Pourquoi j’ai divorcé d’avec Proximus
Un jour, la RTT réincarnée m’a volé mon virement rouge et blanc. Pour les moins de 30 ans, c’est un truc en papier pour payer à la banque.

Je l’ai quittée. Après trente-cinq ans d’amour ininterrompu, malgré quatre déménagements, une expatriation et cinq emplois successifs. Dieu sait que je l’ai aimée. Elle m’a ouvert les portes du monde, permis de découvrir plein de nouveaux amis. Elle m’a appris tant de belles nouvelles, même si elle m’a apporté aussi quelques malheurs. Elle était disponible jour et nuit et sa voix était toujours claire et nette, pas comme ces petites jeunes numériques qui crachotent quand elles babillent.
Le temps du RTT, régie des radio-télégraphe-téléphone
Elle, c’est ma ligne fixe. En fait, quand elle était jeune et belle, elle devait s’obtenir après six mois, parfois neuf (une gestation !) d’attente et de longues démarches dans les files des bureaux de la RTT. Pour les moins de 30 ans, la RTT était un service public (si, si…), la régie des radio-télégraphe-téléphone. Planquée dans des bâtiments de style stalinien-rococo, elle ne délivrait ses services qu’après moult formulaires cachetés et des dizaines de tampons. Puis l’hydre RTT acceptait de vous délivrer une de ses précieuses lignes, à condition que vous payiez cher, méchant et d’avance (la confiance, c’était pas top). La RTT vendait ses premiers répondeurs, de la taille d’une chaîne hi-fi, plus de 25.000 francs (pour les moins de 30 ans, c’était la monnaie avant l’euro) et menaçait les utilisateurs des foudres divines s’ils osaient préférer un de ses répondeurs compacts venu du Japon et vendu vingt fois moins cher et qui « pouvaient gravement perturber le réseau ». C’est sûr que via un fil de cuivre, on pouvait stopper le fonctionnement de Tihange.
Bref, on n’abandonne pas sa ligne fixe après un tel combat. Car en payant chaque mois son écot, on avait l’air de participer un peu à l’épopée de la modernité, ces courageux pionniers posant les câbles au fond des mers et en haut des montagnes au mépris de la tempête rugissante… Même si elle ne me servait plus beaucoup, je ne pouvais pas l’abandonner. Après tout, elle fonctionnait même quand le courant est coupé (pour les moins de 30 ans, c’est le big black-out en plus petit). On n’abandonne pas une vieille copine qu’on a tant aimée… Même quand on 3G, 4G, what’sape, facebooke et twitte à tire-larigot.
Le virement papier, c’est du passé
Et puis l’autre jour je n’ai plus reçu ma facture, mais un « avis de paiement ». Un autre avatar de la novlangue de Proximus. Comme le savent les moins de 30 ans, c’est la petite-fille de la RTT, mais elle est aussi acariâtre, sauf qu’elle a remplacé l’attente au guichet par les 4 saisons de Vivaldi en boucle jusqu’à ce qu’on raccroche pour vivre vraiment. Et qu’elle ne loge plus dans des palais de béton post-communiste, mais dans des boutiques éphémères en carton dans les centres commerciaux.
Avis de paiement donc. Mais, horreur, sans virement papier ! J’ai retourné l’enveloppe cinq fois, pas de virement. Pourtant, je l’aime bien mon virement rouge et blanc. Je le remplis à la sauvette dans le métro, à la cantine, même parfois au bureau (pour les moins de 30 ans, c’est l’ancêtre de l’open space). Et puis je le jette dans la boîte aux lettres de ma banque qui le PAIE (si, si), sans me demander d’entrer M2 puis 87365 divisé par ma date de naissance + l’âge de mon chat dans mon « home banking » (pour les moins de 30 ans, c’est l’ancêtre du paiement par smartphone). Je sais que les virements me coûtent plus cher que le home-phone-domiciliation-etc, mais on s’offre le luxe qu’on peut…
Alors j’ai appelé ma vieille copine RTT, pour lui expliquer que le virement, j’y tenais, que c’était pratique, que je n’avais pas envie de faire la file devant un automate qui me demanderait d’encoder manuellement toutes les données qu’elle pouvait imprimer sur mon virement, vite fait, que je n’aie qu’à signer. Qu’il fallait m’en renvoyer un. Mais je suis tombé sur un robot (c’est pas cher et ça s’use pas) qui m’a dit, que 1. Je n’étais qu’un vieux con. 2. Si j’appelais pour l’absence de virement, voir 1. Que je n’avais qu’à me domicilier, tapez 3. Ou demander des virements vierges à ma banque, taper ailleurs.
Alors j’ai pris ma plus belle plume (pour les moins de 30 ans, l’ancêtre du clavier) pour dire à la RTT-Belgacom-Proximus-vieille sorcière qu’elle pouvait se reprendre sa ligne de cuivre à 12 euros rien que pour être dans mon mur. Et ses pionniers du fond des mers avec. Que cela m’éviterait un virement ou tout autre forme de paiement. Et qu’elle aurait pu passer son temps à tenter de me séduire gentiment (pour les moins de 30 ans, on n’est pas vraiment vieux à 52 piges) plutôt que de m’envoyer des ultimatums acides et des conversations ronéotypées avec un robot. J’ai dépensé un timbre (oui, on ne peut pas rompre son contrat par mail !) mais j’ai gagné 12 euros tous les mois… La vie en 2016 est formidable.
Cet article exclusif du Soir+ vous est proposé gratuitement à la lecture.
Pour poster un commentaire, merci de vous abonner.
S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir17 Commentaires
-
Posté par Pereira David, mardi 1 novembre 2016, 23:37
-
Posté par Boigelot , mardi 1 novembre 2016, 14:53
-
Posté par Lemire Monique, mardi 1 novembre 2016, 8:57
-
Posté par Esser Denis, mardi 1 novembre 2016, 8:26
-
Posté par Bouckhuyt J., mardi 1 novembre 2016, 7:42
Plus de commentairesQuel article ridicule. Les moins de 30 ans par ci les.moins de 30 ans par la... Arrêtez de prendre les jeunes ou moins jeunes de façon condescendante. Il y a pas d'âge! Et faut savoir vivre avec son temps! j'ai la cinquentaîne et je me passe très bien de virements papiers. faites un geste pour la planète au lieu de vous plaindre. De plus vous pouvez résilier par internet. Tout cela est faux.
Je suis très mécontent de la gestion des litiges chez Proximal. J'ai des points premier et mes échanges en minutes gratuites ne fonctionne pas . Ils ponctionnent mes points et me font payer les minutes. Je vais les quitter.
j'ai à un moment donné changé d'opérateur (tout comme je l'ai fait pour mon fournisseur d'électricité d'ailleurs ) et après moultes péripéties des deux côtés je suis revenue chez Proximus ligne fixe (et chez Electrabel) La plupart de mes virements se font par domiciliation et home banking (et j'ai 75 ans !) sans perdre de temps en déplacements et queue à la banque Mais j'ai trouvé votre article amusant et un peu nostalgique
Super!!! Bien vrai. Tous les petits contacts quotidiens disparaissent les uns après les autres.
ne suis plus abonnée chez proximus depuis plusieurs années mais depuis 2 mois reçoit une facture de 0 euro! et chez engie (Electrabel) ils envoient un courrier à leurs abonnés: dernière facture papier que font ceux qui n'ont pas d' ordi (pas forcément parce qu'ils n'en veulent pas mais parce qu'ils ont de gros soucis de vue) c'est bien le numérique mais ça laisse des gens hors circuit!