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Oyez, oyez, la Flandre ne snobe(rait) plus Bruxelles

Les ministres bruxellois Didier Gosuin et Pascal Smet négocient en bonne harmonie l’emploi, la formation et la mobilité avec la Flandre. La Flandre a-t-elle définitivement accepté Bruxelles comme région à part entière ?

Editorialiste en chef Temps de lecture: 4 min

Les choses doivent visiblement se dire depuis le micmac new-yorkais pour être entendues. Et cela, même si les plus surprenantes sont en fait prononcées au même moment depuis Bruxelles. C’est ainsi dans les colonnes du Soir, ce week-end, que le FDF Didier Gosuin a fait des déclarations politiquement très progressistes mais passées quasi inaperçues au nord du pays.

Que disait cette figure emblématique du parti francophonissime, qui a gagné ses galons de ministre bruxellois de l’Emploi, de l’Economie et de la Formation grâce à un score électoral canon, résultant d’un parler vrai qui avait particulièrement marqué durant la campagne. Rappelez-vous d’ailleurs cette caractéristique : Didier Gosuin est une sorte de rebelle rentré qui dit toujours ce qu’il pense. D’autant plus qu’aujourd’hui c’est « a man on a mission » : en fin de carrière, il n’a plus rien à perdre et veut marquer son passage au pouvoir, par un coup d’arrêt structurel au chômage des jeunes à Bruxelles.

► L’édito de Béatrice Delvaux : «Bruxelles et la Flandre, enfin?»

Il n’y a pas si longtemps qu’il fustigeait sans relâche la N-VA et Bart De Wever. La charge était du même calibre lorsqu’il a dénoncé, en pleine campagne électorale, « l’échec » de l’enseignement francophone à Bruxelles. C’est dire si, lorsque ce week-end, l’homme déclare : « Bruxelles ne s’en sortira pas s’il n’y a pas un travail de coopération avec les Communautés, avec les autres Régions », on s’attend à ce qu’il tire à vue. Que nenni : « Pour l’instant, cela fonctionne super bien avec la Flandre. C’est un signe majeur de l’action de ce gouvernement : on a vraiment décloisonné la Région bruxelloise Pour la première fois, on a tenu un gouvernement tripartite, Région wallonne, Fédération Wallonie-Bruxelles, Cocof et Région bruxelloise. Avant, c’étaient les francophones entre eux et les Flamands entre eux. Ici, on a pu avancer sans obstacle communautaire de nos partenaires néerlandophones au gouvernement. Nous ferons la même chose avec la Région flamande. »

« Entre entités fédérées, ça fonctionne bien », répète-t-il, en précisant que la Flandre sera associée au volet « emploi, formation » de la future Stratégie 2025 du gouvernement bruxellois. Invité à donner des cotes sur RTL, Didier Gosuin attribuera ainsi 6/10 au Ministre-Président flamand Geert Bourgeois.

► Didier Gosuin: «On a décloisonné Bruxelles»

Quelle révolution, interroge la chef politique du Soir, car il n’y a pas si longtemps, la Flandre refusait de discuter avec Bruxelles qu’elle ne reconnaissait pas comme Région à part entière ? « Je constate et c’est un FDF qui le dit, que les représentants des ministres Bourgeois, Muyters, et Crevits participent à nos groupes de travail Emploi/formation. C’est un changement fondamental de mentalité. Des verrous ont sauté ». Le ministre FDF annonce une prochaine visite en Brabant flamand pour développer les synergies entre le pôle économique autour de Bruxelles et le pôle emploi de Bruxelles. « Mon étiquette devrait être un obstacle, ce n’est pas du tout le cas ». Mieux, ajoute-t-il, un grand accord sera bientôt concrétisé avec le VDAB, pour accentuer la formation en immersion linguistique : dès qu’un Bruxellois francophone a besoin d’une formation et a un niveau linguistique insuffisant, il pourra être formé en néerlandais au VDAB.

Le cas Gosuin n’est pas isolé, le ministre bruxellois Pascal Smet est en train de négocier les mêmes accords sur la mobilité entre la Région bruxelloise qui veut envoyer ses trams vers Zaventem et la Région flamande qui veut envoyer ses bus vers Bruxelles. Le même phénomène existe entre les ministres de la culture. Et on est proche d’avancées décisives sur la Communauté métropolitaine : élaboré en grand secret, le texte créant cette instance de concertation entre la Région bruxelloise et ses voisines (Régions, provinces, communes), est prêt. La Région bruxelloise l’a rédigé, et doit le soumettre à ses homologues.

Cela marque-t-il un revirement total dans l’attitude flamande sur Bruxelles ? Dans la foulée de la scission de BHV, Kris Peeters et Wouter Beke avaient affirmé publiquement l’existence de Bruxelles comme région à part entière. Au tour de la N-VA d’en faire autant, même si c’est davantage dans les faits que dans les discours ? Gare à être naïf mais on pourrait se dire qu’en Flandre, certains ont renoncé à revenir en arrière sur les acquis de la 6e réforme de l’Etat et à voir la relation avec Bruxelles uniquement via la cogestion avec les Wallons, pour se résoudre à en faire un partenaire sur pied d’égalité. Plus efficace pour régler les problèmes, et finalement pas de nature à empêcher, du point de vue nationaliste, – que du contraire en fait – leur rêve confédéraliste.

 

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