MicroStart compte tripler son volume de microcrédits

Va-t-on bientôt pouvoir contracter un microcrédit directement au guichet d’une banque ou d’un secrétariat social ? Si le spécialiste belge du microcrédit professionnel MicroStart parvient à mettre en oeuvre sa stratégie de développement, c’est fort probable… Patrick Sapy, le CEO de MicroStart, a débarqué à Bruxelles en 2010, en provenance de l’ADIE française (Association pour le Droit à l’initiative économique), avec une vision conquérante du microcrédit, qui tranche dans une économie sociale où « croissance » est encore souvent un vilain mot. Au niveau de ses « parrains », MicroStart aime aussi brouiller les pistes puisque la coopérative à finalité sociale est soutenue par BNP Paribas Fortis et AG Insurance, pas vraiment des asbl. Son patron est maintenant prêt à déconcerter encore un peu plus le petit monde de la microfinance. « Oui, j’ai de l’ambition pour le microcrédit », reconnaît d’emblée Patrick Sapy. « Mon idée est de démontrer qu’un organisme de microcrédit n’est pas une banque des pauvres, mais un sas d’entrée vers les circuits bancaires classiques. » MicroStart se voit comme l’une des solutions pour palier une aversion au risque des banque qui ne se limite plus aux créateurs d’entreprise sans fonds propres mais à des indépendants et micro-entreprises qui ont déjà un historique derrière eux. Horeca et petits commerces sont sur la liste noire. Si en plus, l’entrepreneur est actif dans les quartiers les plus bigarrés où l’économie « informelle » est omniprésente… Le vivier d’entrepreneurs exclus du crédit bancaire paraît intarissable. Pour faire face « à la hausse constante de demandes de microcrédit », MicroStart a levé récemment 1,6 million d’euros. Auprès de ses soutiens historiques, mais aussi du secrétariat social Partena Professionnal, qui vient d’entrer au capital. De l’apport capitalistique à la collaboration opérationnelle, il n’y a qu’un pas, que Patrick Sapy franchit avec une certaine prudence. « Nous allons tester une offre “co-brandée” MicroStart-Partena dans un certain nombre de guichets d’entreprise du Hainaut. » Le CEO ne cache pas non plus sa volonté de développer un processus intégré dans des agences de son partenaire BNP Paribas Fortis. « L’idée est d’aller bien au-delà de la distribution d’un flyer. Plutôt que de refuser le crédit à un entrepreneur, le banquier pourrait l’aiguiller vers une alternative concrète. » MicroStart est liée à BNP par une exclusivité jusqu’en 2020, mais n’exclut pas d’étendre la collaboration à d’autres banques par la suite. « Si nous voulons continuer à répondre à la demande, nous n’avons pas d’autre choix que de nous appuyer sur des réseaux partenaires. Vu l’investissement humain qu’il demande, dans l’accueil et l’accompagnement, le microcrédit peut difficilement être rentable. Et nous voulons absolument conserver cet aspect humain, avec le concours de nos 150 bénévoles. » Le défi que s’est lancé Microstart est en fait de démontrer que le microcrédit peut être une activité qui s’autofinance. L’entreprise n’affiche que 2 % de pertes finales sur l’ensemble de ses dossiers de crédit. Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, elle reconnaît qu’elle boirait la tasse sans les garanties, publiques, du Fonds européen d’investissement (dépendant de la BEI). [scald=2457252:sdl_editor_representation] « Notre augmentation de capital va également nous servir à lancer et tester des prêts jusqu’à 25.000 euros (contre 15.000 de plafond actuel) pour des entrepreneurs déjà en activité mais qui n’ont pas accès au crédit bancaire. » Des prêts théoriquement un peu plus « rentables ». MicroStart accorde actuellement environ 1.000 microcrédits par an, son encours tourne autour de 10 millions d’euros. En guise de comparaison, l’encours cumulé pour les microcrédits professionnels, fin 2014, de Microstart, Crédal et Brusoc tournait autour de 9 millions d’euros. « Notre ambition est de doubler le nombre de microcrédits assez rapidement et de tripler notre encours d’ici 2020. » Le microcrédit aussi par le « crowd » Depuis cet été, MicroStart expérimente le prêt participatif « micro » (à partir de 10 euros par prêteur, entre 200 et 5.000 euros par crédit), majoritairement dans le commerce. Deux projets belges figurent actuellement sur Babyloan.org, la plateforme française partenaire. D’ici la fin de l’année, MicroStart espère récolter 100.000 euros pour divers projets via cette voie. Microstart en quelques chiffres 27 27 collaborateurs dans 5 agences. 3.000 3.000 crédits octroyés depuis 2010. 7.500 Montant moyen : 7.500 euros. 20 % 2 demandes sur 10 sont acceptées. 10 % Taux d’intérêt : 10% (incluant un accompagnement). 42 % 42% des crédits sont accordés à des « starters » 80 % 80% des clients sous le seuil de pauvreté.

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