«Retourne au Maroc!»: la phrase qui fait mal au Parlement

Rentrée parlementaire agitée, mais pas pour de bonnes raisons… Le débat sur Caterpillar, jeudi après-midi à la Chambre, a été occulté par un « incident » au centre duquel on retrouve Luk Van Biesen (VLD), en présumé auteur de propos racistes, et Meryame Kitir (SP.A), qui s’en dit victime. [scald=2378457:sdl_editor_representation] On résume, en quatre temps : 1. S’exprimant à la tribune, la cheffe de groupe socialiste flamande juge que le gouvernement fédéral n’opère pas efficacement ni justement après l’annonce de la fermeture à Gosselies, notamment parce qu’il ne s’engage pas à recadrer le régime des prépensions afin que les travailleurs carolos concernés puissent bénéficier, à cet égard, des mêmes conditions que celles offertes il y a deux ans à leurs homologues de Ford Genk. 2. Alors que la socialiste rejoint ses bancs dans l’hémicycle, sous les applaudissements nourris de l’opposition et les protestations de la majorité, Luk Van Biesen lance depuis le groupe VLD : « Si vous n’êtes pas contente, retournez au Maroc ! ». Du moins est-ce là ce que Kristof Calvo (Groen) prétend avoir entendu et dénonce dans une intervention qui crée l’émoi et soulève aussitôt une chaude polémique. La Chambre bouillonne. 3. Le président d’assemblée, Siegfried Bracke (N-VA), prend la parole. Il n’est sûr de rien, juge que de tels propos, s’ils sont avérés, sont indécents, inacceptables et réclame des excuses dans ce cas. 4. Elles viendront, de la part de Luk Van Biesen, blême, qui, en séance comme en coulisses, nie avoir jamais dit cela, mais s’exécute, dit-il, pour celles et ceux qui auraient mal compris, à commencer par Meryame Kitir… Conclusion ? La socialiste flamande ne veut pas en rester là. Elle sollicite le président de la Chambre. Lequel nous expliquera après la séance plénière, que, pour lui, « l’incident est clos ». Son explication : « Le greffier et le greffier adjoint de la Chambre n’ont rien entendu, et le service des Annales parlementaires, que j’ai sollicité et qui a réécouté la bande audio, ne repère rien qui puisse être incriminé ». Siegfried Bracke nous précise : « Par ailleurs, j’ai eu les versions diamétralement opposées de deux députés flamands, qui ne sont pas des élus VLD : le premier m’a dit n’avoir jamais entendu des propos aussi scandaleux depuis qu’il siège au parlement. L’autre soutient, au contraire, que Luk Van Biesen n’a rien dit de grave, qu’on se trompe… Bref, j’en resterai là. » Le président de la Chambre ajoute : « Cela étant, je connais M. Van Biesen, et je peux dire que les propos racistes, ce n’est pas son style et ce n’est pas son opinion ». Luk Van Biesen : « Je ne suis pas raciste » Ce qui n’est pas forcément l’avis de Kristof Calvo (Groen), on l’a dit, ou de Maya Detiège (SP.A), entre autres, qui maintiennent en l’occurrence : le libéral flamand a dérapé, il a eu des propos racistes, il nie, il ment. Un avis partagé, on l’a dit. Suffisamment, en tout cas, pour que le VLD prenne l’affaire au sérieux et se hâte afin de tenter d’éteindre l’incendie. Dans l’après-midi, Gwendolyn Rutten, présidente du parti, et Patrick Dewael, chef de groupe, rédigent un communiqué clair-obscur où l’on peut lire à propos de Luk Van Biesen : « Les mots d’un représentant du peuple sont ceux qui comptent, toujours et partout. Peu importe ce qu’il a voulu dire, son intervention était inappropriée ». Quoi qu’il en soit le parlementaire est « convoqué » en soirée, il est prié de s’expliquer devant l’état-major libéral flamand. Ancien président du VLD, Bart Somers fait part de son indignation sur les réseaux sociaux ; il se dit « honteux ». Dans les couloirs à la Chambre, jeudi après-midi toujours, le bleu du nord, accablé, épuisé, nous assurait : « Je n’ai pas dit cela, je ne suis pas raciste. J’ai dit que les travailleurs de Caterpillar sont très productifs, et que quelle que soit leur nationalité, ils retrouveront un emploi. C’était le sens de mes propos… » Ce qui, avouons-le, n’est pas hyper clair. Ne rassurera pas Meryame Kittir. Et ne lèvera pas toutes les craintes de voir les rudes et légitimes débats de l’heure, politico-sociaux comme on sait, déraper dans le populisme

Votre compte

«Retourne au Maroc!»: la phrase qui fait mal au Parlement

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Politique

Grand format Ces CEO devenu(e)s ministre, vice-président, bourgmestre

Gouvernement fédéral: 40% des membres de la Vivaldi n’ont pas été élus en 2019, un souci démocratique?

Grand format Dans les coulisses du Palais royal

Hadja Lahbib sur la polémique autour de son voyage en Crimée: «C’est inconscient et irresponsable»

Conner Rousseau: «Voter PTB, c’est aider le Vlaams Belang»

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le béluga, récemment extrait de la Seine, est mort lors de son transport vers la Normandie

Variole du singe: une femme contaminée par le virus, une première en Belgique

Sécheresse: comment consommons-nous l’eau au quotidien? (infographies)

Météo: la barre des 30 degrés devrait être franchie ce mercredi, voici les prévisions des prochains jours

Grand format Alarmes: les centrales veulent partager vos images avec la police

Prix du carburant: du changement positif à la pompe ce jeudi pour les automobilistes

Combiner travail et études : voici vos droits et obligations

Voiture de société et grandes vacances : tout ce qu’il faut savoir

Quand la robotisation crée des emplois

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel