Pacte d’excellence: «Pour les instit’ maternelles, une aide le matin serait la bienvenue»

En ce début de jeudi après-midi, dans l’implantation de la rue du Marais de l’Institut Saint-Louis, tous les petits de première maternelle font la sieste. Dans la salle de classe, du coup, tout est encore très calme. Dehors, en revanche, les cris d’enfants résonnent dans la cour. Logique, après tout, dans une école. « C’est vrai que ce bruit en permanence, c’est très fatigant. Pas besoin de télé quand on rentre du travail », rigole Geneviève, institutrice maternelle depuis 18 ans. Elle s’occupe seule, en général, d’une classe de 24 enfants de 2 à 3 ans. « En général », parce que le jeudi matin, elle est accompagnée de l’institutrice « volante » et le vendredi matin, d’un éducateur. « Franchement, il s’agit d’une aide précieuse. Cela donne un peu d’air. Surtout le matin, lorsque les enfants ont le plus d’énergie, qu’il faut réconforter certains qui pleurent. Encore plus particulièrement en début d’année, lorsque les enfants n’ont pas encore leurs marques ». Ainsi, la promesse du Pacte de renforcer les équipes de 1.100 personnes d’ici 15 ans est la bienvenue. Difficile pourtant d’y voir davantage qu’une promesse. « Oui, sur le papier ce serait une excellente chose. Notamment pour les jeunes. Les institutrices qui ne trouvent pas d’emploi en sortant des études augmentent, cela permettrait de désaturer le marché. Cela soulagerait également les équipes existantes. Ce serait une aide très appréciée d’avoir quelqu’un tous les matins avec moi. Mais cela ne va pas tout régler d’un coup. Il ne faut pas non plus oublier que de nombreux enfants n’ont pas d’écoles. Il n’y a pas assez d’écoles maternelles à Bruxelles. Et on ne peut pas agrandir les murs des écoles existantes indéfiniment. » Des yeux partout Vers 14 h 10, les 45 bouts de chou jusque-là surveillés par sa collègue pendant qu’ils faisaient la sieste finissent par descendre. A la file indienne, dans les escaliers, les marmots se frottent les yeux, encore bien embués par le sommeil. Certains sont dans le gaz, d’autres en revanche ont une idée très claire de la suite des événements. Ainsi, il ne faut pas trois minutes à Assia pour enfiler son manteau, ses moufles et son écharpe. « C’est bientôt l’heure des mamans, explique l’institutrice. Et Assia est toujours la première prête à partir, ça ne traîne pas. » Pendant ce temps, les autres se voient distribuer une brique de jus de pommes. Les enfants connaissent la marche à suivre, ils sortent leurs boîtes à tartines. On avale un Prince au chocolat ou une autre sucrerie. D’autres préfèrent se tourner vers une boîte de Duplo, dans un coin de la pièce. « Madame Gene » a des yeux partout et on la sent particulièrement rodée : elle repère les bottes mises à l’envers en à peine quelques secondes. Idem pour les gants perdus. « Allez, range ta boîte à tartines dans ton cartable », demande-t-elle à un petit alors qu’une file s’accumule devant elle pour fermer les tirettes des manteaux. « Il ne faut pas être pressée dans ce métier, ne surtout pas presser les enfants. En contrepartie, ceux-ci apprennent les contraintes de la vie en société. Je ne peux pas m’occuper de chacun d’eux individuellement en même temps. Il faut donc qu’ils patientent, eux aussi. Rhabiller les enfants met du temps, il faut prévoir au moins une heure. Comme l’école se termine à 15 h 30 et que la sieste finit à 14 h 10, ça laisse peu de temps. Parfois on peut chanter une comptine avant l’arrivée des parents, parfois non. Ça dépend. » Certains enfants semblent à l’aise comme des poissons dans l’eau. Et pour cause, il en est de plus assidus que d’autres. « Une petite, par exemple n’est venue que 20 demi-journées depuis septembre. Comme la maternelle n’est pas obligatoire, on ne met pas la pression sur les parents. Mais, progressivement, en deuxième année, on dit aux parents que ce serait peut-être mieux qu’ils viennent plus souvent. En troisième on en remet une couche. Bien sûr, l’enfant peut tout à fait être stimulé en restant dans sa famille. Néanmoins, il est important pour les enfants d’être présents à l’école dès cet âge. D’abord pour des questions de sociabilisation, ensuite pour le socle de compétences acquises. Souvent, par exemple, je suis le premier contact qu’ont ces enfants avec la langue française, nos classes sont en effet particulièrement métissées. L’an dernier, tous les enfants étaient persuadés de parler chinois car ils communiquaient sans problème avec leur camarade chinois », rigole la professeur avant d’enjoindre aux enfants – pas peu fiers de l’accompagner – de chanter avec elle « C’est bientôt l’heure des mamans, il faut remettre son manteau. Les parents attendent dehors. »

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