Des jeunes femmes radicalisées prêtes à frapper au nom de Daesh à Paris

Un attentat à la voiture piégée en plein cœur de Paris. C’est bien ce qu’avaient imaginé Ines Madani et ses complices. Trois jeunes femmes extrêmement radicalisées qui auraient préparé, selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, « de nouvelles actions violentes et imminentes ». Dans la nuit de dimanche à lundi, elles sont soupçonnées d’avoir abandonné une Peugeot 607 chargée de bonbonnes de gaz et de gasoil dans une rue de Paris, à deux pas de Notre-Dame. Un commando, a précisé vendredi lors d’une conférence de presse le procureur de la République François Molins, « téléguidé » par des djihadistes de l’EI depuis la Syrie. Une jeune fanatique identifiée Le trio aurait fomenté plusieurs attaques, dont des attentats dans les gares, à Paris et en Essonne. C’est d’ailleurs dans le quartier de la gare de Boussy-Saint-Antoine, à 25 km au sud-est de Paris, que les trois suspectes avaient été repérées par les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) peu avant leur interpellation. Étant la fille du propriétaire du véhicule abandonné près de la cathédrale, Ines Madani avait rapidement été identifiée. Selon Le Parisien, quelques heures après la découverte du véhicule, les enquêteurs avaient capté une conversation entre deux jeunes femmes (dont l’une se trouvait sur écoute) à propos de l’attentat avorté à Notre-Dame. L’interlocutrice avait très vite été identifiée comme étant Ines Madani. Lors de son interpellation, la jeune fanatique était parvenue à blesser un policier à l’épaule avec un couteau avant d’être touchée par un tir de riposte de la DGSI. Son père, connu pour des faits de prosélytisme islamiste, avait été placé en garde à vue mais libéré après audition. Selon Le Monde, c’est lui qui aurait prévenu les policiers de la disparition de sa fille, fichée « S » pour avoir manifesté sa volonté de partir en Syrie. Dans le sac à main d’Ines, les policiers ont découvert une lettre dans laquelle elle prêtait allégeance à l’État islamique ainsi que les clés du véhicule de son père. Deux complices Qui sont les deux autres suspectes arrêtées à Boussy-Saint-Antoine alors qu’elles sortaient d’un immeuble en compagnie d’Ines ? Il s’agit d’Amel S., 39 ans, chez qui Ines logeait ces derniers jours, et de Sarah H., 23 ans. Cette dernière, vêtue d’un voile intégral, était promise à Larossi Abballa, auteur de l’attentat contre deux policiers en juin dernier à Magnanville. Après le décès de celui-ci, Sarah H. s’était rapprochée d’Adel Kermiche, auteur de l’attentat contre un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, en juillet. Sous son lit, à son domicile, les enquêteurs ont découvert un testament écrit de sa main. Jeudi soir aux Mureaux dans les Yvelines, le compagnon de Sarah H. a, lui aussi, été arrêté. Il est connu des services de renseignement pour islamisme radical. Son frère est par ailleurs incarcéré pour ses liens avec Abballa. Le procureur de Paris, qui s’était déjà alarmé « des profils très inquiétants » de certaines jeunes filles parmi les candidats au djihad, a souligné vendredi que Daesh utilisait « non seulement des hommes mais aussi de jeunes femmes, qui font connaissance et nouent leur projet de manière virtuelle ». Au total, 59 femmes ont déjà été inculpées en France pour des faits de terrorisme, sur un total de 280 personnes. [scald=2363758:sdl_editor_representation] Cinq bonbonnes de gaz et trois bouteilles de gasoil retrouvées Enfin, deux autres personnes sont en garde à vue dans ce dossier d’attentat avorté. Il s’agit d’Ornella G. et de son compagnon. Le couple avait été interpellé mardi dans le sud de la France. Un deuxième couple avait été arrêté mercredi mais il a, depuis, été relâché. Enfin, la fille aînée d’Amel « S », âgée de 15 ans seulement, a elle aussi été appréhendée Si Inès, Amel et Sarah semblaient déterminées à commettre un attentat, le mode opératoire choisi par les jeunes femmes laisse les enquêteurs perplexes. En effet, aucun détonateur n’a été retrouvé sur les cinq bonbonnes de gaz et trois bouteilles de gasoil stockées dans le coffre de la Peugeot dépourvue de plaque d’immatriculation et dont les feux de détresse avaient été allumés. Dans le véhicule, les enquêteurs n’ont découvert qu’une cigarette à peine consumée à côté d’une couverture contenant des hydrocarbures. Selon Le Parisien, les trois suspectes ont tenté d’incendier le véhicule stationné à quelques centaines de mètres de la cathédrale avant de quitter les lieux. Elles se sont ensuite éloignées mais, voyant que le feu ne prenait pas, auraient rebroussé chemin. Apercevant ce qu’elle pensait être des policiers en civil, elles auraient finalement capitulé et sont reparties sans être parvenues à enflammer la berline. Bien qu’inexpérimentées et ne maîtrisant visiblement pas le maniement des explosifs, Inès et ses complices fanatiques auraient aussi envisagé, selon la presse française, de confectionner des ceintures ou de projeter une voiture piégée contre un édifice. En marge d’un déplacement à Athènes, le président français François Hollande a souligné qu’« un attentat a été déjoué » et qu’« un groupe a été annihilé, mais il y en a d’autres ».

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