La Wallonie recrute des chercheurs à l’étranger
17 post-doctorants sont arrivés dans la région depuis le début d’année. Ils viennent de 11 pays différents.


Ils sont Français, Chiliens, Vénézuéliens, Portugais ou Vietnamiens. Ils sont chercheurs et ont décidé de venir travailler en Wallonie.
La Région, via le programme Beware (pour BElgian WAllonia REsearch) finance en effet des post-doctorants du monde entier via deux volets : Industry et Academia. Pour le premier, c’est une PME ou un centre de recherche agréé qui accueille un chercheur durant 18 à 36 mois. Pour le second, c’est une des cinq universités francophones (ULB, UCL, UMons, ULg et UNamur) qui « héberge » le chercheur. Mais celui-ci doit aussi passer au moins un quart de son séjour dans une entreprise. On appelle celle-ci un « parrain industriel ».
Connie Ocando a 34 ans et est Vénézuelienne. Elle a commencé à travailler au sein de l’Université de Mons il y a trois semaines. « J’ai fait mon doctorat en Espagne. Je voulais rester en Europe mais hors d’Espagne pour pouvoir améliorer mon anglais ou apprendre une autre langue. Pour le curriculum vitae, il est important de voyager : le fait de parler plusieurs langues et d’apprendre d’autres méthodes de travail, d’autres techniques. C’est une valeur ajoutée. Et puis cela permet de connaître des gens. Or, le réseau est nécessaire pour développer des collaborations », explique-t-elle.
C’est en cherchant sur internet que Connie Ocando a repéré le Laboratoire de physique des surfaces et des interfaces de l’UMons. Et c’est le Pr De Coninck qui lui a parlé du programme Beware. À deux, ils ont élaboré un projet de recherche. Pour participer au programme, il faut en effet soumettre un projet de recherche et un candidat. L’un ne va pas sans l’autre.
Après trois semaines à peine, il est encore un peu prématuré pour Connie Ocando de tirer un bilan. Mais déjà la chercheuse souligne que « c’est une très bonne opportunité. La collaboration entre l’université et l’entreprise est très importante pour la société et pour le développement économique du pays. La société valorise beaucoup la recherche qui aboutit à des applications ». Et celle qui a toujours travaillé dans des universités, « n’écarte pas la possibilité de travailler un jour dans une entreprise. Cela me paraît intéressant aussi ».
Pour son promoteur, Joël De Coninck, « le fait de pouvoir accueillir quelqu’un de haut vol – car Connie Ocando est une chercheuse confirmée – permet d’accélérer le processus de formation des plus jeunes du laboratoire. C’est un profil qu’on n’a pas en Belgique. Et le partenariat avec un industriel est un plus qui permet d’orienter la recherche vers des choses applicables. C’est un projet win-win : pour l’université, pour l’industrie et pour Connie Ocando ». Connie Ocando est la seconde chercheuse que le laboratoire accueille via Beware. Le premier, un Espagnol, y travaille depuis six mois.
À Mons toujours, Pascal Viville est coordinateur scientifique chez Materia Nova, un centre de recherche. Lui accueille un chercheur… belge. Peu importe la nationalité en réalité pour autant que le candidat ait passé moins de 12 mois en Belgique durant les trois dernières années. « C’est un étudiant qui a fait son mémoire ici avant de partir à Bordeaux et à Paris. À présent, il souhaitait revenir en Belgique. L’intérêt pour nous est qu’il a acquis une grande expérience (5 ans) à l’étranger. Cela implique un apprentissage de compétences différentes et complémentaires. Il y a aussi un intérêt financier puisque le chercheur est financé à 70 % par la Région et l’Europe », souligne Pascal Viville. Cette subvention, en ce qui concerne les universités, est de 100 %.
« L’idée est d’amener des compétences en Wallonie. C’est la Wallonie attractive », note Stéphane Lucas, professeur au Département de physique de l’Université de Namur et promoteur d’un chercheur Beware. Il souligne aussi l’importance du partenariat avec l’industriel : « Le chercheur va aller mettre les mains dans le cambouis et ramener les problématiques de l’industrie au sein du laboratoire. Il y a aussi un transfert technologique : ce qu’on développe va être valorisé en Région wallonne avec une entreprise wallonne ». Mais plutôt que de recherche appliquée, le Pr Lucas préfère parler de « recherche orientée ».
En janvier 2015 a eu lieu le second appel à candidats. 32 projets de recherche avaient été soumis parmi lesquels 17 ont été retenus. Pour un budget total de 4,363 millions d’euros. Les chercheurs viennent de 11 pays différents : Algérie, Australie, Belgique, Chili, France, Inde, Italie, Liban, Portugal, Venezuela et Vietnam. La sélection est en cours pour le 3ème programme. 18 projets ont cette fois été remis. « Si tous sont retenus, la Wallonie aura accueilli 50 chercheurs du monde », souligne Pierre Demoitié, gestionnaire du programme Beware à la Région wallonne. Le rêve de la Région est « qu’au bout de leur mandat, les chercheurs restent en Wallonie », note encore Pierre Demoitié.
Pour les différents interlocuteurs, ce programme ne fait pas ombrage à nos propres chercheurs dans la mesure où il y a des domaines dans lesquels la Belgique ne forme pas assez de candidats. Les domaines de recherche sont : les technologies environnementales, l’oncologie, la photonique, les sciences de l’ordinateur ou encore la mécanique appliquée.
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