Accueil La Une Culture

Le Bota et le Sportpaleis défendent leur «projet costaud» pour le Cirque Royal

Deux candidats s’affrontent pour la gestion du Cirque Royal. La Ville de Bruxelles, via l’ASBL Brussels Expo. Le Bota et le Sportpaleis, « avec le soutien d’Alda Greoli », assurent-ils.

Rencontre - Journaliste au service Politique Temps de lecture: 6 min

L’image n’est pas banale. Autour de la table, ils sont trois : deux Francophones, un Flamand, unis pour défendre un projet culturel… à Bruxelles. Annie Valentini, directrice générale, et Paul-Henri Wauters, directeur artistique, représentent le Botanique et Jan Van Esbroeck le Sportpaleis d’Anvers. Les premiers sont membres d’une ASBL subsidiée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, le second, totalement privé, gère depuis plus de 20 ans des salles de concert (le Sportpaleis, la Lotto Arena, Forest National…) et des théâtres.

Annie Valentini, directrice générale, et Paul-Henri Wauters, directeur artistique, représentent le Botanique et Jan Van Esbroeck le Sportpaleis d’Anvers ©Bruno Dalimonte
Annie Valentini, directrice générale, et Paul-Henri Wauters, directeur artistique, représentent le Botanique et Jan Van Esbroeck le Sportpaleis d’Anvers ©Bruno Dalimonte -

Ensemble, ils sont candidats pour l’exploitation du Cirque Royal, cette salle de spectacle située dans le Pentagone. Le Botanique a géré cette salle pendant près de 17 ans, avant que la Ville de Bruxelles, propriétaire des lieux, rompe le contrat au printemps dernier pour laisser la place à l’ASBL Brussels Expo (une structure de la Ville de Bruxelles gérant une série d’événements et dirigée par Philippe Close, par ailleurs échevin PS du Tourisme). Cette décision avait fait l’objet d’un recours au conseil d’Etat du Bota, qui a eu gain de cause, obligeant la Ville à lancer un appel d’offres. La guerre des salles est-elle déclarée ? Aujourd’hui, le Bota et le Sportpaleis fourbissent leurs armes…

Comment s’est faite cette collaboration surprenante ?

Annie Valentini : La ministre de la Culture Alda Greoli (CDH, NDLR) a pris une initiative au mois de juillet : une rencontre avec Sven Gatz (ministre flamand de la Culture et de Bruxelles, VLD, NDLR) pour essayer de faire de la gestion du Cirque un dossier emblématique de l’accord de coopération entre Communautés, en confiant au Botanique et à l’Ancienne Belgique – qui dépend de la Communauté flamande – la gestion du lieu. Cette proposition de la ministre s’est heurtée à une réticence de l’AB. Cette dernière était d’abord très intéressée, cela fait des années qu’elle cherche une salle comme ça. Mais face à ce qui est apparu comme une grosse résistance de la Ville de Bruxelles, ils n’ont pas osé. Cela leur semblait perdu d’avance et ils craignaient des répercussions sur leur fonctionnement car ils sont sur le territoire de la Ville.

Annie Valentini, directrice générale du Botanique
Annie Valentini, directrice générale du Botanique

Et là, le Sportpaleis est arrivé ?

Jan Van Esbroeck : C’est mon initiative. Le Sportpaleis gère depuis 20 ans de salles de concerts. On fait bien notre travail, je crois, ça marche bien, on a des bons chiffres. On est une organisation solide avec une longue expérience. C’est évident que lorsqu’il y a une salle comme le Cirque qui vient sur le marché, ça nous intéresse.

Vous ne partez pas gagnant, en tant que Flamand qui débarque à Bruxelles…

Jan Van Esbroeck : Nous ne sommes pas des Flamands, mais des entrepreneurs. Qui par hasard travaillent en Flandre… On n’est pas politiquement engagé.

Vous ne craignez pas un bouclier communautaire ?

