La valse des prétendants au perchoir européen

Qui est in, qui est out ? Il n’y a pas mieux que le titre de la chanson de Gainsbourg pour caractériser la phase politique ouverte au Parlement européen (PE) par l’annonce du retrait de Martin Schulz la semaine dernière. [scald=2480267:sdl_editor_representation] Le social-démocrate allemand, eurodéputé depuis plus de 20 ans et président de l’institution depuis 5 ans, a en effet annoncé la semaine passée qu’il quittera le Parlement, où il ambitionnait de rempiler pour la troisième fois au perchoir, pour rejoindre la scène politique nationale et y jouer un rôle de premier plan. Depuis, les candidatures officielles ou officieuses, annoncées ou non, posées ou retirées, se succèdent. Mardi soir, le bureau du groupe libéral ADLE a littéralement tué la candidature annoncée vendredi passé par Sylvie Goulard. La Française avait justifié sa démarche individuelle contre le « business as usual », les « tractations en catimini », les « arrangements opaques que le Parlement est prompt à dénoncer », mais aussi la domination des hommes (depuis 37 ans, seules deux femmes ont présidé le PE, pendant un total de 5 ans). La profession de foi de Mme Goulard n’a pas trouvé grâce aux yeux des dirigeants de son groupe : 22 délégués des différentes délégations nationales ont voté contre sa candidature, soutenant au contraire celle de leur chef Guy Verhofstadt… au cas où l’ALDE décidait d’en proposer une. L’ex-Premier ministre belge a reçu de son groupe un « large mandat », selon nos informations, pour explorer ses chances auprès des autres groupes politiques du PE. Mais Guy Verhofstadt mettra dans la balance les nombreuses autres fonctions qui doivent être renouvelées pour la seconde moitié de la législature : vice-présidences, présidences de commissions, questures, ou encore la mission hautement politique de « négociateur pour le Brexit » qui lui a été confiée il y a quelques mois. Quatre candidats PPE En milieu de journée mercredi, c’est le chef du groupe social-démocrate S&D, l’Italien Gianni Pittella, qui a officiellement annoncé sa candidature, avec le soutien unanime de ses troupes. Selon un accord passé en 2014 avec les conservateurs modérés du Parti populaire européen (PPE), le groupe le plus nombreux du PE, la présidence de l’assemblée doit revenir cette fois à un PPE. Mais les socialistes arguent désormais qu’il est exclu que les trois présidences des grandes institutions de l’UE soient monopolisées par le PPE : Juncker à la Commission comme Tusk au Conseil européen (les États) appartiennent en effet à la famille conservatrice. Or, depuis 2012, le nombre de chefs d’État ou de gouvernement socialistes au Conseil a augmenté : pas question de se faire évincer de leur seule présidence. (Les libéraux ont aussi vu leur camp gagner des postes au Conseil, ce qui leur donne le même argument.) Au PPE, quatre candidats sont déjà, publiquement ou non, sur les rangs : le Français Lamassoure, l’Irlandaise McGuiness, le Slovène Peterle et l’Italien Tajani. Mais leur chef de groupe, l’Allemand Manfred Weber, se tâte, et pourrait se lancer, dès lors avec beaucoup de chances, dans la bataille. Enfin, il y a une candidate belge, qui se présente avec le soutien de son groupe : la Flamande Helga Stevens (N-VA), membre des eurosceptiques ECR (Européens conservateurs réformateurs). Troisième groupe en importance au PE, ECR n’a évidemment aucune chance de voir l’une des siens élue à la présidence. Mais sa candidature présente un certain cachet : Helga Stevens est femme, jeune, dynamique, et charismatique bien que malentendante et s’exprimant en langage signé. Le prochain président sera à coup sûr très loin de cette modernité-là.

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