Congo: ils n’ont même pas trente ans
Les moins de trente ans n’ont connu que Joseph Kabila. En peu de mots et beaucoup d’actes, il les a fait rêver d’un pays meilleur. Surtout beaucoup de promesses qui rappellent Mobutu.


Ils n’ont pas trente ans et n’ont connu que Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père. En peu de mots et beaucoup d’actes, il les a fait rêver d’un pays meilleur. Un Congo sorti de la guerre, réunifié, modernisé. Une puissance émergente, un géant qui retrouvait sa fierté.
La comédie du pouvoir du temps de Mobutu
Durant plusieurs années, on a pu y croire, à ces promesses. Les résultats étaient visibles, la « révolution de la modernité » n’était pas un vain mot.
Mais voilà que les vieilles habitudes sont revenues, les trucs et ficelles pour rester au pouvoir.
On croit assister à un remake des années Mobutu, mis en œuvre par des spécialistes de l’époque. Avec des pourparlers en coulisses, des grands-messes appelées « dialogue », des enveloppes qui circulent sous la forme de per diem. Des voisins complaisants qui donnent quelques conseils pratiques au nouveau membre du club de ces présidents qui, ne voulant pas quitter le pouvoir, s’entourent de griots, de flatteurs, qui prendront la fuite ou retourneront leur veste au premier coup de grisou.
Ils n’ont pas trente ans, mais leurs pères leur ont raconté la comédie du pouvoir du temps de Mobutu et surtout ils leur ont dit où cela pouvait mener : les révoltes dans la rue, voire les pillages, la répression, inévitablement excessive, meurtrière. Ils savent qu’un jour la révolte sera aveugle et destructrice et qu’elle risque d’anéantir les progrès déjà enregistrés.
Ils n’ont pas trente ans et leurs rêves sont simples : ils veulent du travail, une vie digne, un pouvoir qui ne ment pas, qui ne vole pas. Un pouvoir qui met les deniers du pays, qu’ils soient abondants ou diminués par la crise des matières premières, au service du social, des écoles, des dispensaires.
Système déjà vieilli
Les jeunes Congolais savent, mieux encore que leurs aînés, que tout est lié : la démocratie, le respect de la Constitution, c’est tout simplement le pouvoir de sanctionner ceux dont le capital de confiance s’est érodé, la possibilité de donner à d’autres la chance de faire autrement, mieux si possible. Entre le refus de l’alternance et la corruption, l’impunité des puissants assurés de leur pouvoir et de leur capacité de répression, le lien crève les yeux.
Ils n’ont pas trente ans, mais ils refusent de cautionner un système déjà vieilli, ils disent non et posent des actes collectifs, mènent des manifestations durement réprimées, crient dans les stades à l’issue de chaque match.
Ils posent aussi des actes de courage individuel, à l’instar de ce jeune banquier qui a tout simplement refusé de se compromettre et qui, au nom d’une certaine idée de son pays, de sa famille, de sa dignité, a lancé une torpille au cœur du système. Il faut y voir un signe des temps.
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