Direction d’Air France molestée: Valls se dit «scandalisé par les violences inacceptables»

C’est une image forte : le directeur des ressources humaines d’Air France, Xavier Broseta, et son collègue Pierre Plissonnier, responsable de la division long courrier, protégés par le service de sécurité, tentent d’échapper aux salariés qui manifestent devant le siège de compagnie aérienne à Roissy. Si le second est encore tant bien que mal couvert par une veste et une chemise en lambeaux, le premier est torse nu, ne portant plus qu’une cravate dénouée autour du cou. C’est qu’une poignée de syndicalistes en colère ont déchiré les vêtements des deux hommes, pour protester contre la suppression de 2.900 postes. Manuel Valls s’est dit « scandalisé » Des violences qui ont été aussitôt dénoncées par le Premier ministre socialiste français. En voyage à Tokyo, Manuel Valls s’est dit « scandalisé par les violences inacceptables auxquelles se sont livrés des manifestants en marge du CCE (NDLR, comité central d’entreprise) d’Air France. (…) La situation de l’entreprise est difficile, mais rien ne justifiera jamais de tels débordements ». De son côté, le ministre des Transports Alain Vidalies a estimé que « les violences physiques mérit(ai)ent d’être sanctionnées ». « Une plainte sera déposée pour violences aggravées », a indiqué pour sa part la direction d’Air France, prenant soin de dénoncer « le fait d’individus isolés particulièrement violents, alors même que la manifestation des personnels grévistes se déroulait jusqu’alors dans le calme ». Côté syndicats, Jean-Claude Mailly, numéro un de Force Ouvrière, a estimé qu’on pouvait « se battre contre une direction sans être violent », quand Laurent Berger, son homologue de la CFDT, a appelé à privilégier « le dialogue pour dépasser les difficultés et combattre la violence ». Le SNPL, syndicat majoritaire chez les pilotes, a « condamné ces débordements contre les dirigeants » mais aussi « la répression violente de la manifestation des salariés pourtant calme et sereine ». 1.500 et 2.000 manifestants Dans la matinée, entre 1.500 et 2.000 salariés avaient commencé à manifester devant le siège d’Air France, où se tenait le CCE. Mais ce dernier a été interrompu après une heure, suite à l’irruption de plusieurs centaines de manifestants dans le bâtiment, et la prise à partie de la direction. Le CCE n’a finalement pas repris. Cette première heure de réunion avait toutefois été suffisante pour que la direction annonce aux syndicats la mise en œuvre d’un plan « alternatif » au projet de développement « Perform 2020 », décidé après l’échec d’une première série de négociations avec le personnel navigant. Ce plan induirait un sureffectif de 300 pilotes, 900 PNC (hôtesses et stewards) et 1.700 personnels au sol. Or 5.500 suppressions de postes ont déjà été réalisées chez Air France de 2012 à fin 2014, en parallèle à des efforts de productivité des différentes catégories de personnel. Frédéric Gagey, le patron d’Air France, a officiellement confirmé aux représentants du personnel son projet de réduire l’activité sur son réseau long-courrier, largement déficitaire (suppression d’avions, de lignes et de fréquences). Concernant les 2.900 postes menacés, la direction a indiqué sa préférence pour des départs volontaires, mais ne pas écarter l’hypothèse de licenciements secs. Vendredi dernier, la direction de la compagnie aérienne avait déjà esquissé en conseil d’administration les grandes lignes de ce projet, après l’échec des négociations avec les pilotes sur de nouvelles mesures de productivité. Les discussions avec les PNC n’avaient pas plus abouti. La direction demandait au personnel navigant de voler une centaine d’heures de plus par an, à rémunération constante, et de renoncer à des jours de repos. Si les réductions de coûts grâce au précédent plan « Transform » devraient lui permettre de renouer avec les bénéfices en 2015, Air France espère retrouver des marges d’investissements, avec ce « Plan B ».

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