Brr… On n’a pas eu d’été et ça sent déjà l’hiver…

Ça ne sera pas la franche rigolade lors de l’assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale, la semaine prochaine à Lima. Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international, a donné le ton mercredi : elle est inquiète, préoccupée. On peut parier que les économistes du FMI révisent une nouvelle fois à la baisse leurs prévisions pour 2015 et 2016. Christine Lagarde n’a rien dévoilé, sinon une (fausse) confidence : « La croissance de l’économie mondiale sera vraisemblablement plus faible cette année que l’année dernière, et seule une légère accélération est attendue en 2016 ». Rien de neuf ? En juillet, le Fonds avait déjà revu ses prévisions, annonçant une croissance de 3,3 % en 2015, « marginalement » plus faible que l’an passé (3,4 %) ; et 3,8 % l’an prochain. N’empêche : elle aurait voulu plomber l’ambiance qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. Surtout qu’elle a ajouté que les perspectives à moyen terme se sont « affaiblies ». La « nouvelle médiocrité » – comme elle dit – « s’approche ». Vous appelez cela comme vous voulez : nouvelle médiocrité ou stagnation séculaire. Le pitch c’est que la croissance pourrait être durablement, structurellement, timide, molle, faible, hésitante. Bref, ça sent l’hiver… Pas de veine pour la zone euro, qui, au printemps, s’était rengorgée de son modeste rebond. Après s’être longuement demandée si elle était vraiment sortie de récession… À la mi-2014, le comité de datation des cycles du CEPR ne savait sur quel pied danser, tant les « performances » étaient médiocres. Si les dirigeants politiques la voyaient, eux, la reprise, le comité n’excluait pas une simple « pause dans la récession ». Une bonne année plus tard, les experts du CEPR ont revu leur évaluation : la deuxième récession depuis la crise de 2008 a bien pris fin au premier trimestre de 2013, après avoir duré six trimestres (1). « Le rythme moyen de reprise n’a pas été notablement différent depuis la réunion du Comité de juin 2014. Cependant, la durée de la reprise a compensé son rythme lent et a permis une amélioration cumulée faible, mais significative de l’activité économique. » Donc rien de très enthousiasmant. D’autant qu’« il y aurait des raisons de s’inquiéter si ce rythme d’expansion médiocre devait constituer désormais ce qu’on appelle une bonne conjoncture en zone euro ». Sûr, ce n’est pas une prévision (le comité de datation des cycles n’en fait pas). Juste une mise en garde. La zone euro redémarre, non ? Modestement, portée, non par son dynamisme interne, mais par des « vents favorables » : l’euro et le brut plus faible, moins d’austérité. Les États-Unis frôlent le plein-emploi ? Faut relativiser. Le taux de chômage est revenu à son niveau d’avant 2008, l’économie américaine a créé des emplois ; mais le taux de participation et le pourcentage d’Américains au travail sont bien inférieurs à leur étiage d’avant crise. Ce qui en dit long sur l’état du marché du travail outre-Atlantique. Et la locomotive émergente continue de ralentir, pour la cinquième année consécutive ! Mauvais, ça ! Tirées par la Chine, les économies émergentes ont fourni les quatre cinquièmes de la croissance mondiale depuis 2010. Qui prendrait le relais ? La zone euro ? Faudrait qu’elle achève de nettoyer les scories de la crise – lisez : les créances douteuses des banques, qui pèsent encore près de 1.000 milliards d’euros, essentiellement dans sa périphérie (et aussi dans plusieurs Etats membres de l’est et du sud-est de l’Union). Faudrait aussi que « les pays avancés disposant de la marge nécessaire pour opérer une relance budgétaire » se décident à exploiter cette marge, ajoute la patronne du Fonds. Il y a un an, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, appelait lui aussi une politique budgétaire plus favorable à la croissance. Mais, en zone euro, nous avons des règles – le pacte budgétaire – dont le respect, nous assure-t-on, est le meilleur gage d’un retour à la santé. Nous avons le Plan Juncker – dont beaucoup d’économistes doutent de l’efficacité – et, désormais, une future « union des marchés de capitaux » (nos éditions de vendredi). Mais guère d’appétit d’investissement des entreprises. Et cela ne changera que quand les perspectives d’augmentation de la demande s’amélioreront significativement. On dirait donc que le serpent se mord la queue… Et que, d’ici quelques trimestres, nous nous en mordrons les doigts ? (1) Sur www.cepr.org, cliquer sur l’onglet EuroArea.

Votre compte

Brr… On n’a pas eu d’été et ça sent déjà l’hiver…

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Économie

Peut-on utiliser l’eau de la mer pour lutter contre la sécheresse?

Quand la sécheresse menace la production laitière

Le patron de Ryanair annonce la fin des tarifs à 10 euros et une augmentation des prix

Voici quand aura lieu la prochaine indexation des salaires

Comment les entreprises se préparent face au risque de pénurie de gaz

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Mobilité à Bruxelles: le grand chamboulement (carte interactive)

Le patron de Ryanair annonce la fin des tarifs à 10 euros et une augmentation des prix

En prison, la chaleur comme double peine

Orages, alerte étendue… voici les prévisions météo des prochains jours

Peut-on utiliser l’eau de la mer pour lutter contre la sécheresse?

«Insignifiante», «vous avez brûlé Notre-Dame»: un ministre brésilien s'en prend violemment à la France (vidéo)

Gestion des salaires : quand la Belgique est à la pointe de la technologie

Combiner travail et études : voici vos droits et obligations

Voiture de société et grandes vacances : tout ce qu’il faut savoir

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel