La 9e de Beethoven, une fois de plus à la une de l’histoire
Dans le cadre de LENA (Leading European Newspapers Alliance), les lecteurs du Soir bénéficient du téléchargement gratuit de la 9e symphonie via Qobuz. Le tout dans un son HD qui dépasse les critères habituels du CD. Et ils pourront acquérir en ligne l’intégrale des symphonies. Et chacun de se demander : pourquoi Beethoven ? Pourquoi la 9e.

Qu’est ce qui fait la passion du public pour les 9 symphonies de Beethoven ? Le 29 décembre dernier, Gustavo Dudamel avouait lui-même les raisons de sa passion pour Beethoven. Au cours d’une interview accordée dans le cadre de Lena (Leading European Newspapers Alliance), dont Le Soir fait partie, il confiait à Javier Moreno : « Beethoven symbolise l’art qui embrasse tous les éléments de la vie, de la société, d’un continent, du monde entier, la complexité de l’humain, le désir d’unir le monde, les peuples à travers la musique, à travers l’art . »
Mais pourquoi vouloir enregistrer les neuf symphonies ? En raison de leur incroyable homogénéité d’abord. Il y a un pas de géant entre la forme stricte en quatre mouvements, héritée du classicisme, qui domine les deux premières symphonies, et les innovations géniales qui vont se succéder jusqu’au délire démiurgique de la 9e . Des derniers mouvements enchaînés des 5e et 6e symphonies, à la gigantesque saga épique de l’Eroïca, la frénésie rythmique de la 7e, ou le sentiment de la nature de la Pastorale, on n’a jamais été aussi loin en aussi peu de temps. Avec en sus un impact immédiat sur la sensibilité et l’intellect des auditeurs. Ceux-ci s’en souviennent naturellement de génération en génération, quand ils sont confrontés au choc de la révélation de ce monument musical en perpétuelle effervescence.
Ce n’est pas la première fois qu’un orchestre de jeunes à vocation sociale et politique, comme le Simon Bolivar, s’attaque aux symphonies de Beethoven. Barenboim les a déjà enregistrées, pour Decca, à la tête de son fameux West Eastern Divan Orchestra, qui rassemble des musiciens juifs et arabes. Une preuve de plus de la dimension humaine et universelle.
Pourquoi la 9e ?
Dernier versant de cet Himalaya musical qu’est le cycle complet, la 9e fait exploser toutes les règles du genre. C’est la genèse d’un monde nouveau où, pour la première fois dans l’histoire de la symphonie, un texte vient soutenir la vision d’universalité qui propulse la musique de bout en bout. Et quel texte, puisqu’il s’agit de l’Hymne à la liberté
de Schiller que Beethoven, par crainte de la censure, transforme en Hymne à la joie. La joie de vivre, d’être libre, de penser et d’aimer. Comme le dit Jörg Widmann, un des plus grands compositeurs allemands d’aujourd’hui,
Eternel message de fraternité universelle
Ajoutez à cela le caractère presque superstitieux du chiffre neuf en musique. Ils sont rares les compositeurs (Chostakovitch bien sûr, mais on dit parfois que c’est un nouveau Beethoven) à avoir dépassé le chiffre fatidique de 9 symphonies. Schubert, Dvorak, Bruckner, Mahler s’y sont arrêtés. Brahms, Schumann ou Tchaïkovski ne l’atteignent pas. Mais la 9e de Beethoven reste bien là, comme une évidence incontournable, éternel message de fraternité universelle qui dépasse tous les régimes politiques. Quand après les horreurs de la guerre, on rouvre le Festival de Bayreuth, c’est la 9e de Beethoven que Furtwängler dirige en gala d’ouverture et c’est cette même neuvième que Wagner lui-même avait dirigée au Théâtre des Margraves, lors de la pose de la première pierre du Festspielhaus. C’est elle aussi que Bernstein invite des musiciens du monde entier à venir jouer avec lui à Berlin, à l’occasion de la chute du Mur. C’est elle enfin que l’Union européenne a choisie pour hymne. C’est une évidence : l’humanité ne peut pas vivre sans la 9e de Beethoven. Sans doute parce qu’elle est son chant le plus sincère et le plus universel.
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