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«Je vais promener le chien», avait-elle lancé avant de tuer son père

Catherine Geets a avoué avoir tué son père. Après que son ami l’eut assommé, elle lui avait pincé fortement le nez pour l’étouffer. L’affaire sera jugée au fond à Liège dès lundi.

Temps de lecture: 4 min

Le jury chargé de statuer sur le sort de Catherine Geets (47) et Yves Dieudonné (49), deux Jodoignois poursuivis pour l’assassinat du père de l’accusée, sera constitué ce mercredi aux assises de Liège. La fille de ce juriste originaire du Brabant wallon entretenait une haine grandissante à l’encontre du septuagénaire. Elle aurait fomenté pendant des mois le projet de le tuer.

C’est une infirmière qui s’était inquiétée la première de la disparition d’André Geets, le 14 septembre 2012 au matin, en sonnant à la porte de son appartement situé dans le très confortable « Clos Chanmurly », une espèce de « Melrose place » à Cointe, quartier le plus huppé de Liège. Cet homme frêle de 74 ans, qui fut directeur juridique chez Procter & Gamble, avait perdu son énergie d’antan et se déplaçait avec une canne. Mais il avait conservé son intelligence, qu’il mettait à profit bénévolement, dans un quartier bien moins favorisé que le sien, au sein d’une asbl où il aidait des gamins en difficulté à étudier, et des adultes à apprendre le français.

L’infirmière l’avait finalement découvert au pied de l’escalier de la cave, gisant dans une mare de sang. Sa position de défense, les touffes de cheveux arrachés, les éclaboussures de sang : sa mort n’était pas due à un accident.

L’antithèse de son père

Très vite, les soupçons se sont portés sur sa fille, Catherine, 44 ans, une femme de petite taille et d’une centaine de kilos, l’antithèse de son père. Elle n’avait pas terminé ses études secondaires, s’était mariée très jeune avec un homme violent, s’était remariée puis était devenue veuve à la suite d’un accident. Elle avait travaillé 4 ans dans sa vie, comme femme d’ouvrage dans une grande surface, mais le mari décédé lui avait laissé un gros pécule vite dilapidé – chevaux, voitures, voyages – par cette femme au tempérament de panier percé. Ses parents, puis son père devenu veuf en 2005, lui donnaient en outre souvent de l’argent et lui avaient cédé du patrimoine immobilier – elle habitait d’ailleurs dans une maison où ses parents avaient vécu, à Jodoigne. Ce n’était pas assez, aurait-elle estimé. Cet appétit de l’argent, qui l’avait déjà poussée à retirer du cash à son profit avec la carte de banque de son père ou à lui dérober de l’électroménager en simulant un cambriolage, aurait été un des mobiles du crime.

Juste avant les faits, Catherine Geets avait encore demandé de l’argent à son père, cette fois pour acheter une voiture à sa fille, et le septuagénaire avait envoyé quelques milliers d’euros. Puis elle avait annoncé à Yves Dieudonné, celui qui partageait sa vie depuis qu’elle avait perdu son second mari, vouloir aller « remercier son papa de vive voix ». Yves Dieudonné savait qu’elle caressait le rêve, depuis quelques mois, de tuer le septuagénaire – elle avait même demandé à un copain s’il connaissait quelqu’un qui pourrait « le descendre ». Catherine et Yves avaient dit aux enfants qu’ils allaient « promener le chien », puis ils s’étaient dirigés vers Liège.

André Geets leur avait servi un verre, ils avaient discuté de tout et de rien, puis il avait proposé de descendre à la cave pour donner à son beau-fils quelques outils dont il n’avait plus besoin. C’était le moment. « Le moment rêvé », dira Catherine Geets. Elle aurait fait un signe à son compagnon, un « vas-y ». Il aurait frappé à plusieurs reprises. Le septuagénaire s’était effondré en appelant sa fille au secours. Catherine Geets s’était approchée, mais pour lui pincer fermement le nez, tout en maintenant avec Yves Dieudonné un chiffon sur la bouche du septuagénaire pour l’empêcher de respirer. Elle aurait ensuite vérifié l’absence de pouls. Puis ils étaient rentrés à Jodoigne, mine de rien.

Un père qu’elle haïssait

André Geets avait parlé de la venue de sa fille, le jour de sa mort, à un membre de l’asbl où il était bénévole. Il s’était plaint qu’elle lui avait encore réclamé 10.000 euros, s’interrogeant sur la destination de ces fonds. Il avait aussi demandé au réparateur de l’ascenseur si celui-ci serait réparé lorsque sa fille viendrait, histoire qu’elle n’ait pas trop d’escaliers à monter. C’était donc elle qui l’avait vu pour la dernière fois vivant.

Elle était vite passée aux aveux. Elle avait expliqué ne jamais s’être remise de la mort de sa mère, qu’elle adorait ; elle avait compensé en haïssant chaque jour davantage son père, qu’elle trouvait méprisant, humiliant, qui la renvoyait à ses échecs personnels. L’idée de le tuer avait pris une place de plus en plus importante dans son esprit, comme si cette mort allait la soulager de tous ses ennuis, et elle l’avait partagée avec son compagnon, éperdument amoureux d’elle, qui la laissait tout régir dans leur vie. Leur procès débutera au fond le 15 juin et devrait durer une semaine.

 

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