La lutte pour l’ancrage belge de Brussels Airlines a commencé

La compagnie aérienne Lufthansa a confirmé ce mercredi son intention d’acquérir les 55 % des actions de Brussels Airlines qu’elle ne détient pas encore. Les négociations vont à présent débuter pour déterminer le prix d’achat et les conditions de ce rachat. Mais il est désormais plus que probable que la plus grande compagnie battant pavillon belge, va devenir allemande. Le pays va donc perdre son porte-drapeau. 1 Est-ce grave pour la Belgique ? Depuis que Lufthansa a pris une participation dans la compagnie belge, on entend très peu le monde politique. Les faits ne semblent pas, à leurs yeux, présenter d’inconvénient majeur. Il faut dire qu’il est de tradition, en Belgique, davantage qu’à l’étranger, de ne pas se battre pour le maintien d’une compagnie nationale sur les tarmacs belges. On se souvient que la Sabena avait été adossée à Air France, puis, de manière désastreuse à Swissair, ce qui avait contribué à la faillite de la compagnie. Et au moment de sauver la Sabena de la débâcle financière, le gouvernement Verhofstadt s’était bien peu intéressé au dossier, suscitant de très nombreuses critiques auprès du personnel de la compagnie. Aujourd’hui, le monde politique ne s’émeut pas publiquement, mais il faut dire que les circonstances sont nettement plus engageantes, Brussels Airlines étant considérée comme saine. Pour autant, même s’il n’y a pas de déclarations tonitruantes, le gouvernement Michel suit l’affaire de très près. « Nous savons que c’est un dossier sensible, et nous suivons l’évolution de la situation depuis plusieurs mois, indique-t-on dans les rangs gouvernementaux. Le Premier ministre, Charles Michel, a d’ailleurs rencontré le patron de la compagnie allemande, et de nouveaux contacts pourraient intervenir ». [scald=2406829:sdl_editor_representation] Il nous revient aussi que le Premier ministre a multiplié les interventions personnelles, ce week-end. La stratégie gouvernementale n’est pas de s’opposer à la vente de la compagnie. « La possibilité, pour la compagnie allemande, de racheter Brussels Airlines existe depuis 2008, bien avant l’arrivée de ce gouvernement. » La stratégie n’est pas davantage que Brussels Airlines soit vendue cher et vilain aux Allemands. « Notre objectif c’est davantage, dans les négociations actuelles, d’obtenir de Lufthansa la garantie d’un ancrage belge le plus fort possible, d’investissements et de créations d’emplois en Belgique. » L’ambiance n’est pas à la panique. « Brussels Airlines à des atouts, notamment son réseau africain et son expertise sur place », dit une autre source gouvernementale. En coulisse, on regrette toutefois que la Belgique s’apprête à perdre un vecteur d’image important à l’étranger. 2 Est-ce grave pour Bruxelles ? La Région bruxelloise est représentée dans le CA de Brussels Airlines via la SRIB, la société générale d’investissement de Bruxelles. À cet égard, le ministre de l’Économie Didier Gosuin (Défi) s’en tient à la position commune défendue par 13 petits actionnaires (dont la SRIB), refusant le rachat du groupe par Lufthansa (Le Soir du 28/9) et craignant pour la survie de la compagnie. Si le ministre ne s’attend pas une diminution du volume d’activités de l’aéroport, la nouvelle pourrait avoir des conséquences en termes d’emplois : « L’ancrage belge n’est plus garanti. Il ne faut pas se faire d’illusion, les grands groupes qui avalent une société belge n’ont pas forcément la sensibilité du pays et donc de l’engagement local. De plus, cela représenterait une perte d’influence incontestable pour la Belgique et pour Bruxelles. » Pour le Bruxellois – qui juge le fédéral très absent dans ce dossier – il existe bel et bien un risque que des liaisons actuelles assurées par l’aéroport disparaissent ou soient modifiées. Didier Gosuin ajoute que la nouvelle pourrait aussi avoir des conséquences en termes d’image. Lufthansa ne s’engage à conserver la marque Brussels Airlines que pour deux ans. « Il y a un risque de ne plus voir le nom Bruxelles voler dans les airs », souligne-t-il. Cela pourrait priver la capitale, qui travaille beaucoup sur son image de marque à l’étranger, d’une belle visibilité. Olivier Willocx, administrateur délégué de Beci (les patrons bruxellois) estime pour sa part que la question du centre de décision est un débat crucial pour la capitale : « Il est important de maintenir un ancrage bruxellois. » 3 Est-ce grave pour Brussels Airport ? Brussels Airlines est, de loin, le premier client de l’aéroport bruxellois, néanmoins situé en Flandre et considéré comme le deuxième pôle économique du pays, juste après le port d’Anvers. La crainte, c’est que ses activités soient scindées et qu’une bonne partie, les vols intra-européens, soit intégrée dans Eurowings, la compagnie low cost de Lufthansa. Son centre de décision est à Düsseldorf. Une nuance qui peut compter dans le choix des destinations, des équipages, des moyens. Dans un deuxième temps, le risque pour l’aéroport toujours « national », c’est de perdre en qualité de l’offre. S’il devient aéroport majoritairement fréquenté par des compagnies low cost, les compagnies traditionnelles auront moins tendance à le fréquenter (pression sur les prix) et les gros joueurs, genre Lufthansa, s’en serviront principalement comme centre de transition pour remplir ses propres gros-porteurs vers les destinations intercontinentales. À termes, donc, la crainte est qu’on ne pourra plus rejoindre la majorité des grandes villes européennes ou l’Amérique et l’Asie en direct depuis Bruxelles. Un manque de connexion dévalorisant pour une capitale de l’Europe.

Votre compte

La lutte pour l’ancrage belge de Brussels Airlines a commencé

Invalid Scald ID.

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Économie

Quatre salariés belges sur dix à la retraite avant 65 ans

Les ministres européens valident (presque) la sortie du moteur thermique

Impôts: avant-dernier jour pour remplir sa déclaration fiscale… version papier

Salmonelle dans des produits Barry Callebaut: l’entreprise va détruire plusieurs centaines de tonnes de chocolat

Le métaverse? Pas avant quinze ans

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Direct Wimbledon: David Goffin et Tiafoe au coude à coude, un set partout (direct)

Guerre en Ukraine : la Russie annonce la prise d’une nouvelle ville clé

Les coulisses de la diplomatie du téléphone entre Macron et Poutine

Direct Tour de France: Van Aert peut-il conserver le maillot jaune? Suivez la troisième étape en direct

Attentat manqué de Villepinte: un projet de loi fait craindre une «amnistie» aux auteurs iraniens de l’attentat manqué

GP de Grande-Bretagne: Guanyu Zhou victime d’un énorme crash dans le premier tour (vidéo)

Le présentéisme structurel est en hausse

De plus en plus de travailleurs belges cumulent deux jobs

Dépliants toutes boîtes : un vrai service à la clientèle

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel