L’expert: «Je suis dubitatif sur la formule choisie»
Georges Hübner est professeur de finances à l’ULG (Hec – Management school) et titulaire de la chaire Deloitte. En avril 2014, il s’est fendu d’une carte blanche (écrite avec deux autres personnes) intitulée « Éducation financière, un pavé de bonnes intentions », suite à l’évocation de l’éducation financière par le milieu politique, sous la ministre de l’époque, Marie-Martine Schyns (CDH).
Je suis dubitatif. Il suffit de voir à quel point le personnel politique est inculte sur les questions financières. Alors, dans le reste de la population ? Je ne pense pas que le corps professoral dans l’enseignement obligatoire ait l’objectivité et les connaissances nécessaires pour donner ce cours. Je n’ai personnellement pas envie que mes enfants soient formés à la finance par des gens qui n’y connaissent rien. C’est le risque si on choisit cette formule modulaire. Je ne vois en revanche pas d’objection en ce qui concerne la consommation responsable.
Tout à fait ! Ce cours ne devrait pas forcément avoir lieu toutes les années. Je le verrais plutôt en fin de cursus secondaire, au moment où les ados deviennent de jeunes adultes. Ce cours ne devrait pas être une option. Quand je vois le niveau de connaissances des étudiants qui arrivent dans le supérieur, cela fait parfois frémir.
Oui ! L’individu doit être confronté le plus tôt possible à une prise de conscience sur la manière de gérer ses dépenses et ses recettes, sur les risques qui découlent d’un investissement. Ce serait sain et opportun que l’école s’empare de cette matière. Il y a trop d’adultes qui se désintéressent de la question car ils sont eux-mêmes ignorants ! Beaucoup de parents ne sont pas éduqués sur ces enjeux, donc l’enfant ne trouve pas forcément de réponse au sein de la cellule familiale.
Je suis persuadé qu’une société composée d’individus avec une base saine en matière de finances apporterait un surcroît de bien-être. L’investissement en vaut la chandelle ! Ce serait tellement apprécié que nos jeunes aient une bonne compréhension des enjeux liés ne serait-ce qu’à leur propre patrimoine, à leurs actifs et leurs passifs, au coût social que cela peut engendrer pour la collectivité.
Ces outils sont très bien. Mais c’est une goutte d’eau dans l’océan.
Je pense qu’il faut augmenter l’offre de cours d’économie donnés par des profs d’économie. Et, au sein de ces cohortes d’enseignants, il faut veiller à ce que la formation en finance soit suffisante. La finance est tellement connotée par des gens qui n’y connaissent rien ! J’entends parler de taxe sur la spéculation partout, sait-on seulement que la spéculation apporte énormément d’informations sur le marché économique et a donc un potentiel d’efficacité important ?
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