Festival de Liège: toujours présent!

Bolivie, Chili, Portugal, Liban, États-Unis… Le Festival de Liège 2017 invite à un véritable tour du monde de la création contemporaine. Et comme tous les deux ans, le programme sera très éclectique dans les formes mais toujours centré sur le questionnement du présent. Un changement toutefois dans l’organisation. Pour la première fois, Jean-Louis Colinet ne portera pas la double casquette de directeur du festival et du Théâtre national. « Le lien avec le Théâtre National est maintenu, rassure toutefois le patron de la manifestation liégeoise. Une des missions du Théâtre National est de travailler avec la Wallonie donc, avec Fabrice Murgia (NDLR : son successeur au National), on continue la collaboration, surtout sur la partie Factory consacrée aux artistes émergents. Par ailleurs, comme le Festival essaime aussi dans une série de villes, de Mons à Namur en passant par Charleroi et Herve, nous continuerons aussi à être présents à Bruxelles, au National. Cette volonté de rayonner au-delà de Liège devrait même s’amplifier par la suite. » Mais la grande affaire du moment, c’est l’international avec la mise en place du réseau Effect. « Depuis un moment, on tisse une toile inter-européenne avec divers partenaires belges et internationaux. Du côté des Belges, il y a le Festival, le Théâtre National et Toneelhuis à Anvers. Du côté international, on retrouve le Festival d’Avignon mais aussi des partenaires à Lisbonne, en Suède, à Venise, à Gijon et, au-delà de l’Europe, au Chili ou encore à Montréal avec l’Usine C. Un réseau qui a pour vocation de favoriser la création et la circulation des spectacles, particulièrement chez les artistes émergents. » Les émergents Un bel objectif mais pas simple à atteindre. Généralement, on invite un spectacle étranger lorsque celui-ci a fait ses preuves, qu’il émane d’une compagnie ou d’une institution reconnue ou qu’il est porté par l’un ou l’autre nom connu. « Dans ce domaine, chaque opérateur se trouve face aux mêmes questions. Si le spectacle est excellent mais réalisé par des inconnus, on hésite à s’engager. Ici, l’idée est justement de faire tourner chez les uns et les autres ces spectacles émergents. En fonction des désirs de chacun. Il n’y a pas d’obligation. Mais on veut accompagner ces créations avec des workshops, des rencontres… Le but est d’amener les programmateurs internationaux, et pas seulement français, à s’intéresser à ce que font les jeunes créateurs d’ici. Et inversement. » La volonté du Festival est aussi d’être actif durant toute l’année à travers différentes formes : étapes de travail, lectures, présentations de projets ou encore rencontres internationales, notamment sur la question du rapport entre les institutions et les compagnies. « C’est aussi une question qui touche tous les pays avec de grandes différences toutefois. En Italie, c’est bien plus dur qu’ici. Il n’y a pas de vie en dehors des “Teatro Stabile” et des festivals. Quelques compagnies (Romeo Castellucci, Emma Dante…) sont soutenues par l’international mais pour les autres, il n’y a rien. En Allemagne, 95 % des subsides vont aux structures. En Suède, les compagnies indépendantes n’existent pas… ». Un festival de création Au-delà de ces questionnements agitant la profession, il y a bien sûr les spectacles. « On ne change rien à la ligne éditoriale. Nous sommes un festival de créations même si le mot est toujours ambigu. Comme le Festival ne dispose pas d’un lieu permettant aux équipes de répéter pendant deux mois, nous achetons les premières représentations de divers spectacles. On ne définit pas de thème à l’avance mais au fil de l’élaboration du programme, on voit se dessiner quelques grandes thématiques. Cette année, beaucoup d’artistes s’interrogent sur le lien entre l’intime et le collectif, la personne et la société. Avec une volonté constante de notre part : ne montrer que des spectacles qui parlent d’aujourd’hui. Face à cela, nous avons un public qui aime être surpris. Une bonne partie de celui-ci vient d’abord pour cet aspect de questionnement du présent. C’est en lui présentant des spectacles de qualité abordant ces thèmes que nous pouvons atteindre notre objectif. » Du 29 janvier au 18 février, www.festivaldeliege.be Quelques pistes… Laïka. Pour lancer la manifestation, la très attendue nouvelle collaboration entre le génial auteur italien Ascanio Celestini et le formidable comédien belge David Murgia. Après Discours à la Nation, le premier a écrit ce texte qu’interprète le second, autour d’un Jésus moderne redébarquant sur terre. Mar. Road Movie théâtral de trois frères et sœur accomplissant les dernières volontés de leur mère en l’emmenant jusqu’à l’océan où de surprenantes rencontres les attendent… Par le Teatro de los Andes de Bolivie. L’album de Karl Höcker. Partant d’une collection de photographies recueillies par Karl Höcker, officier, de la SS, le metteur en scène Paul Bargetto démonte les rouages de l’Holocauste. Par le Teatr Trans-Atlantyk de Pologne. Tabula Rasa. Violette Pallaro explore la structure familiale, entre drôlerie et ton grinçant, en mêlant fiction et réalité pour mieux poser la question de la place que chacun de nous occupe dans cette structure ancestrale. Is There Life On Mars ? Héloïse Meire et la compagnie What’s Up nous invitent à un voyage dans l’univers de l’autisme. Un spectacle qui, à l’image des personnes autistes, bouscule les codes habituels et notre manière d’être au monde. Saison 1. Une femme est prise en otage par des rebelles au cœur de l’Amazone… Entre comique et terreur, Florence Minder livre un spectacle qui, à la manière des séries télévisées, multiplie des rebondissements et le suspense, questionnant notre rapport à la réalité et à la fiction. Portrait of Myself as My Father. Nora Chipaumire, rock star de la danse new-yorkaise, monte sur un ring pour évoquer son père, à la fois super-héros et antihéros. Primée de trois Bessie Awards à New York, la chorégraphe et danseuse interroge le statut du mâle de peau noire dans le monde actuel. Factory. Trois jours (16,17 et 18 février) pour découvrir des spectacles d’artistes émergents, des créations en cours, des petites formes, lectures et autres tentatives.

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