Le logement social wallon réclame une hausse des loyers
Les sociétés publiques sont confrontées à un déficit de financement structurel qui les empêche de répondre aux défis qu’elles rencontrent. Le ministre Furlan va proposer sa réforme. Le secteur craint de ne pas être entendu.


Portée par Paul Furlan (PS), la réforme du secteur du logement public figure à l’ordre du jour du gouvernement wallon de ce jeudi. Mais le plan ne sera pas adopté comme tel, quelques points sensibles doivent encore être tranchés. Du côté des sociétés de logement, on avait prédit le report de la décision. Il faut dire qu’à la veille de l’échéance, le secteur s’est exprimé de manière spectaculaire en regrettant de ne pas avoir été entendu dans ses revendications essentielles.
En septembre et en décembre 2014, le ministre du Logement avait confié ses ambitions au Soir
: « Il faut simplifier le modèle actuel pour le rendre plus performant et le mettre en phase avec les besoins (…)
L’analyse ministérielle est globalement partagée par les acteurs de terrain. Mais elle ne suffit pas à leurs yeux à rencontrer la gravité de la situation : un déficit de financement structurel estimé à 140 millions d’euros par an, soit 1.391 euros par logement social. Ce chiffre peut être contesté, la situation comptable de nombreuses sociétés n’est pas dans le rouge.« S’il en est ainsi, c’est parce que celles-ci freinent la rénovation des logements ou en mettent d’autres en vente pour faire face à leurs difficultés. En réalité, elles ne sont plus en mesure de remplir leurs missions », explique Bénédicte Poll, administratrice aux Jardins de Wallonie à Seneffe.
Loyers plafonnés
A l’appui du cri d’alarme qu’elles lancent aujourd’hui, les 64 sociétés wallonnes de logement public proposent d’autres données : le déficit mensuel par logement, une fois que sont calculés l’ensemble des coûts au départ d’un loyer wallon moyen qui est de 244 euros. On arrive à un montant négatif de 288 euros pour un logement neuf, 107 euros pour un logement rénové et 99 euros encore pour un logement qui n’a bénéficié d’aucune rénovation. « Intenable ! », dit le secteur, qui se mobilise à travers l’Union des villes et communes.
Pour les sociétés de logement, une embellie ne peut s’envisager que par un refinancement fondamental de la politique du logement en Wallonie, où 35.000 candidats sont en attente d’une habitation sociale. Mais la situation budgétaire de la Région n’incite guère à l’optimisme. Dès lors, deux propositions sont avancées, qui risquent de faire pas mal de bruit. Elles ont pour objectif de générer de nouvelles recettes (26 millions d’euros par an) à travers une réforme du calcul des loyers.
Première demande : la révision à la hausse du plafond des loyers qui grève à lui seul les trésoreries de 35 millions par an. Il est actuellement de 20 % des revenus, il s’agirait de le porter à 25 %. Deuxième demande : généraliser un nouveau calcul (à la hausse) des loyers à l’ensemble des locataires et pas seulement aux nouveaux venus, « au risque de créer une discrimination », souligne Bénédicte Poll. Deux mesures fortes qui ne correspondent pas à ce stade aux intentions affichées par le ministre Furlan.
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