Petit coup de pouce à nos sentiments moraux

Le flux de réfugiés a conduit à des réactions très divergentes dans l’Union européenne. Certains pays comme l’Allemagne et la Suède ont permis à un nombre considérable de réfugiés d’entrer sur leur territoire. D’autres, surtout en Europe Centrale, mais aussi au Royaume-Uni ont excellé par une hostilité envers les réfugiés. Cela étonne surtout en ce qui concerne le Royaume-Uni qui, dans le passé, a souvent suivi une politique d’hospitalité envers ceux qui connaissent persécution et misère dans leur pays et cherchent à trouver une nouvelle vie dans un pays libre. Cette tradition d’ouverture risque de se perdre dans le pays le plus libéral d’Europe. Il y a des chances que le flux de réfugiés ne s’arrêtera pas si vite. Les convictions morales ont jusqu’ici constitué la base de la volonté d’ouvrir les frontières dans un certain nombre de pays du Nord de l’UE envers les personnes qui fuient la violence. On peut déjà observer, cependant, que les sentiments moraux sont mis de côté lorsque le flux de réfugiés se poursuit sans relâche. Alors la tentation de fermer les frontières devient très forte. Une morale sous pression Beaucoup craignent que l’afflux continu de réfugiés coûte très cher aux pays de l’UE. Si tel est le cas, la morale est susceptible d’être mise sous pression. Il y a pourtant de bonnes nouvelles. L’immigration finira par conduire à des retombées économiques positives pour les pays qui suivent une politique libérale envers les réfugiés. La grande majorité des études économiques suggèrent que l’immigration favorise la croissance économique, ne conduit pas à une augmentation du chômage et a un effet positif sur le budget du gouvernement. Ce fut le cas dans la plupart des pays qui, dans le passé, ont ouvert leurs frontières aux immigrants. Ce fut certainement le cas dans le pays libéral qu’est le Royaume-Uni. Effets positifs sur le budget de l’Etat Il y a beaucoup de malentendus à ce sujet. Ceux-ci sont généralement basés sur un manque de compréhension des lois économiques fondamentales. Prenez l’idée populaire que les immigrants enlèvent des emplois aux travailleurs dans les pays d’accueil. Cette idée est basée sur l’illusion que le nombre d’emplois dans un pays est constant. Mais ceci n’est pas le cas. Les migrants qui sont économiquement actifs contribuent à la production de biens et services. Cela leur permet de consommer, ce qui à son tour permet que d’autres produisent plus, et ainsi de suite. Ainsi, l’immigration conduit à une plus grande production et finalement à plus d’emplois. Et ceci a des effets positifs pour le budget de l’Etat. Lorsque les femmes sont apparues massivement sur les marchés du travail au cours des dernières décennies, beaucoup ont fait valoir qu’un emploi pris par une femme se ferait au détriment d’un emploi masculin, avec le résultat que le chômage augmenterait. Cette idée fut basée sur la même erreur, c’est-à-dire que le nombre d’emplois dans un pays est fixé. Ceci s’est avéré être totalement faux. Dans la plupart des pays où les femmes sont entrées sur les marchés du travail en grand nombre, le chômage n’a pas augmenté parce que les femmes qui deviennent actives ont contribué à une expansion de la capacité de production du pays. Cela a permis de créer de nouveaux emplois. Les effets économiques positifs de l’immigration, bien sûr, ne se produisent que lorsque les pays de l’UE permettent aux immigrants de travailler et quand ils les aident activement à trouver des emplois. Les réfugiés qui sont aidés pour s’intégrer dans l’économie contribuent finalement à la prospérité économique. Une telle politique d’intégration est coûteuse à court terme, étant donné qu’initialement, les réfugiés doivent être aidés. À long terme, cependant, l’UE récoltera les avantages économiques de l’intégration. Les arguments moraux devraient suffire pour garder nos frontières ouvertes. Mais il est bon de savoir que l’ouverture des frontières est économiquement bénéfique. L’idée que l’UE profitera économiquement de l’afflux de réfugiés peut donner un petit coup de pouce à nos sentiments moraux.

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