Il y a dix ans dans Le Soir: «L’art de la fête, la fête des arts»

(article paru le 1 mars 2007) Environ 200 activités, des dizaines de lieux s’impliquant dans le programme, des activités dans l’espace public, des ateliers ouverts, des répétitions visibles par le public, des rencontres inattendues… tout cela accessible avec un pass unique au prix de 10 euros pour tout le week-end, déplacements sur le réseau de la Stib compris ! Non, ce n’est pas une blague. C’est la seconde édition de BrxlBravo et cela se déroule ce week-end dans toute la capitale. Cette fois, l’accent a été mis sur des parcours qui ne se concentrent pas que dans le centre-ville. D’où le partenariat avec la Stib et une brochure programme hyper détaillée avec les cartes des différents parcours et l’explication de toutes les activités. Un outil indispensable (et gratuit) pour en profiter au maximum. Après le succès de l’édition 2005, on attend évidemment encore plus de monde et de découverte cette année. Pour cela, un seul et unique moteur : la bonne volonté de tous les participants. BrxlBravo est en effet né de la volonté du monde artistique et culturel bruxellois, désireux de mettre en évidence le formidable potentiel créatif de la ville. Le tout dans une ambiance de collaboration sans précédent entre institutions flamandes et francophones. « On peut aujourd’hui se parler sans être forcément d’accord » ENTRETIEN Bruxelloise de souche, Fabienne Verstraeten n’a jamais envisagé de quitter sa ville. Bruxellois d’adoption, Wim Embrechts en est amoureux comme au premier jour. La première, francophone, directrice des Halles de Schaerbeek, fut la coordinatrice du premier BrxlBravo en 2005. Le second, néerlandophone, fondateur de Recyclart, est le coordinateur de l’édition 2007. Quelles sont les différences principales entre 2005 et 2007 ? Fabienne Verstraeten. L’équipe est un peu plus étoffée et on a eu un peu plus de temps pour la préparation. Pour le reste, on est dans la continuité. Et au niveau des moyens ? F.V. On avait 250.000 euros de subside pour la première édition et 320.000 cette fois. C’est un peu mieux mais cela reste serré. Wim Embrechts. Cela demande beaucoup d’énergie de la part de tout le secteur. BrxlBravo est basé sur la bonne volonté de gens qui investissent leur énergie en plus de leurs heures. Pour le futur, il faudrait une implication plus active de certains pouvoirs publics. Dans le programme, qu’avez-vous amélioré ? W. E. Il y a plus de choses dans l’espace public. C’était une des raisons de mon engagement. Mais c’est encore insuffisant. C’est justement là qu’on a besoin de l’argent public. Chacun prend en charge ce qui se passe dans sa propre maison. Mais comment faire pour l’espace public ? C’est un espace commun donc il faut le financer. On a dû annuler certains trucs parce que des promesses n’avaient pas été tenues. On ne pouvait pas réduire la communication qui était déjà minimale . Sur ce plan, êtes-vous présents dans les autres villes du pays ? W.E. Non. Faute de moyens. On a compensé avec une pub massive dans les grandes gares bruxelloises dans l’espoir d’accrocher les navetteurs. Et puis il y a d’autres canaux comme la presse. Pour qui est BrxlBravo ? W.E. Pour tous. Et puis pour cette ville. C’est en tout cas la raison de mon engagement personnel. C’est une sorte d’éloge et de chant d’amour à notre ville. C’est la ville où nous créons, où nous vivons. On veut s’adresser aussi à ses habitants. Notamment ceux qui ne participent pas encore à la vie culturelle. Comment avez-vous abordé les communes moinscentrales ? F.V. L'investissement périphérique, c’est essentiellement sur l’espace public. Mais c’est toujours difficile si on ne peut pas prendre appui sur des acteurs culturels très forts. Un des atouts, c’est l’accord avec la Stib. W.E. Une grande différence entre 2005 et 2007, c’est la plus grande participation des centres culturels des deux communautés. La plupart trouvaient ça trop « artistique » et trop centralisé au départ. Maintenant, quand on voit le nombre d’entre eux qui participent, c’est super. Quelque chose a changé. F.V. Il y a aussi la manière de faire les choses. Toute une partie du public ne se sent pas à l’aise, pas « invitée » dans les propositions classiques. Par contre, les répétitions, les ateliers, les portes ouvertes sont autant de portes d’accès pour tous. Au niveau local, le poids de la politique est souvent important. Avez-vous eu des problèmes à ce niveau ? W.E. Non, ni du côté francophone ni du côté néerlandophone. Une commune comme Woluwe, avec Olivier Maingain comme bourgmestre, n’est pas spécialement « néerlandophile ». Pourtant, l’équipe de Wolu Culture est rentrée dans le projet avec enthousiasme et sans le moindre problème. Le récent accord de collaboration signé entre une centaine d’institutions culturelles francophones et flamandes est important à ce sujet. La diversité de cette ville est une richesse, c’est notre identité. Officiellement il y a deux communautés mais la réalité de la ville est beaucoup plus complexe, plus hybride. Ici, c’est une association de tas d’opérateurs culturels. On veut montrer qu’il y a un dialogue, une amitié, une collaboration et que de belles productions naissent de cela. On discute, on se bagarre parfois. Tous les jours il y a des discussions. Mais c’est cela qui est important. F. V. : On peut travailler ensemble, entre Flamands et francophones sans être d’accord sur tout et même en s’engueulant sur certains sujets. Wim et moi en sommes l’exemple parfait (rires). Sur Schaerbeek par exemple, nous avions des visions différentes de la localisation d’une activité dans l’espace public. En fonction de notre vécu, mais aussi de la localisation des institutions flamandes ou francophones… On s’est rendu compte qu’on peut avoir une lecture différente des lieux, aussi en fonction de la culture. Mais une fois qu’on constate ça, cela crée des dynamiques. Y compris entre les opérateurs culturels locaux qui, souvent, ne se connaissent pas. C’est cela aussi la dynamique de BrxlBravo.

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