Voici comment la suédoise a bouché un «trou» de 3 milliards

La voiture de société est un sujet tabou. Aucun des partis du gouvernement fédéral n’envisage de remettre le système en cause. Mais la suédoise nous a cependant offert une surprise de dernière minute . Taxer les cartes essence D’une part, le gouvernement fédéral a décidé de taxer les cartes essence offertes aux bénéficiaires d’une voiture de société. Objectif : rétablir l’équilibre entre ceux à qui l’employeur offre la voiture et la carte, et ceux qui n’ont que la voiture. Cette nouvelle taxe sera à charge de l’employeur, précise le gouvernement. Si les modalités n’ont pas encore été arrêtées, l’idée qui tient la corde est celle d’un prélèvement forfaitaire, évalué à 250 euros par carte (par an). Pour le reste, le système – très coûteux pour l’État, mais très prisé, puisqu’il offre aux employeurs la possibilité d’offrir un avantage extra-salarial sur lequel on ne prélève pas de cotisations sociales – ne sera pas modifié, jurent les ministres de tous bords. Une touche de mobilité Didier Reynders (MR) a néanmoins réussi à y insérer une touche « mobilité » – une autre surprise du chef. Les bénéficiaires d’une voiture de société pourront demander du cash en échange. L’idée a reçu l’aval de la coalition. Reste à en définir les modalités. « En moyenne, le salaire poche serait de 450 euros net, selon nos calculs », a précisé le vice-Premier et ministre des Affaires étrangères. « Cette possibilité ne sera ouverte qu’à ceux qui disposent déjà d’un véhicule de société », a-t-il ajouté, confiant qu’il aurait aimé que la mesure soit étendue à l’acquisition ou la location d’un logement. « Ce que nous avons voulu avec cette mesure, que je défends depuis longtemps, c’est répondre à des réalités. Je le vois à Bruxelles : bon nombre de jeunes reçoivent une voiture de société, alors que leur préoccupation c’est de payer leur logement. Il y a ceux aussi qui préféreraient prendre les transports en commun vu la congestion automobile. C’est à ces besoins que nous avons voulu répondre », a commenté Didier Reynders. [scald=2425050:sdl_editor_representation] Un pas dans la bonne direction ? Chez Touring, on se réunira demain pour adopter une position après analyse des mesures gouvernementales. Mais l’association voit d’un mauvais œil la taxation de la carte essence. La Febiac, au contraire, a salué « un pas » dans la bonne direction. Pour la Fédération belge de l’automobile et du cycle (Febiac), les mesures gouvernementales concernant la voiture de société auront a priori un double impact. « Il y a d’abord la réduction de la déductibilité de la carte carburant, énonce Joost Kaesemans, directeur de communication à la Febiac. Elle devrait pénaliser l’employeur, mais sera normalement limitée grâce à la réforme de l’impôt sur les sociétés ». L’autre aspect de cette décision gouvernementale « consiste en un pas vers un “budget mobilité”, un package dans lequel l’employé pourra choisir ses modes de mobilité. C’est une idée logique, la Febiac y est favorable à condition que l’argent pris sur le budget de la voiture de société serve bien la mobilité. Pas question de payer son loyer ou son prêt hypothécaire avec cet argent », continue Joost Kaesemans. L’opposition écologiste est beaucoup moins enthousiaste, ne voyant « aucun réel projet politique. Le gouvernement galvaude complètement le terme de réforme. Ce ne sont là que des réformettes dont le seul objectif est de faire des économies et non de développer une vraie vision sur ces thèmes. » Zakia Khattabi, coprésidente, abonde en ce sens : « Ce n’est que du vernis ! » [scald=2425049:sdl_editor_representation] Un pari qui n’est pas gagné Pour le secrétaire général d’Interenvironnement Wallonie, Christophe Schoune, « la mesure ne change rien au rapport du Conseil supérieur des finances qui, en 2009, a établi que la voiture de société constituait un régime fiscal inefficace et inéquitable. Ce système n’est pas juste. Or, ce qui est proposé par la suédoise ne reviendra jamais qu’à troquer le montant moyen représenté par le bénéfice d’une voiture de société contre un salaire poche. Donc à perpétuer un régime fiscal inéquitable. » Certains bénéficiaires de voitures de société seront-ils prêts à accepter un salaire poche en contrepartie de l’abandon de celle-ci ? C’est un pari… qui n’est pas gagné. « Il restera à leur offrir une véritable alternative en matière de mobilité. Or, l’offre de transports en commun étant loin d’être convaincante dès lors qu’on sort de Bruxelles. Enfin, la “liberté de choix” donnée par la suédoise aux bénéficiaires de voitures de société ne suffira pas à améliorer l’environnement ou la santé si de véritables solutions structurelles impliquant tous les acteurs de la mobilité ne sont pas mises en place », estime Christophe Schoune, qui propose, par exemple, de reverser une partie des taxes reprises sur la voiture de société dans le refinancement de la SNCB. [scald=2425047:sdl_editor_representation]

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