Les vélociraptors reprennent du service
Il y a 22 ans, Steven Spielberg déclenchait une dinomania quasi adoubée par la science. Le réalisateur lançait alors une franchise (plus ou moins) à succès. Le nouveau « Jurassic park » sort demain en Belgique.



Le 11 juin 1993, quand le public américain découvre les dinosaures peuplant le domaine animalier construit sur Isla Nubar, au large du Costa Rica, l’émerveillement est immédiat. Jurassic park fait fort : jamais encore, les Tricératops, T-Rex et autres Brachiosaures n’avaient été montrés avec un tel réalisme. Ils constituent tout bonnement un sommet en matière d’animatronique, soit une combinaison d’animation et de mécanique. Les effets visuels, signés par l’immense et aujourd’hui défunt Stan Winston (Terminator, Edward Scissorhands, The Thing…), Phil Tippett pour l’animation image par image et une petite équipe spécialisée dans les CGI, sont tellement bluffants qu’ils leur valent un Oscar en 1994.
Tourné pour 63 millions de dollars, Jurassic Park en rapporte plus d’un milliard ! Deux hommes sont réellement à la base du film : le romancier Michael Crichton, lui-même réalisateur (Mondwest), décédé en 2008, et Steven Spielberg, à qui Universal avait « imposé » ce long-métrage en échange de La liste de Schindler dont il rêvait depuis longtemps. Le deuxième volet, sous-titré The lost world, sort sur les écrans US le 23 mai 97. Budget : 73 millions de dollars. Bénéfices : près de 619 millions de billets verts. Pour les créatifs de l’équipe, le morceau de bravoure a consisté à accoucher d’un bébé T-Rex plus vrai que nature. Spielberg, lui, s’est fait plaisir, multipliant les clins d’œil, que ce soit au King Kong de Cooper et Schoedsack (1933) ou au Monde perdu de Harry Hoyt (1925).
Le troisième chapitre de cette franchise juteuse comme une côtelette de Brontosaure voit le jour le 18 juillet 2001, cette fois des œuvres de Joe Johnston. Le scénario a été péniblement bouclé, le tournage s’est avéré compliqué et les recettes sont maigrichonnes (369 millions de dollars pour un budget de 93 millions). N’empêche : les Vélociraptors vedettes sont toujours là, les Ptéranodons font leur apparition et, surtout, « ze » création de l’équipe de Stan Winston est cette fois un Spinosaure criant – c’est le cas de le dire – de vérité.
A l’époque de sa sortie, Jurassic par k n’enflamme pas que l’homo sapiens de base. Le film, dans le genre « science-fiction », se veut respectueux de ce que sait alors la paléontologie. Ou, comme le disait dans le Guardian de la semaine dernière François Therrien, spécialiste de la paléoécologie des dinosaures au Royal Tyrrell Museum (Alberta) : « C’est ce qu’on pouvait faire de mieux à l’époque. » Non content d’intéresser la communauté scientifique, il décuple (au moins) l’intérêt que nous éprouvons pour les dinosaures depuis la nuit des temps ou presque. C’est à l’anglais Richard Owen que nous devons le terme « dinosaure », du grec « deinos sauros » signifiant « lézard effroyablement grand ». Nous sommes alors en 1842 : 150 ans plus tard, Jurassic park cartonne ! Et remarche fort bien en 2013… en version 3D, ajoutant 473 millions de dollars à la manne engrangée au départ. À l’époque, les gamins connaissent mieux le Crétacé supérieur que les tables de multiplication ! En 2002, des scientifiques chinois découvrent un genre d’ankylosaure et lui donnent le nom générique de Crichtonsaure ! A la télé, Dinomania devient le titre d’un documentaire diffusé par le National Geographic Channel, imaginé à partir de reconstitutions en 3D de fossiles découverts dans le désert de Gobi…
Le réalisme affiché par l’un des « derniers chefs-d’œuvre du cinéma du 20e siècle » (dixit L’Ecran Fantastique) a pourtant été battu en brèche depuis cette trilogie. Les fameux vélociraptors, par exemple : ils sont désormais supposés être emplumés, non couverts d’écailles. L’erreur viendrait d’une confusion entre deux bestioles, confusion due à l’origine à Michael Crichton lui-même. N’empêche : les raptors jouent un rôle conséquent dans Jurassic world, y apparaissant tels qu’ils étaient en 1993, et « communiquant » même avec leur « dresseur ». Pour les connaisseurs, il y a là de quoi en faire des têtes à claques, façon Jar Jar Binks dans Star wars ! Notez, certains pensent aujourd’hui que même le T-Rex était couvert de plumes… Alors, à l’heure où Hollywood cherche de sous plutôt que des bonnes idées, on comprend que les décideurs y soient moins intéressés par l’exactitude scientifique que par le succès des années 90. Et ont veillé à ne pas faire du plus emblématique des dinos un bête canari. Fit-il 4 mètres…
Invalid Scald ID.
Pour poster un commentaire, merci de vous abonner.
S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir0 Commentaire