Paul-Henri Wauters : Dans les faits, tant du côté du public que des artistes, on dépasse très clairement le clivage communautaire. L’AB et le Bota sont des lieux où les artistes flamands et francophones se sentent à la maison. C’est vrai aussi pour le public. C’est devenu ringard de parler communautaire maintenant. Annie Valentini : On nous dit qu’on se vend aux Flamands ? Ce n’est pas un projet politique ou institutionnel ! Moi je dis : on devrait se féliciter de voir de l’argent flamand investi à Bruxelles.

L’intérêt exact du Sportpaleis ?

Jan Van Esbroeck : Je l’ai dit, quand une salle comme ça se libère, c’est intéressant. Nous pouvons assumer tout ce qui est gestion commerciale et gestion de salle et laisser la direction artistique et de programmation au Botanique. On ne peut pas attendre qu’une ASBL comme le Bota investisse dans les murs, le béton, le bâtiment. Le Sportpaleis est prêt à investir 3 millions d’euros directement. Comment la Ville va-t-elle juger notre candidature ? Je ne peux pas m’imaginer que la candidature de Brussels Expo donnera les mêmes garanties. Tant au niveau des investissements, que de la gestion commerciale et artistique. On aime penser que la Ville choisira la meilleure solution pour Bruxelles.

Paul-Henri Wauters : C’est un beau projet avec une mixité linguistique. Nous sommes vraiment très complémentaires.

Ne craignez-vous pas que les dés soient pipés ? Après tout, c’est la Ville de Bruxelles qui prend la décision finale…

Jan Van Esbroeck : L’appel de la Ville a été prévu pour Brussels Expo. C’est à peine s’ils n’ont pas écrit dans l’appel « votre nom doit être Brussels Expo ». (Rires) Annie Valentini. L’appel d’offres a été publié en juillet, avec le minimum de visibilité, et il fallait rentrer le dossier pour le 29 août. C’est vraiment créer les conditions pour que les candidatures soient réduites ou inexistantes…

Le Bota peut-il vivre sans le Cirque Royal ?

Paul-Henri Wauters : Pour le moment le Bota vit dans la résistance. On espère toujours que le bon sens va l’emporter. Le choix raisonnable doit s’imposer. C’est vital pour notre développement ! On va se retrouver 15 ou 20 ans en arrière ? Dans tous les cas on sera amené à se redéployer, c’est impossible pour nous d’accepter cette diminution de voilure. La logique est en tout cas absurde pour nous. On ne peut pas comprendre qu’à un moment donné, un pouvoir local francophone décide de récupérer ce qui est pour nous notre grande salle ! On ne comprend pas qu’il n’y a pas un sursaut politique en disant : « Vous ne touchez pas au Bota » comme il y en aurait sans doute un si un pouvoir local flamand essayait d’empêcher l’AB de se développer comme il le faut… Politiquement, c’est un vrai questionnement. Comment peut-on se développer dans une communauté si, à un moment, quand tout fonctionne, on risque ce que nous appelons une récupération, qu’on vous enlève votre outil ?

Vous n’avez aucun soutien politique ?

Paul-Henri Wauters : La ministre Alda Greoli nous soutient. Notre conseil d’administration, où les quatre partis francophones sont représentés, s’est mis d’accord. On a un large soutien, dans tous les partis. Mais à la Ville de Bruxelles, il y a visiblement une indifférence à ces questions-là.

Votre dossier est costaud ?

Paul-Henri Wauters : Près de 90 % de tiers, des organisateurs dans le milieu, nous ont fait des lettres de recommandation. Le premier agent francophone Nada a signé, enthousiaste. Le premier opérateur flamand a signé. Herman Schueremans de Live Nation a signé. C’est quelqu’un d’hyper respecté au niveau international. Ensemble, le groupe Sportpaleis et le Bota attirent 2,5 millions de personnes et organisent 1.600 événements. C’est costaud. L’intérêt des responsables politiques d’une cité quelle qu’elle soit, c’est le meilleur développement de cette cité. On espère que la raison l’emportera. Notre dossier a toutes les garanties – financières et au niveau de l’expérience – pour répondre à la volonté de renforcer Bruxelles sur la scène culturelle.

 

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

0 Commentaire

Aussi en Culture

Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une