Plongée dans l’univers mythique de «Casablanca»

Classique du cinéma américain parmi les plus aimés, Casablanca de Michael Curtiz fête cette année son 75e anniversaire. Depuis sa sortie en 1942, cette histoire d’amour en temps de guerre, réunissant Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, a ému des générations. Et cette émotion sera d’autant plus intense ce dimanche, grâce au ciné-concert du Brussels Philharmonic, dirigé par Dirk Brossé. « Au départ, on organisait ce type de concert pour les films muets. Mais depuis cinq ou six ans, cette idée a commencé à se répandre à un plus large niveau, explique Dirk Brossé, lui-même compositeur de musiques de films et chef à la renommée internationale. Je dois dire qu’au début, j’étais perplexe : je ne comprenais pas bien cette volonté de décomposer un produit final, avec une musique qui existe déjà, qui a parfaitement été mixée, avec les bruitages et les dialogues. Un jour, John Williams m’a demandé de diriger la musique de Maman j’ai raté l’avion avec orchestre, chœur et film. J’ai alors compris l’impact incroyable que ça pouvait avoir sur le spectateur. » [scald=2650370:sdl_editor_representation] Le vrai chef d’orchestre ? Le film ! Si au cinéma, l’attention est avant tout tournée vers le film, le format du ciné-concert permet de mettre en évidence la musique. « Dans le film, la musique est parfois à 20 % de sa capacité mais avec l’orchestre, elle est toujours à 100 %. Elle est d’ailleurs mixée en direct avec les voix et les bruitages. » L’exercice n’en reste pas moins périlleux « Jouer en live peut engendrer l’inconnu : quand on voit un film au cinéma, on sait que rien ne peut se passer tandis qu’avec l’orchestre, c’est le chef qui doit s’arranger pour que la synchronisation soit parfaite. C’est extrêmement difficile. Le vrai chef d’orchestre, c’est le film ! » Concrètement, plusieurs dispositifs permettent à l’orchestre d’arriver à une bonne coordination. La première inclut l’utilisation d’un click track dans l’oreille du chef, c’est-à-dire une indication du tempo et de ses changements, à la manière d’un métronome. « Ça fonctionne pour les bandes originales simples, sans rubato (le rubato consiste à décaler légèrement le rythme de la mélodie, alors que l’accompagnement reste en mesure, NDLR). L’inconvénient est qu’il n’y a pas de liberté pour développer les idées musicales. » La deuxième technique consiste à suivre les marques donnant, sur l’écran du chef, le début et la fin des passages musicaux. Dans le cas de Casablanca, le chef ne dispose ni de click track, ni de marques sur l’écran. Son seul repère est une montre indiquant les différents passages. « C’est la configuration la plus compliquée. La musique de Steiner vit, respire. C’est paradoxal car on a le sentiment d’avoir beaucoup plus de liberté, mais en même temps il y en a très peu car on doit sans cesse se rattraper pour être en concordance avec le film. Dans ma partition, j’ai tous les dialogues, l’indication de points d’orgue après telle ou telle phrase… Donc je dois connaître le film et le scénario par cœur tout en donnant les respirations nécessaires à la musique. » Une musique d’une richesse incroyable Élève de Mahler et de Brahms, Max Steiner était un maître dans la composition de musiques de films. La partition de Casablanca est d’ailleurs souvent sous-estimée et ce concert est l’occasion de la (re)découvrir. Le Brussels Philharmonic se concentrera exclusivement sur celle-ci : les chansons utilisées dans le film, mais non composées par Steiner, comme le célèbre As Time Goes By (Play it again Sam) sont préenregistrées. [scald=2650379:sdl_editor_representation] « Dans la musique de film, la mélodie doit constituer un appel et se retenir tout de suite, précise Dirk Brossé. Steiner est un maître dans ce domaine. Mais en dessous de tout ça, il y a un travail harmonique très riche. L’instrumentation est elle aussi très originale et très riche. Elle expérimente beaucoup. Même si ce n’est pas à proprement parler son travail, elle restait sous son contrôle. Elle sert le film mais a en même temps toutes les qualités de la musique symphonique. C’est pour ça que cette partition est tellement riche. » Dimanche 12 mars, 19h à la Salle henry le Bœuf (Bozar, Bruxelles) dans le cadre du Klarafestival. Infos : klarafestival.be

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