Accueil La Une Belgique

«Les producteurs nous prennent en otage»

Temps de lecture: 2 min

Pour Raf Mertens, patron du KCE, centre fédéral d’expertise des soins de santé, organisme chargé de conseiller les pouvoirs publics pour les soins de santé et à l’assurance-maladie, mais qui répond ici à titre personnel, il faut absolument « mettre fin à l’actuelle surenchère ». Evoquant notamment la saga du petit Viktor, atteint d’une maladie orpheline et dont la révélation du cas dans la presse avait servi à la firme productrice d’un médicament à imposer un prix record, Mertens parle de « caricature de la situation actuelle ». « On peut certes se demander quel remboursement privilégier entre un médicament qui donne du confort au patient ou un autre qui prolonge sa vie, mais si le médicament fait les deux, que choisir ? On est pris en otage. Or, la santé n’est pas un secteur commercial comme les autres. Le patient est déresponsabilisé parce que c’est l’Etat qui paie, le médecin aussi parce que c’est l’Etat qui paie, la dissymétrie de l’information disponible est majeure entre le producteur du médicament et les pouvoirs publics. Et les politiques sont pris en otage d’une opinion publique qui peut difficilement entendre qu’on va renoncer à des médicaments dont on dit qu’ils peuvent sauver des vies. Cette situation de monopole de fait n’est pas tenable ».

Pour le spécialiste des soins de santé, la solution n’existe que dans des négociations au plus haut niveau avec les firmes pharmaceutiques, « afin qu’elles acceptent un niveau certain mais correct de bénéfices, mais qu’elles renoncent à fixer des prix qui sont sans commune mesure avec les coûts du développement du médicament. Il faut que les mentalités changent. La ministre de la Santé Maggie De Block a lancé une expérience de négociation conjointe avec les Pays-Bas, afin d’avoir davantage de force. Cela intéresse déjà l’Autriche et le Luxembourg. En fait, c’est toute l’Europe qui devrait avancer ensemble. Mais Grande-Bretagne, Allemagne et France, par exemple, désirent toutes négocier des remises secrètes sur les médicaments. Il faut sortir de ce colloque singulier et secret si l’on veut briser le poids de ce monopole de fait sur les médicaments qui grève davantage chaque jour les comptes de la Sécu. D’accord pour le business, mais avec des marges qui doivent rester raisonnables. Il faut un nouveau modèle ».

Fr.So

 

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

0 Commentaire

Aussi en Belgique

Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une