À gauche, le rassemblement, ce n’est pas vraiment pour maintenant

Gagner la primaire ? C’était un exploit pour Benoît Hamon. Mais ce n’est rien à côté de la tâche qui attend désormais le candidat socialiste à l’élection présidentielle. Au lendemain du deuxième tour, une partie de la gauche est dans l’ivresse d’y croire à nouveau. Mais c’est celle qui n’a pas trinqué qui a la gueule de bois. Soutenir Benoît Hamon est un effort que la gauche légitimiste ne fera pas sans douleur. Et ça se voit. Témoin, cette scène inédite ce lundi après-midi à Matignon. L’ancien frondeur y avait rendez-vous avec le Premier ministre Bernard Cazeneuve . « La gauche ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat de François Hollande », l’a mis en garde le chef du gouvernement. « Nous avons toutes les raisons d’être fiers de ce qui a été fait ». Et le Premier ministre de rendre même hommage à Manuel Valls, avec qui il se dit fier d’avoir gouverné. Mais Benoît Hamon n’entend assumer ni la loi de réforme du travail ni le projet de déchéance de la nationalité, qui reste à ses yeux une tache indélébile même s’il a finalement été abandonné. Tout juste admet-il qu’il veut bien « enrichir » son programme des « contributions socialistes » mais sans rien en renier. Invité du 20 heures de France 2, lundi soir, il a dressé les quelques réformes qu’il voulait bien endosser. L’opposition au traité Tafta, une prise en compte de la pénibilité au travail, des mesures scolaires. Mais pour le reste ? Pas question de revenir sur sa part de rêve. Il cite Michel Rocard qui parlait du « devoir de grisaille ». « Il faut regarder la réalité telle qu’elle est. Mais il faut aussi pouvoir se projeter. Je veux aller à l’idéal », revendique-t-il avec sa formule de « futur désirable ». Un langage qui n’est pas le « volapuk » habituel de Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS. Les deux hommes se sont vus aussi. Ils n’ont pu faire que sauver les apparences. Manuel Valls, ne s’en encombre même pas. Il a fait savoir qu’il n’assistera pas, dimanche à Paris, à l’investiture de Benoît Hamon. Redevenu député de l’Essonne, il souhaite prendre du recul. [scald=2582531:sdl_editor_representation] Et François Hollande ? Après avoir ostensiblement méprisé la primaire (il s’est rendu au théâtre lors d’un débat, puis dans le désert chilien le jour du premier tour, puis à une finale de handball ce dimanche au lieu de voter), il a tout de même consenti à parler dimanche au téléphone avec le vainqueur. Il recevra Benoît Hamon jeudi matin. Des départs chez Macron L’hémorragie, elle, a déjà commencé. Pour l’instant, contenue. Une dizaine d’élus seulement sont passés avec armes et bagages chez Emmanuel Macron. L’ancien conseiller de François Hollande n’en demande pas tant d’ailleurs. Il n’a pas l’intention de recycler les nostalgiques du quinquennat s’il entend précisément se démarquer du bilan de François Hollande et incarner une fraîcheur qui ne serait « ni de gauche ni de droite ». Mais si souder la famille socialiste s’apparente à une tâche compliquée voire impossible, Benoît Hamon lorgne déjà sur d’autres soutiens. Il verra ce mardi Yannick Jadot, le candidat écologiste. Ce dernier se dit intéressé par une discussion. Mais à condition que Benoît Hamon sorte du cadre « rabougri » du Parti socialiste et prenne « le grand large » pour bâtir une autre majorité. Jadot dit bingo aux promesses écologistes du candidat Hamon. Mais il ne voudrait pas que le programme de ce dernier soit dénaturé au terne d’une « synthèse » qui verrait le Parti socialiste s’entendre sur le plus petit commun dénominateur. Quant à Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon sait à quoi s’attendre. Ce n’est pas parce qu’il devance désormais dans un sondage le candidat de la France insoumise qu’il obtiendra sa reddition. Dans le camp du trublion du Parti de gauche, on relativise la dynamique de Hamon : Fillon, au sortir de la primaire était à 31 %, il n’est plus qu’à 21 % aujourd’hui. L’hypothèse d’un rapprochement avec Emmanuel Macron n’est même pas envisagée. « Macron, j’aimerais savoir s’il est de gauche ou s’il est de droite. C’est un peu un clignotant », a lâché ce lundi soir Benoît Hamon sur France 2…

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