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Ce que fait vraiment Pieter De Crem

Le président de la N-VA juge inutile le secrétariat d’Etat au Commerce extérieur. Pour lui, il s’agit d’une compétence régionale. Il se demande d’ailleurs « ce que fait vraiment » Pieter De Crem…

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Lors de la formation du gouvernement en octobre dernier, les trois partis flamands de la suédoise ont dû se partager huit portefeuilles ministériels, et le CD&V n’en a obtenu que deux. Il a donc veillé à décrocher, aussi, un secrétariat d’Etat (sur 4) pour son ex-vice Premier Pieter De Crem. Mais celui-ci a dû se contenter du seul Commerce extérieur, sous la tutelle de son vice-Premier Kris Peeters. Pas nécessairement de quoi surcharger son agenda… D’ailleurs, traditionnellement, le commerce extérieur relevait d’un ministre, comme celui des Affaires étrangères, déjà bien occupé.

Le poste de De Crem remis en cause

Tout cela, la N-VA et son président le savaient et l’ont approuvé. Et pourtant, depuis New York où il participe au « World Cities Summit Mayors Forum » (Forum des bourgmestres du sommet des villes mondiales), Bart De Wever a lancé une lourde charge contre le secrétaire d’Etat Pieter De Crem, lors d’une réunion avec la chambre de commerce belgo-américaine : il a tout bonnement remis en cause l’utilité de son poste, rapporte Het Laatste Nieuws.

« Nous avons un secrétaire d’Etat fédéral au Commerce extérieur, a-t-il déclaré. Ce qu’il fait vraiment ? Je me le demande, et je ne suis pas le seul : comment remplit-il ses journées ? » Profitant de l’attaque pour rappeler que, selon lui, le commerce extérieur est une compétence régionale et que le portefeuille fédéral est donc inutile. Tout en ajoutant : « Je suis un partenaire loyal de la majorité, que j’ai moi-même contribué à créer. De Crem a cette compétence et la remplit, mais le fédéralisme belge n’a pas réussi à cet égard comme dans beaucoup d’autres domaines. » Le processus est connu et le discours éculé : De Wever tacle un partenaire (de préférence le CD&V), puis dit qu’il est loyal à l’accord de gouvernement, mais en profite pour glisser que le fédéralisme belge ne fonctionne pas ou pas correctement.

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Au CD&V, on n’apprécie pas. « Bart De Wever a commencé par dire que Pieter De Crem était son ami, nous glisse un démocrate chrétien. S’il traite comme ça ses amis, on se demande comment il traite ses ennemis… » Et encore : « Bart De Wever a participé à la formation du gouvernement et est partenaire de cette coalition. Il a approuvé la répartition de compétences. Ce n’est pas très collégial. Il reproche aux autres de créer des problèmes au gouvernement (il avait déclaré : « Au gouvernement, le problème, c’est le CD&V », NDLR), et ici, c’est lui qui en crée. »

Des propos « inappropriés »

Le président du parti, Wouter Beke, a tenu à réagir. Qualifiant d’« inappropriés » les propos de De Wever. « Il y a eu un accord sur les compétences et il n’y a pas à y revenir en cours de route, nous explique son porte-parole. La priorité du gouvernement est de créer des emplois et Pieter De Crem joue son rôle à cet égard en ce qui concerne les exportations. Il est d’ailleurs ce mardi en Bulgarie et se rendra ensuite en Hongrie avec des hommes d’affaires. Il remplit utilement son agenda, une partie du commerce extérieur étant encore une compétence fédérale, et mérite donc des applaudissements, pas ces critiques. »

Au cabinet du secrétaire d’Etat, c’est en brandissant l’agenda que l’on répond à l’attaque nationaliste : « Pieter De Crem était lundi à Paris avec “Agoria Sports Club” pour introduire les organisateurs des championnats 2016, explique son porte-parole. Ce mardi, il est à Sofia, où il déjeunera ce mercredi avec une trentaine d’entreprises belges, visitera deux entreprises, rencontrera quatre ministres à la demande de sociétés qui ont un dossier qui coince ou sont intéressées par un projet, et participera à un dîner de gala avec une soixantaine de personnes, dont des sociétés mais aussi des ministres et des personnes de l’entourage du président. A Budapest, il inaugurera la nouvelle Chambre de commerce, rencontrera des politiques et visitera deux sociétés. Cela démontre déjà qu’il remplit bien ses journées ! »

« Le meilleur vendeur de la SA Belgique »

Et pour asseoir la démonstration, le cabinet du secrétaire d’Etat ajoute que, d’octobre à fin juin (prochaine visite d’Etat en Chine comprise), Pieter De Crem aura effectué 15 missions économiques (royale, princières ou à titre individuel). « Et en Belgique, il reçoit des délégations étrangères, a des contacts avec différentes fédérations pour voir ce qui vit dans le monde des entreprises… Il est donc très actif. » Sans exclure les Régions : « Il a toujours une approche inclusive, pas en compétition avec les Régions, qu’il informe de ses déplacements, celles-ci étant les bienvenues. » Quant à savoir pourquoi Pieter De Crem a cette compétence unique : « Cela montre l’importance du commerce extérieur pour l’économie belge, l’une des plus ouvertes du monde, et l’importance que le gouvernement y attache. »

Pieter De Crem veut quant à lui être « le meilleur vendeur de la SA Belgique », « l’interlocuteur privilégié pour les entreprises qui veulent exporter » et « les assister au maximum », comme il l’a déclaré récemment au Standaard. Mais il n’est pas seul sur ce terrain, puisque Kris Peeters le foule aussi, comme le Premier ministre Charles Michel, qui veut assumer un rôle de « représentant de commerce de la Belgique à l’étranger ».

 

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