Wissant, capitale européenne du kitesurf

Un mercredi de novembre, à Wissant, à la Côte d’Opale. Sur la plage, entre le cap Blanc Nez et son jumeau du Gris Nez, un vent puissant souffle, donnant aux promeneurs l’impression que le thermomètre affiche bien moins que les 14º indiqués. Aux prises avec des vagues élevées et énergiques, l’eau de la mer, elle, atteint péniblement 13º. Pas de quoi attirer les foules. Les commerçants de la commune et de la digue l’ont d’ailleurs bien compris car ils sont rares à ouvrir leurs portes en cette période de l’année. [scald=2470367:sdl_editor_representation] Sur le coup de 14 heures, pourtant, les petits parkings faisant face à la mer commencent à être pris d’assaut. Fourgonnettes, breaks et autres SUV débarquent. L’émotion et l’excitation sont perceptibles. A même les graviers et à la vue de tous, les hommes, majoritairement d’âge mûr, parfois accompagnés de leur fils, se déshabillent et enfilent leur combinaison. Puis ils sortent leur matériel du véhicule. Une aile dont la taille dépend du poids du pratiquant, un harnais, des fils et une planche. Leur passion ? Le kitesurf. « On vient prendre le bon air, sourit Olivier, venu avec son fils Maxime. Ce qui est génial, c’est qu’il y a du vent toute l’année ici. L’entonnoir naturel créé par les deux caps engendre un effet Venturi qui accélère le vent en l’amenant sur la plage de Wissant. Dans les années 80-90, c’était le paradis des véliplanchistes. Ils sont désormais remplacés par les kitesurfeurs qui peuvent naviguer même quand il y a moins de vent. Je suis moi-même un ancien véliplanchiste. Comme beaucoup, j’ai craqué pour le kitesurf qui est plus facile et moins physique que la planche. » Maîtriser le vent En quelques minutes à peine, malgré le froid et le fait que l’on soit en pleine semaine, la place s’est remplie. Plus d’une vingtaine d’adeptes se sont mis à l’eau et tentent de maîtriser le vent avec plus ou moins de chance ou de talent. C’est un véritable ballet de couleurs qui se joue dans les airs. « Sur le bureau de mon ordinateur, l’application de Météo France est toujours allumée, s’amuse Guillaume, venu de Lille. Je pratique une profession libérale et dès que je vois une ouverture pour venir naviguer, je m’arrange pour ne pas prendre de rendez-vous et je saute dans ma voiture pour venir me mettre à l’eau. Actuellement, c’est très agréable car il n’y a pas trop de monde. En été, par contre, ça peut être dangereux. La plage est pleine et il y a beaucoup de débutants. Ça peut être dangereux car les ailes s’emmêlent parfois, les fils sont mal tendus ou les gens contrôlent mal leur aile. Il y a des accidents. Je conseille aux débutants de commencer par un stage d’une semaine. Même nous, les expérimentés, nous sommes toujours deux : pour la sécurité et pour s’équiper avant de se lancer. » [scald=2470362:sdl_editor_representation] En pleine saison, les kitsurfers d’un peu partout se retrouvent sur les vagues de la petite station balnéaire de la Côte d’Opale. Ils viennent des quatre coins de France mais aussi de Belgique, des Pays-Bas et d’Allemagne, voire de plus loin encore. Parmi eux, le Bruxellois Eric Sermon et son fils Tim. « J’ai 50 ans et je viens à Wissant depuis mes 18 ans, explique-t-il. Au point que j’ai acheté un appartement sur la digue. J’ai voyagé beaucoup mais c’est là l’idéal pour naviguer. Pour nous, les surfers, ce sport procure les mêmes sensations que celui du détroit de Tarifa qui est aussi très réputé. Il y a beaucoup de courant grâce aux marées, le vent y est idéal et le climat est plus authentique qu’à la côte belge. D’ailleurs, les Belges sont de plus en nombreux à venir à Wissant. A mes débuts, c’était un no man’s land, maintenant, c’est un vrai petit Saint-Tropez. » [scald=2470363:sdl_editor_representation] L’importance de l’encadrement Ce que ne dément pas Jean-Marie Ball, le chargé de communication de la mairie de Wissant. « L’affluence liée au kitesurf génère assurément une activité économique importante, difficilement quantifiable en tant que telle, commente-t-il. Cela impose à la commune, en relation avec l’Office de tourisme, de promouvoir et d’encadrer ces pratiques sportives. Un souci particulier est apporté à la sécurité. Par ailleurs, dans le cadre du réaménagement prochain du terrain de la Blanche Dune, l’accompagnement de toutes les pratiques, dont le kitesurf, sera un objectif prioritaire. » « La baie de Wissant est grande, poursuit Jean-Marie Ball, mais en période de grande affluence, elle peut devenir encombrée même sur l’eau, cependant la pratique du kite se fait dans des conditions météo qui ne coïncident pas avec les plus grandes fréquentations de baigneurs. » Quant au stationnement, le kite n’est pas spécialement problématique car « le matériel mis en œuvre est léger et les stationnements sur le parking des camping-cars et le long de la D940 sont en règle générale très suffisants ». [scald=2470365:sdl_editor_representation] La seule note un brin négative viendra finalement des commerçants locaux représentés par le patron de l’hôtel Normandy. « Les surfers ne nous apportent rien car ils vivent la plupart dans leurs camping-cars et ne mangent pas dans les restaurants. A contrario, ils drainent derrière eux de nombreux touristes qui font, eux, vivre nos établissements. » L’heure tourne. Deux adolescents qui en ont fini avec l’école déboulent sur la plage en courant. Ni une ni deux, ils laissent le vent s’engouffrer dans leur aile et commencent à affronter les vagues la planche sous les pieds. A Wissant, le kite a encore de beaux jours devant lui.

Votre compte

Wissant, capitale européenne du kitesurf

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en France

Fillette gravement blessée: un rodéo urbain met la France en émoi

France: la sécheresse affecte considérablement le tourisme

Les chambres d’hôtel des écrivains: André Breton et l’hôtel des Grands Hommes, là où fut inventé le surréalisme

France: une adolescente de 15 ans échappe à ses proxénètes

Sécheresse en France: à Orléans, la Loire se traverse à pied (photos)

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

L’actrice Olivia Newton-John, star de «Grease», est décédée à l’âge de 73 ans

La Belgique s’apprête encore à suffoquer

Décodage Drame de Strépy: pourquoi la justice requalifie les faits en meurtre

L’avocate Delphine Paci défendra Salah Abdeslam à Bruxelles

Guerre en Ukraine: démilitariser les environs de la centrale nucléaire de Zaporijia pour éviter la catastrophe

Entretien Le philosophe Marek Halter: «Le rêve européen s’éteint»

Combiner travail et études : voici vos droits et obligations

Voiture de société et grandes vacances : tout ce qu’il faut savoir

Quand la robotisation crée des emplois

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel