L’avenir radieux de Barack et Michelle Obama

Ses cheveux ont blanchi, trahissant un vieillissement accéléré à l’épreuve du pouvoir. Mais Barack Obama ne redoute pas une seconde sa future nouvelle vie, celle qui commencera le 20 janvier 2017 après la passation de son pouvoir à son successeur. S’avouant fatigué, il annonçait en juin à l’animateur de NBC Jimmy Fallon qu’après « huit hivers à Washington », lui et sa femme Michelle iraient « se reposer un peu au soleil » pour commencer, laissant enfler les rumeurs de mémoires présidentiels en cours de négociations avec de grands éditeurs. Ce n’est cependant pas le soleil de Hawaii, mais celui de la Californie du Nord que le 44e président de l’histoire des Etats-Unis pourrait voir prochainement. A 55 ans, Obama n’a jamais fait mystère de sa passion pour les nouvelles technologies, et la Silicon Valley, en bordure de San Francisco, le lui rend bien. En huit ans de mandat, il a toujours plaidé pour les innovations les plus prometteuses et les plus révolutionnaires, depuis les champs de panneaux solaires aux batteries automobiles inépuisables, en passant par les voitures sans conducteur, voire à la conquête de l’espace relancée par l’exploration humaine de Mars à l’horizon 2030. Il a créé le poste de directeur fédéral des Technologies, dès son premier jour à la Maison-Blanche, encouragé le financement des start-up et favorisé la délivrance de visas pour les investisseurs étrangers. « Je suis un nerd (féru de technologie) et je l’assume », assurait-il en octobre lors d’une visite à l’université de Pittsburgh (Pennsylvanie), après avoir piloté virtuellement une navette jusqu’à la station spatiale internationale sur un simulateur de vol. Et le magazine geek Wired lui a confié les clés de la rédaction en chef le temps d’un numéro, celui de novembre, tout juste sorti en kiosque. Le titre de son éditorial ? « Le moment le plus extraordinaire d’exister est arrivé ». « La porte lui est grande ouverte » Barack Obama est heureux de passer à autre chose. Doux euphémisme. Les projets ne manquent certes pas pour le Potus (President of the United States) sortant, entre une Fondation Obama, des discours généreusement rémunérés aux quatre coins de la planète, la défense du Plan Climat, les projets de romans, de rachat d’une franchise NBA de basketball – le sport de prédilection de ce supporter des Chicago Bulls – et la vie dans les faubourgs huppés de Kalorama, à Washington, pour accompagner les deux dernières années de lycée de sa fille cadette Sasha, âgée de 15 ans. « Mais cela ne m’étonnerait pas que la Silicon Valley occupe une place de choix dans l’après-présidence », glisse Steve Case, fondateur de la firme AOL. Premier indice, ses conseillers ont enchaîné dix allers-retours à San Francisco durant l’année écoulée, sans doute pour baliser le terrain, révèle le New York Times. Les anciens de son premier cercle, les vétérans de la campagne triomphale de 2008, ont servi d’éclaireurs : le sorcier des statistiques David Plouffe travaille chez Uber, tout comme Matt McKenna, un ancien porte-parole du président Bill Clinton. Dan Pfeiffer, l’expert ès communication, a rejoint GoFundMe. Lisa Jackson, passée par l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA), a rallié Apple. D’autres se sont reconvertis chez AirBnB ou SpaceX, le constructeur de fusées spatiales imaginé par Elon Musk, comme Phil Larson, ex-directeur du Département pour la science et la technologie (OSTP). [scald=2451656:sdl_editor_representation] La plupart des PDG de ces start-up florissantes, devenues pour certaines de prospères entreprises, émargent au rayon des grands donateurs de l’administration Obama, à l’instar de Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn. Des grands noms de la technosphère ont pour leur part fait le chemin en sens inverse, à l’image de Megan Smith, ancienne de Google devenue directrice des Technologies, ou de Kurt DelBene, passé de Microsoft à la gestion du site internet de l’Obamacare, Healthcare.gov. Avec tant de passerelles, le locataire actuel de la Maison-Blanche dispose de l’embarras du choix. Quelle piste privilégiera-t-il ? Il a confié vouloir devenir un « VC (venture capitalist, prononcer “vici”, NDLR) », entendez un mécène prêt à investir dans les idées les plus excitantes, à financer le Facebook, SpaceX, Tesla ou Twitter de demain. « Je pense qu’il va consacrer une partie significative de son temps à faire coïncider les ressources, les idées, le potentiel discernés dans la Silicon Valley et les causes qu’il va décider de promouvoir », prédit Reid Hoffmann. « La porte lui est grande ouverte, assure au Times Sam Altman, à la tête d’un accélérateur de start-up dans la Silicon Valley, Y Combinator. Nous serions ravis de l’embaucher, et de lui donner sa chance ! » [scald=2451655:sdl_editor_representation] Plutôt que le désœuvrement, c’est le surmenage qui guette le dynamique quinquagénaire, tandis que les spéculations se poursuivent sur une éventuelle entrée en politique pour Michelle, remarquée pour ses époustouflantes interventions publiques au bénéfice de Hillary Clinton. Réfutant sèchement une telle reconversion, la brillante avocate de Chicago possède une plume encore plus prometteuse, dit-on, que son mari. « La surprise Michelle » « Attendez de voir la surprise Michelle », sourit Sandra Dijkstra, agent littéraire basé à San Diego. « Elle pourra écrire ce qu’elle veut », ajoute George Borchardt, un de ses pairs à New York, à cause de sa renommée mondiale, remarquable et rare pour une future ex-First Lady. « Elle pourra faire ce qu’elle veut, renchérit Gloria Steinem, une militante féministe, dans une tribune publiée par le New York Times. Devenir une sénatrice de l’Illinois, faire campagne pour l’éducation et la protection des jeunes filles dans le monde. Elle pourra aussi décider de s’en tenir à sa vie privée. Quoi qu’elle choisisse, je lui fais confiance. Je n’ai pas connu Eleanor et Franklin D. Roosevelt, mais je n’ai jamais vu autant d’équilibre, d’égalité parentale, d’amour, de respect entre deux conjoints. Michelle Obama a changé l’histoire de la manière la plus puissante qui soit ! » Stimulés intellectuellement et encensés dans l’opinion, visiblement ravis de changer de vie, les époux Obama n’ont aucun souci à se faire sur le plan matériel. Il se murmure que Barack pourrait signer un contrat littéraire situé entre 10 et 30 millions de dollars, dans l’éventualité de mémoires présidentiels en deux volumes. [scald=2451657:sdl_editor_representation] Toutes ces opportunités devraient leur permettre d’assumer sans aucun souci le loyer mensuel de 22.000 dollars du neuf-pièces de Kalorama, les vacances régulières à Hawaii, sur le sol natal de Barack Obama, voire d’acheter enfin cette résidence secondaire dont ils rêvent sur une autre île, Martha’s Vineyard, au large de Cape Cod (Massachusetts). Et les voyages incessants. C’est peut-être le seul regret du futur retraité des affaires publiques : les adieux à son précieux et confortable Boeing présidentiel Air Force One, et l’obligation « d’enlever ses chaussures à l’aéroport » !

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