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Dans une église à Harlem: «Les fidèles étaient plus excités par Obama»

A deux jours du vote, le marathon de New York a plus fait parler de lui que les candidats.

- Temps de lecture: 3 min

A Harlem, plus encore que nulle part ailleurs à New York, le dimanche matin est sacré. Dans ce quartier à large majorité afro-américaine, les églises se comptent par dizaines. Ce dimanche, le rituel a été quelque peu perturbé par le marathon de la ville. De nombreuses rues ont dû être fermées à la circulation. «  Quoi ? Je ne peux pas tourner à droite ? Et comment vont faire les personnes âgées pour se rendre à la messe ? Vous y avez pensé à ça ? », s’énerve sur un policier un homme noir.

© Tom Jenné
© Tom Jenné -

A la Harlem Church of Christ, la cérémonie commence devant une audience clairsemée. Une cinquantaine de fidèles, tous Afro-Américains, et trois touristes blancs positionnés à l’avant-dernier rang pour ne pas perturber les habitués. Ici pas de chorale gospel à proprement parler mais le lieu est unique en son genre. A l’entrée, on retrouve un videur, comme en boîte de nuit. Sur scène, un seul chanteur, repris en chœur par toute l’assemblée. Mais le vrai spectacle se trouve ailleurs. A côté du projecteur, le ministre du culte, le Dr O.J. Shabazz, se lance dans des prêches enflammés. « Toutes les semaines vous arrivez en retard à la messe. Je parie que tous les jours vous arrivez à l’heure au travail. Pourquoi ? Quand vous venez prier, il faut encore être plus excellent que partout ailleurs. Les cadeaux de Dieu sont plus importants que tout  », crie-t-il dans le micro en gesticulant dans tous les sens visant directement la centaine de fidèles arrivés en retard, certains avec plus d’une demi-heure. Apparemment, le marathon de New York n’explique pas tout.

One-man-show

© Tom Jenné
© Tom Jenné -

L’homme livre un vrai one-man-show pendant près de deux heures alternant les sermons religieux et les blagues. « Quand je recherche un job, je dépose ma candidature pour un poste de management. Car, moi, je suis surtout bon pour dire aux autres ce qu’ils doivent faire. C’est ça être un manager  ». Fou rire garanti auprès de fidèles plutôt défavorisés. Même si on se trouve à deux jours de l’élection présidentielle, il ne prononcera pas une seule fois le nom de Clinton ou de Trump. En préambule de son intervention, il s’est contenté d’un : «  Aujourd’hui, nous prions pour notre pays. Nous prions pour les élections qui arrivent. Nous prions pour que les Etats-Unis deviennent un endroit meilleur que ce qu’ils ne sont  ».

«  C’est normal, on n’est pas ici pour parler de politique mais pour parler de Dieu », nous explique Tom, un des prêtres qui assiste le Dr O.J. Shabazz. Il accepte néanmoins d’analyser la situation pour nous. «  Les fidèles étaient plus excités par l’élection d’Obama. Il avait représenté beaucoup d’espoir mais le Congrès l’a empêché de faire ce qu’il voulait. Il a quand même réalisé de grandes choses. L’Obamacare n’est pas parfait, mais c’est bien meilleur que ce qu’on avait avant  ».

En déambulant dans les rues de Harlem, on tombe d’ailleurs sur une vieille affiche d’Obama collée sur une fenêtre. Le mot « espoir » y est écrit en grand. Un espoir qui ne semble plus vraiment incarné aujourd’hui.

 

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