Quand une galerie d’art de New York s’attaque à la campagne présidentielle
A la galerie White Box de New York, on n’a pas peur du politiquement incorrect. Juan Puntes, son fondateur, s'attaque à la campagne présidentielle.


Quand on rentre dans la petite rue Broome Street, on ne peut pas manquer la galerie d’art White Box. Sur la façade trône fièrement un drapeau irakien dont le noir a été remplacé par les étoiles du drapeau américain. Et juste à côté une grande pancarte annonce: un homme a été lynché hier par la police. Voilà de quoi planter le décor.
Chez White Box, on n’a pas peur du politiquement incorrect. Et ce n’est pas Juan Puntes, l’homme qui a lancé le concept en 1998, qui dira le contraire. Cet exilé espagnol de 65 ans s’est installé aux Etats-Unis après avoir fui le franquisme.
Depuis près d’une vingtaine d’années, il s’est imposé comme une figure incontournable du monde de l’art. Sa galerie était d’ailleurs la première galerie d’art alternatif sans but lucratif à New York. Ces dernières années, il a notamment accueilli chez lui les Pussy Riot ou Ai Weiwei.
Désormais, il s’attaque à la campagne présidentielle américaine et au rapport des Etats-Unis avec le reste du monde avec l’exposition Acts of Sedition, co-organisée avec Raul Zamudio. «On l’avait déjà fait en 2008 pour l’élection d’Obama. Il y a quatre ans, la campagne était moins intéressante. Cette année, c’est différent.» Il suffit de faire quelques pas dans la galerie pour comprendre. Au sol, écrit en grandes lettres et reflétant la lumière, on peut lire: «Grab Them By The Pussy» (attrapez-les par la chatte), une phrase de Donald Trump qui a fait beaucoup de bruit.
Un peu plus loin à gauche, on peut observer une photo d’un morceau de pain représentant la forme des Etats-Unis dont les frontières sont recouvertes de tâches de sang. Sur le mur du fond, une autre provocation, une grande croix catholique dont les contours sont composés de pics. De quoi dénoncer l’extrémisme religieux du pays.
Pourtant, l’homme se défend d’influencer le jeu politique. «L’art ne fait que représenter le monde dans lequel on vit.» Mais les artistes peuvent-ils quand même jouer un rôle dans l’élection ? «Non. Cela a uniquement un impact sur les gens qui rentrent dans la galerie. Ceux qui voulaient voter Hillary Clinton continueront, ceux qui voulaient voter Donald Trump aussi. D’ailleurs, si les gens d’extrême droite voyaient ça, ils diraient que c’est encore un gros tas de fumier d’artistes qui ont fait ça.»
Lui-même ne sait toujours pas s’il se rendra aux urnes le 8 novembre prochain. «Si j’y vais, je voterais Hillary Clinton. Il faut que le nouveau juge de la Cour suprême (NDLR: qui sera désigné par le nouveau président et qui peut faire basculer la majorité au sein de cette institution judiciaire) soit du centre ou de gauche. On ne peut pas prendre le risque de revenir sur des dizaines d’années d’acquis.» Par contre, ce qu’il sait déjà, c’est que le 8 novembre ça sera la fête à sa galerie. Des performances live sont prévues et la célèbre artiste américaine Martha Rosler sera de la partie. L’écran qui diffusera en direct les réactions de Fox News, la chaîne de télévision conservatrice, a même déjà sa place : sur la croix formée de pics.
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