Félix Tshisekedi, chef de famille et héritier politique

C’est en chef de famille que Félix Thsisekedi, le fils le plus connu d’Etienne Thsisekedi, l’opposant historique à Mobutu mort il y a deux semaines à Bruxelles, a rencontré la presse (et une foule de militants de l’UDPS) ce lundi matin à Bruxelles. Grave, il a expliqué qu’aucune date n’avait jusqu’ici été fixée pour le retour de la dépouille de son père ni pour ses funérailles à Kinshasa : « Nous attendons de terminer les discussions entamées avec le pouvoir en place pour savoir où un mausolée pourra être érigé. On a fait un mausolée pour Laurent-Désiré Kabila, pourquoi pas pour Etienne Tshisekedi ». Le gouverneur de Kinshasa a en effet refusé les deux lieux qui avaient été proposés par la famille. Sans indication de l’endroit où l’opposant historique au régime Mobutu pourra être enterré, il n’y aura donc pas de retour. Par contre, Félix Thsisekedi a démenti que ce retour soit conditionné à l’application des accords de la St Sylvestre, soit la formation d’un gouvernement d’union nationale avec une personnalité choisie par l’opposition à sa tête. « Cela, c’est un souhait, pas une exigence. Mais nous voulons que l’enterrement puisse avoir lieu sans tension ni débordement. Etienne Tshisekedi était un homme de paix, il n’est pas question que ses funérailles soient l’occasion d’affrontements, entre des militants armés de projectiles d’un côté et de l’autre des tirs de gaz lacrymogènes ou de balles réelles des forces de l’ordre ». [scald=2609415:sdl_editor_representation] C’est encore en tant que fils meurtri par la mort soudaine de son père qu’il a indiqué que sa famille envisageait de demander une autopsie du corps du défunt : « Nous allons demander l’expertise d’un médecin et d’un avocat pour voir les suites à donner à ce décès inopiné sur lequel nous nous posons des questions ». Etienne Thsisekedi est mort d’une embolie pulmonaire après avoir subi une anesthésie générale lors d’une intervention au pied gauche, alors qu’une anesthésie locale était d’abord prévue : « Nous nous étonnons de la rapidité avec laquelle son état s’est dégradé. Nous n’avions aucune raison de nous inquiéter… » Mais c’est en héritier politique qu’il a annoncé son retour à Kinshasa dès ce mardi, pour veiller à ce que l’accord de la St Sylvestre soit enfin appliqué : « J’ai conduit la délégation du Rassemblement (plusieurs partis d’opposition réunis autour de l’UDPS NDLR) lors des négociations avec le pouvoir, et elles ont été corsées. Nous nous sommes battus pour chaque mot, chaque ligne. Et il a été décidé que le Premier ministre sera désigné par le Rassemblement avant d’être nommé par le président. Et voilà qu’ils veulent remettre cela en cause. Je soupçonne qu’il s’agit d’une stratégie du pouvoir pour gagner du temps, retarder l’organisation des élections, et in fine avoir recours à un référendum pour nettoyer la Constitution et rendre possible un 3e mandat. Mais nous ferons barrage à ce genre de chose ! » [scald=2609414:sdl_editor_representation] Mais Félix a-t-il les qualités requises pour succéder à Etienne à la tête de l’UDPS ? « Il n’a pas le charisme de son père, analyse un collègue congolais, souhaitant rester anonyme. Il risque d’avoir des difficultés face aux faucons de l’UDPS. De plus, il n’a pas vraiment fait d’études, à part un peu de marketing en promotion sociale à Bruxelles. Il a longtemps travaillé comme chauffeur livreur en Belgique, avant de rentrer au Congo pour s’engager en politique près de son père. Il a d’abord été secrétaire général aux relations extérieures du parti. Et ce n’est qu’en octobre dernier qu’il a été nommé secrétaire général adjoint ». Alors que de nombreux Congolais mettent en cause la légitimité de Joseph Kabila qui a succédé à son père Laurent-Désiré comme président du Congo, la mise en place d’une autre dynastie politique est-elle vraiment souhaitable ? « S’il est désigné de façon démocratique lors d’un congrès de l’UDPS, pourquoi pas ?, poursuit un analyste congolais. Mais le dernier congrès a eu lieu en 1982 ! Quant à ses capacités, il est certes handicapé par son absence de cursus universitaire ou politique, mais j’ai déjà discuté avec lui, il maîtrise ses propos ». Nous avons demandé à Félix si, après la période de deuil, il sera candidat à la succession de son père : « Je vous demande un peu de patience, je parlerai de cela plus tard, ce n’est pas le moment. Mais il est certain que le parti devra trouver rapidement une solution intérimaire, avant d’organiser un congrès mettant en place une nouvelle direction ».

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