Sept mille ans d’histoire de l’art à la Tefaf de Maastricht

Il faut en effet désormais faire suivre les initiales de la Tefaf (The European Fine Arts Fair) de sa localisation. Car, depuis octobre dernier, le salon s’est démultiplié puisqu’il est désormais également organisé deux fois par an à New York, en automne et au printemps. Mais revenons à Maastricht où la foire aura lieu du 10 au 19 mars comme à l’accoutumée. Gigantisme Espérer visiter la foire, autrement que superficiellement, en une journée relève de la gageure. Les visiteurs (ils étaient 75.000 l’an passé !) doivent dès lors se concentrer sur leur domaine de prédilection. Le point fort du salon reste l’art ancien et surtout les tableaux de maître, et ce depuis la création de la foire en 1988. Nulle part ailleurs, l’on ne peut trouver un tel ensemble avec un tel niveau de qualité. Il n’est pas exceptionnel d’y trouver un Rubens, voire un Rembrandt et ce ne sont pas que les écoles du Nord qui sont représentées, mais également l’art italien, espagnol ou portugais. Certains stands regorgent de chefs-d’œuvre de la sculpture, de l’antiquité au moyen âge. Avec environ 35.000 objets exposés, quasiment tous les domaines du marché de l’art sont présents. Ce qui oblige les organisateurs à faire se déplacer pas moins de 209 experts couvrant 29 spécialités différentes qui s’étalent sur 7.000 ans d’histoire de l’art. Comme tout salon sérieux, le comité en charge du « vetting » souhaite que chaque œuvre soit passée au crible. Ce gage de professionnalisme vaut à la foire une réputation mondiale. L’an passé, l’on est venu de 60 pays différents pour la visiter. Nombre de nos compatriotes font bien entendu le déplacement, puisque Maastricht se trouve à un jet de pierre de nos frontières. Seuls les 40 euros à acquitter par personne pour y pénétrer constituent un frein, et ceci dans le but de ne pas accueillir trop de « touristes ». Car, bien que les allées soient larges, les marchands sont là pour vendre et ils ne veulent pas d’embouteillage devant leur stand. Diversité Si l’art ancien occupe une moitié de la superficie de la foire, l’art moderne et l’art d’après-guerre sont aussi bien présents avec ici également des œuvres de Picasso, de Giacometti, de Magritte, bref les plus grandes signatures du XXe siècle. Evidemment, les prix sont en conséquence et les pièces les plus importantes peuvent être annoncées jusqu’à plusieurs dizaines de millions d’euros. Mais l’on peut aussi se faire plaisir pour quelques milliers d’euros, notamment dans la section dévolue à l’Antiquité. La plupart des visiteurs ne sont pas des acheteurs, mais ne manqueraient l’édition pour rien au monde, rien que pour le plaisir de l’œil. Une section « design » propose autant du mobilier viennois que des créations plus récentes. Les bijoux viennent également en force, qu’ils soient anciens, modernes ou récents. Il arrive même que de très gros « cailloux » soient exposés ! Et puis, il y a des stands dévolus aux armes anciennes, aux papiers peints anciens, aux incunables, etc. La diversité règne en maître grâce à la participation de 275 galeries qui se pressent à Maastricht depuis 20 pays différents. La liste d’attente est longue et y être accepté est en quelque sorte une consécration. Cela étant, certains marchands manquent parce qu’ils risquent de faire de l’ombre à leurs concurrents, tandis que d’autres n’ont pas le niveau d’excellence que l’on serait en droit d’attendre, mais aucun salon n’est parfait de ce point de vue. Exposition Cerise sur le gâteau, une exposition (non commerciale) permettra d’admirer quelques chefs-d’œuvre de la Galerie Borghese à Rome. La collection a été constituée par Scipione Borghese, le neveu de Paul V et conservée dans une villa prestigieuse. Celle-ci ne se défera cependant temporairement que de 13 pièces, ce qui est déjà exceptionnel, et il s’agira de chefs-d’œuvre, parmi lesquels une sculpture du Bernin réalisée au début de sa carrière.

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