Inculpé dans le dossier parisien, Ayoub Bazarouj réclame 20.000 euros à l’État belge

L’avocat d’Ayoub Bazarouj va déposer plainte contre l’État belge afin d’obtenir pour son client 20.000 euros de dédommagements pour les dégâts occasionnés lors de deux perquisitions menées en novembre et décembre 2015 à son domicile. « Tout a été cassé : les portes, les vitres des fenêtres… Les dégâts sont toujours visibles de l’extérieur : mon client n’a pas l’argent pour effectuer les réparations », explique Yannick De Vlaeminck. « Des centaines de perquisitions ont été menées au cours de ces derniers mois. L’État belge a l’obligation de réparer les dommages causés mais comme les caisses sont vides, il ne le fait pas. Nous verrons s’il réagit à cette mise en demeure ». Trois jours après les attentats de Paris, le 16 novembre, les unités d’intervention de la police fédérale bouclent la rue Delaunoy, à Molenbeek. Une source a en effet signalé la présence au numéro 47 du suspect le plus recherché de France et de Belgique, Salah Abdeslam. Les policiers savent que le seul survivant du commando qui vient de faucher 130 vies à Paris est revenu à Bruxelles. Et qu’il s’y cache probablement toujours. [scald=2449523:sdl_editor_representation] Le sosie de Salah au dernier étage L’information est d’autant prise au sérieux que l’immeuble est occupé par l’une de ces familles molenbeekoises étroitement liées au djihad : les Bazarouj. Pas moins de quatre de ses membres, trois des cinq fils et une fille, ont en effet quitté la Belgique pour la Syrie. C’est Houssein qui, parti le premier, a radicalisé ses frères et les a gagnés à sa cause. En février 2015, l’une des sœurs, Fatima, a elle aussi pris la route de la Syrie en emmenant ses deux enfants. Ayoub, lui, est resté à Molenbeek où il vit avec les membres du clan qui n’ont pas suivi la voie du djihad. Le jour de la perquisition, aucun membre de la famille ne se trouvait dans l’immeuble. Après quelques heures de siège devant des grappes de journalistes belges et étrangers, les équipes d’intervention de la police fédérale sont finalement entrées – et pas forcément en douceur – chez les Bazarouj. [scald=2449520:sdl_editor_representation] Déception : Abdeslam n’y était pas. Ni armes, ni explosifs. Rien. On apprendra par la suite que par la moindre trace de la présence du fugitif n’a été relevée sur les lieux. En réalité, c’est le locataire qui occupait le logement situé au dernier étage de l’habitation qui aurait été aperçu par l’informateur de la police. Un individu dont la ressemblance avec Salah Abdeslam serait effectivement troublante. Bien que surtout connu de la justice pour des faits de vols et de stupéfiants. Bien qu’il se soit toujours défendu de toute radicalisation, Ayoub Bazarouj est placé sur écoute. Le 30 décembre, il est interpellé chaussée de Gand, à deux pas de son lieu de travail, et inculpé dans le dossier des attentats de Paris. Les policiers ont intercepté une conversion téléphonique dans laquelle Ayoub – qui, selon son avocat se savait pourtant surveillé – évoque la fuite de Salah Abdeslam. Il expliquera par la suite qu’il ne s’agissait que d’une plaisanterie. Tandis que les enquêteurs le cuisinent, son domicile fait l’objet d’une nouvelle perquisition. Une dizaine de GSM sont saisis… mais toujours aucune trace d’Abdeslam. À nouveau, Bazarouj clame son innocence. Mais ses fréquentations ne plaident pas en sa faveur. Ayoub est en effet un proche d’Ahmed Dahmani avec qui il pratique la boxe française dans un club bruxellois. Soupçonné d’avoir apporté une aide logistique aux attentats de Paris, Ahmed Dahmani a été arrêté le 21 novembre 2015 à Antalya en Turquie. Quelques mois avant les attentats, il avait été contrôlé en Grèce alors qu’il s’apprêtait à monter dans un ferry à destination de Bari en Italie en compagnie de son ami Salah Abdeslam. Bazarouj ne nie pas connaître Salah Abdeslam et les autres membres du réseau terroriste molenbeekois mais uniquement « de vue ». C’est en tout cas ce qu’il a toujours affirmé. Soupçons levés mais toujours inculpé Le dossier Bazarouj est vide. Trois semaines après son arrestation, la chambre du conseil ordonne sa libération. Malgré l’absence d’indice prouvant son implication dans les attentats de Paris ou la fuite de Salah Abdeslam, il reste inculpé pour participation à une organisation terroriste. Obtiendra-t-il d’office réparation pour le préjudice subi ? Pas certain. Au SPF Justice, on admet qu’il incombe à l’administration de rembourser les frais de réparation des dommages occasionnés lors des perquisitions. On exagérerait à peine en estimant qu’à Molenbeek, la moitié de la population est concernée. Mais, prévient-on, « si la personne fait l’objet d’un verdict de culpabilité ou que des éléments à charge pèsent sur elle, il n’y a aucune raison de la dédommager ». Une condition qui pourrait bien compliquer le travail de son avocat.

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