t-elle raison de privilégier ses actionnaires au détriment de ses travailleurs ? La première obligation des entreprises, c’est de respecter l’ensemble des composantes de la société (environnement, collaborateurs, consommateurs, clients, etc.) avec lesquelles elles interagissent. Dans ce cadre-là, elles peuvent chercher à maximiser les profits. Est-ce le cas avec Caterpillar ou Axa ? Je ne suis pas membre du comité de direction ou du conseil d’administration de ces entreprises, il est donc difficile de se prononcer sur une situation particulière parce que je n’ai pas accès à l’information… On peut comprendre qu’il y ait des éléments de contexte défavorables tant pour Caterpillar qu’Axa et il ne faudrait pas souhaiter que les entreprises attendent d’aller mal avant d’envisager de se restructurer. Il vaut mieux avoir une évolution constante du marché du travail plutôt qu’un ensemble d’entreprises qui restructurent quand la conjoncture est la plus mauvaise. Faut-il mettre des limites à la politique de dividende ? C’est illusoire… Ce qu’il faut éviter de faire, c’est agir de l’autre côté en interdisant les licenciements. Par contre, il faut « responsabiliser » l’entreprise. Si elle procède à des licenciements et qu’on observe que ses travailleurs rencontrent davantage de difficultés que la norme pour se réinsérer sur le marché du travail, c’est que l’entreprise génère des « externalités négatives ». C’est-à-dire qu’elle prend de la compétence humaine et la rend ensuite dépréciée au marché du travail. Elle doit être pénalisée pour cela. C’est une idée qui a cours aux Etats-Unis dans une mesure limitée. En d’autres mots, les entreprises dont les travailleurs licenciés ont plus de difficultés que les autres à trouver du travail doivent payer plus à la collectivité. C’est une voie prometteuse. En Belgique, on a tout le contraire avec des mécanismes qui aident les entreprises qui se comportent mal avec, notamment, ce régime avantageux de prépension où employeurs et syndicats s’entendent sur le dos de la collectivité. La loi sur les prépensions justement va changer en 2017, ce qui expliquerait les plans de Caterpillar et Axa… Quand l’Etat change quelque chose d’aussi important que l’âge de la retraite et celui de la prépension, il l’annonce longtemps à l’avance pour que tout le monde puisse s’organiser. D’un autre côté, cela peut avoir des effets pervers. Il faut savoir que la législation belge donne au ministre du Travail une certaine latitude en la matière. S’il devait constater qu’Axa se dépêche de licencier tant qu’il y a moyen de bénéficier d’un régime de préretraite plus avantageux, il faudrait réagir. Ce n’est pas conforme à l’esprit de la loi et il y aurait lieu de ne pas lui faire ce cadeau-là. Une loi contre les « licenciements boursiers » ? Cela me semble être une piste intéressante. Il ne faut pas conditionner des mesures telles que la diminution des cotisations sociales à la création d’emplois. En revanche, demander que des entreprises remboursent des aides reçues si elles s’en vont ou licencient me semble logique. Souvenons-nous des quotas CO2 et d’Arcelor Mittal… Plus largement, j’ai des difficultés avec le concept même de subvention publique discrétionnaire. Ce n’est pas sain quand les pouvoirs publics négocient avec une entreprise au cas par cas. Ils doivent établir des règles générales, fixer un cadre. Le politique est-il impuissant ? Il ne peut pas faire grand-chose en effet et quelque part tant mieux… Et le dividende n’est pas le problème principal, même si je peux comprendre que cela choque. Par contre, ce serait indécent qu’une entreprise distribue de plantureux dividendes tout en organisant son insolvabilité. Ce n’est pas le cas de Caterpillar a priori, il va honorer ses engagements. [scald=2353810:sdl_editor_representation]

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