Rebel Rebel. Art + Rock Le plein de surprises et de moments forts

Depuis qu’Andy Warhol a permis au Velvet Underground de se faire connaître au sein de sa Factory, on sait que les liens entre les mondes du rock et de l’art contemporain sont nombreux. Et souvent fructueux. Le Mac’s le démontre avec son exposition actuelle, mise sur pied par son directeur Denis Gielen. « C’est un peu la suite de l’exposition que j’avais montée sur les liens entre l’art et la science-fiction, explique-t-il. Dans les deux cas, il s’agit de voir comment des cultures populaires ont nourri l’art contemporain. » Dès l’entrée, on découvre plusieurs œuvres illustrant ce propos. D’abord, trois lithographies de Jean-Michel Alberola faisant directement référence, à la manière d’un rébus, à Jimi Hendrix, Robert Johnson, Elvis Presley et Bob Dylan. En face, une citation de Dan Graham, artiste plasticien mais aussi observateur passionné de l’univers rock. Avec un titre d’exposition comme « Rebel Rebel », la figure de Bowie devait évidemment apparaître et elle est bien là, au travers d’une photographie hommage de Quentin de Briey. [scald=2548293:sdl_editor_representation] Joris Van de Moortel, « The 10 Commandements For the Guitarist According to Capain Beefheart ». Cinquième commandement : « Si tu réfléchis trop, c’est mort ! (...) Tu dois jouer comme quelqu’un qui se noie, se démenant pour rejoindre la rive. » La première salle donne ensuite la parole à Joris Van de Moortel. Un artiste liant constamment musique rock et arts plastiques. Ici, on découvre une batterie sur un large podium. La structure est truffée d’éléments divers : néons, guitares, amplis, photographies… Autour de ce podium, l’artiste a disposé sur les murs une dizaine de petites niches comme on en trouve dans les chemins de croix. Elles illustrent les « dix commandements du guitariste » selon l’inclassable Captain Beefheart, franc-tireur de la musique rock et grand amateur et praticien des arts plastiques. Le parcours ne cesse ainsi de faire des allers-retours entre artistes influencés par la musique et musiciens ayant aussi expérimenté la peinture, le dessin, la sculpture. Parmi ceux-ci, on découvre les sculptures et dessins d’Alan Vega, les dessins de Daniel Johnston, figure culte de la scène rock américaine, et l’étonnant travail conceptuel de Dieter Meier, plus connu pour sa participation au groupe suisse Yello surtout actif dans les années 80 où il collectionnait les tubes électro. Mais avant cela, Dieter Meier se destinait à l’art conceptuel. En 1974, il réalise une série d’autoportraits photographiques où il s’invente treize personnages. Trente ans plus tard, il les remet en scène (en couleurs cette fois), accompagnant chaque duo d’images d’une bio imaginaire évoquant la manière dont la vie de chacun a évolué. Cette série aussi amusante que passionnante s’inscrit ici dans un ensemble autour de la fabrication de l’image de soi, omniprésente dans l’esthétique rock. Depuis David Lamelas recréant les archétypes de l’attitude d’une rock star avec un simple spot et une guitare non branchée jusqu’aux jeunes banlieusards parisiens des années 80 s’habillant comme dans les années 50 devant l’objectif de Gilles Elie Cohen, en passant par Dennis Tyfus qui s’offre grâce à un simple montage d’images un set de DJ devant une foule en délire, on découvre mille manières de s’inventer une vie. [scald=2548295:sdl_editor_representation] Mais l’image rock surgit partout : dans la Harley-Davidson customisée par Johan Muyle, dans les gouaches de Damien De Lepeleire recréant des pochettes de Prince, Michael Jackson, Ian Dury, dans l’ensemble vidéo de Tony Oursler suspendu entre ciel et terre, dans les cendriers débordants peints de manière quasi obsessionnelle par Charlotte Beaudry, dans les étranges installations sculpturales de Gauthier Leroy, dans les sculptures et vidéos de Jacques Lizène… Avec, pour couronner le tout, une dernière salle où sont présentées dans un silence total, trois vidéos sur écrans géants de Douglas Gordon (à partir d’un concert des Cramps au ralenti), Angelica Mesiti filmant des adolescents dans un concert et David Claerbout livrant un incroyable portrait d’Elvis Presley à partir d’une seule photographie qu’il décortique pixel par pixel pour créer une sorte de célébration absolue de la figure d’un jeune homme en passe de devenir star. Fascinant. Et rock de bout en bout. Concert, workshops… 13 janvier. L’ensemble Musiques Nouvelles interprète l’œuvre Ephemera de Christian Marclay, constituée de collages de fragments de partitions musicales. 15 janvier. Visite commentée par Denis Gielen et foire aux vinyles par l’ASBL BePop. 21 janvier. Workshop avec le styliste Jean-Paul Lespagnard. « Je cherche l’honnêteté » : notre entretien avec Thurston Moore. [scald=2548294:sdl_editor_representation]

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