Grippe: le vaccin s’annonce efficace

Cette fois, cela y est. Les doses de vaccins contre la grippe arrivent dans les pharmacies. Les fournisseurs de vaccins contre la grippe ont prévu 3.257.000 doses pour l’hiver 2015-2016, de quoi vacciner presque un Belge sur trois. Avec une nouveauté, l’arrivée d’un vaccin quadrivalent, l’Alpharix Tetra, produit par le belge GSK. Jusqu’à présent, les vaccins contre la grippe ne contenaient que trois souches de virus inactivé. Efficace ? Mais cette vaccination sera-t-elle plus efficace que l’an dernier, où, notamment à cause des différences importantes entre les souches comprises dans le vaccin et celles qui avaient finalement circulé, on avait enregistré une surmortalité importante, évaluée par l’Institut de santé publique entre 4.000 et 6.000 personnes ? D’après les premiers éléments disponibles, il semble bien que la réponse pourrait être positive : « Il n’y a encore aucune activité de la grippe en Europe, mais les souches détectées dans l’hémisphère sud, où l’hiver se termine, montrent une bonne correspondance avec les souches qui ont été choisies au début de cette année pour composer le vaccin », explique le docteur Dimitri Van der Linden, infectiologue et pédiatre aux Cliniques universitaires St-Luc et membre du Conseil supérieur de la santé. L’an dernier, la souche de A/H3N2 avait en effet muté entre ce choix et son arrivée en Europe. C’est vraisemblablement cette souche qui est responsable de cet excès de maladies et de décès. « Les experts australiens estiment que les vaccins actuels ont couvert 80% des souches qui ont circulé, ce qui est beaucoup par rapport aux autres années. De plus, les deux souches de virus B circulent en même temps, ce qui laisse augurer que ceux qui seront vaccinés avec le vaccin quadrivalent, qui comprend deux souches de virus A et deux souches de B, bénéficieront d’un certain avantage. Mais il est difficile à quantifier actuellement, puisqu’aucun virus n’est encore détecté chez nous et que la situation peut varier de manière importante avec l’hémisphère sud. Comme pédiatres, nous recommandons de vacciner les enfants particulièrement fragiles et immunodéprimés avec le vaccin quadrivalent, mais estimons que le trivalent est tout à fait adapté aux autres cas. C’est un vaccin trivalent qui sera administré au personnel médical de St-Luc et c’est tout à fait satisfaisant ». Etats-Unis. Aux USA, la grippe a déjà été identifiée : les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont déterminé que « toutes les souches virales de la grippe traquées cette année et responsables des premiers cas de grippe de cette saison correspondent exactement à ce qui est dans le vaccin, ce qui devrait procurer une bonne protection». « Le vaccin anti-grippe fournit un taux de protection de 50 à 60 %, ce qui est inférieur à la plupart des autres vaccins mais reste suffisant pour éviter d'attraper la grippe », a précisé le Dr Tom Frieden, directeur des CDC. « L'an dernier, en raison de la mutation du virus dominant, la protection offerte par le vaccin était très faible, de l'ordre de 13 % ». Vers une pénurie ? L’efficacité supérieure probable du vaccin quadrivalent relance la question d’une éventuelle pénurie de vaccin. En effet, le premier vaccin quadrivalent présent en Belgique contient deux souches de la lignée B du virus. Les vaccins traditionnels contiennent toujours deux souches de la lignée A (une H1N1 et une H3N2) et une de la lignée B. Or, il existe deux grandes catégories de cette lignée B, celle dite de Yamagata et l’autre dite de Victoria. Pour des raisons techniques, on ne pouvait pas mettre quatre souches de virus dans un vaccin. Si la souche B en circulation cette année-là n’était pas celle comprise dans le vaccin, le vaccin était donc inefficace contre ce virus spécifique. Comme c’est aujourd’hui possible, on peut désormais placer les deux souches de virus de lignée B dans le vaccin et éviter ce risque. Théoriquement, cela devra donc augmenter globalement la protection contre le virus de la grippe. Le prix étant comparable (une dizaine d’euros, partiellement remboursés) et les effets secondaires, jugés très rares et faibles, étant identiques, il est donc probable que la plupart des patients qui veulent se faire vacciner choisiront le vaccin quadrivalent. Au risque… qu’il n’y ait pas de vaccins pour tous ceux qui le désirent. Les vaccins traditionnels seront évidemment toujours disponibles, mais il est difficile pour les producteurs de ces vaccins d’anticiper la «part de marché» qui va se déplacer vers le vaccin quadrivalent. Or, comme il faut des mois pour fabriquer un vaccin, on ne pourra fabriquer en octobre ou en novembre des doses supplémentaires. Mais GSK, fabriquant du quadrivalent, avait assuré en juillet pouvoir fournir la demande, éventuellement en se fournissant auprès d’autres stocks que ceux originellement destinés à la Belgique, soit 1,5 millions de doses.

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