La «méthode Somers»: sécurité et vivre-ensemble

Tout juste deux ans après l’honorable 2e place de Daniël Termont (Gand), le libéral Bart Somers s’est vu attribuer mardi le titre de meilleur bourgmestre au monde. Rien de moins. [scald=2610570:sdl_editor_representation] Le prix, décerné par la City Mayors Foundation, a distingué un travail « modèle » en termes d’intégration des populations immigrées ou d’origine immigrée, transformant « une ville plutôt négligée en l’un des endroits les plus attrayants de Belgique ». La petite ville belge coiffe ainsi au poteau les plus médiatiques Lampedusa, Lesbos ou Athènes. Si la validité du titre est à prendre avec précaution (voir ci-contre), force est de constater que les louanges ne manquent pas au sujet de Malines. « Les musulmans avec lesquels je suis en contact pour mes recherches sont plutôt fiers d’être Malinois, ce n’est pas si commun, ce genre de sentiment d’appartenance », relève ainsi Ilke Adam, professeur en science politique et sociale à la VUB et spécialiste des questions d’intégration. Le bourgmestre, en poste depuis 2001, évoque quelques clés de la « méthode Somers ». 1 La sécurité, pas un gros mot « Les gens sont incapables d’avoir un rapport aux autres ouvert et positif s’ils ne se sentent pas en sécurité, explique Bart Somers. La première chose que j’ai faite en devenant bourgmestre a été d’investir massivement dans la police et la prévention. » Pour le bourgmestre, ignorer la question de la sécurité par peur du sécuritaire est une erreur classique des politiques de gauche. « Il faut toujours prendre les problèmes des gens au sérieux. » 2 Lutter contre ghetto et communautarisme Bart Somers est connu pour porter un discours très inclusif : le « nous » contre la dialectique « moi/eux ». « Il ne faut jamais, jamais penser en termes de communautés. C’est une faute politique grave que font à la fois la droite, qui stigmatise, et la gauche, qui victimise. Dans ma commune, il y a DES individus et UNE communauté : les Malinois. On ne peut pas réduire les gens à un groupe uniforme, “les musulmans” ou “les étrangers”. Moi-même, je suis Belge, Flamand, je suis père j’aime lire, pas le football… Chacun a une multitude d’identités et autant d’opportunités de créer du lien. » Pour casser les murs, concrètement, les équipes du bourgmestre se sont d’abord attaquées à la ségrégation scolaire. « On a essayé de convaincre les parents d’enfants réussissant bien à l’école de les envoyer dans des établissements de quartiers plus populaires, plus immigrés. Nous n’y sommes pas parvenus partout mais cela a bien marché dans certaines écoles. » Autre « truc » du bourgmestre : multiplier les contacts et ne pas se contenter, par exemple, du représentant « de la communauté musulmane » qui ne représente personne… 3 Oser un discours positif Malines, Gand, Vilvorde… Les villes citées comme modèles en matière d’intégration sont systématiquement flamandes. « Dans ces trois cas, les efforts portés sont beaucoup le fait de bourgmestres qui se sont opposés à un discours en place extrêmement négatif, analyse Ilke Adam. La Wallonie n’a pas connu le succès du Vlaams Belang ou des positionnements droitiers de partis traditionnels qui ont suscité des contre-discours. » En la matière, Bart Somers s’oppose d’ailleurs à la cheffe de son propre parti. Sans parler de celui du gouvernement fédéral auquel le VLD participe. « Je suis convaincu que la polarisation de la société n’apporte rien de bon, commente le bourgmestre. Il faut oser parler du positif. Une classe moyenne musulmane s’est constituée à Malines : des médecins, des ingénieurs, même un directeur d’école catholique. La réalité du XXIe siècle, c’est le multiculturalisme. Il faut intégrer cela et les efforts doivent venir aussi bien des allochtones que des autochtones. » [scald=2610200:sdl_editor_representation]

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