L’incroyable explosion des microbrasseries

A l’heure où les micro-brasseries envahissent le monde entier, des Etats-Unis au Canada en passant par l’Italie, la Suisse et la France et d’autres pays aux coutumes pourtant peu houblonnées, le Brussels Beer Challenge connaît la même explosion depuis sa naissance, il y a cinq ans. Depuis le début du concours à Bruxelles en 2012, les brasseries américains et belges se livrent un combat par mousses interposées. Les professionnels du pays gagnent (de peu) la bataille du nombre puisque les brasseries belges seront 255, contre 212 pour les américaines. Mais à l’image de ce qui se brasse sur le terrain des nouveaux pays de la bière, il y aura aussi un challenger pas du tout anodin. Un pays qui pointe de plus en plus son nez dans cet univers. L’Italie viticole est devenue brassicole, avec des professionnels qui offrent des produits de haute qualité gustative et d’une grande variété. En 2015, les statistiques italiennes dévoilent la présence de… 915 brasseries alors qu’il n’y en avait que 256 en 2009 ! Durant ce laps de temps, la France est passée de 332 à 663 brasseries, les Pays-Bas de 117 à 401, la Grande-Bretagne de 745 à 1.424, les Etats-Unis de 1.596 à 4.225 ! Et même la Norvège, passant de 22 à 196 brasseries. En Allemagne, elles ne sont passées que de 1.331 à 1.388. Les bières, généralement peu alcoolisées, s’y consomment en large quantité, mais les nouveaux types de boissons s’y imposent difficilement. [scald=2451177:sdl_editor_representation] Et la Belgique ? Les choses ont elles aussi bougé, mais de façon moins virulente, puisque notre pays compte environ 200 brasseries pour 127 en 2009. Il y a certes une évolution, mais elle reste encore timorée en regard de nos voisins, où l’on peut parler de révolution. Un renouveau belge L’attrait de plus en plus vif pour des produits typés et conçus près de chez soi explique largement ce changement dans le paysage brassicole. Ceci dit, un nombre élevé de brasseries ne signifie pas nécessairement une production en hausse phénoménale, côté quantité. Chez nos voisins aussi, on parle souvent de petites unités de production. Certes, il y a depuis une petite dizaine d’années un réel renouveau en Belgique. Il trouve sa force dans l’âme de passionnés qui veulent créer leur propre bière pour la distribuer sur un marché essentiellement régional. Mais pour d’autres, un développement réel existe via l’exportation, qui se situe à 62 % de la production nationale, soit une hausse de 8 % par rapport à 2014. Elément significatif dans ce changement de cap, le numéro mondial AB-Inbev a senti (tardivement) le vent tourner. Dans sa gamme des « Leffe » », le groupe belgo-brésilien a créé des bières plus houblonnées, pour répondre à la mode des bières IPA (Indian Pale Ale, à l’amertume prononcée). Puis il vient de racheter les brasseries Bosteels (Kwak, Triple Karmeliet, Deus) et la bière bio Ginette, pour se positionner sur ces marchés prisés des spéciales. Les Belges, moins buveurs... en apparence Ceci dit, exporter est de plus en plus impératif, car l’air de rien, on boit de moins en moins de bières en Belgique, même si les statistiques tronquent partiellement la réalité des choses. En effet, si on boit moins de pils, la bière légère de grande consommation, on boit plus de spéciales au sens large. Il est dès lors logique que l’on en boive moins en quantité, vu la teneur en alcool. Or, les statistiques brassicoles parlent toujours de litres consommés par habitant, peu importe le taux d’alcool. Les Belges perdent donc du terrain. Alors qu’on était dans le tiercé de tête voici 30 ans, on se retrouve avec 71 litres/an/habitant derrière une douzaine de pays, en ne comptant que les Européens. Bulgarie, Estonie, Slovénie, Lettonie, Croatie, etc., sont devant. Avec toujours la Tchéquie largement en tête avec 144 litres et l’Allemagne avec 107 litres. Plus inquiétant pour l’économie brassicole belge est la tendance à l’exportation de certains nouveaux pays, comme les Etats-Unis dont les « craft breweries », des petites brasseries indépendantes, commencent à se faire une place sur certains nouveaux marchés.

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