«Nous risquons une pénurie de médecins généralistes»

N ous ne comprenons pas pourquoi le fédéral veut accélérer le tempo pour la mise en place de la prescription électronique. La date du 1er janvier 2018 est irréaliste. » Didier Gosuin (Défi), ministre bruxellois de la Santé pour la Cocom est inquiet. En début de semaine, la ministre fédérale de la santé a en effet confirmé qu’elle souhaitait que les médecins généralistes passent à la prescription électronique dès l’année prochaine. Seulement, partout dans le pays, bon nombre d’entre eux ne sont pas informatisés. Pour les praticiens les plus âgés, cela est source d’inquiétude et ils menacent de partir en retraite anticipée. « Le fédéral ne tient pas compte de la réalité du terrain, précise Didier Gosuin. Nous ne sommes pas du tout opposés à la mise en place de l’informatisation. A terme, cela sera très positif mais il faut que cela soit fait correctement. » La Région bruxelloise a fait de l’e-santé un de ses objectifs pour cette législature. Elle est une manière d’améliorer la prise en charge du patient en partageant plus rapidement les informations importantes et favorise les liens entre les hôpitaux et les soins de première ligne. Des mesures sont d’ailleurs proposées aux médecins pour les aider dans cette transition numérique. Ainsi, les nouveaux médecins qui s’installent peuvent recevoir une aide de 25.000 euros. Il existe également une prime pour le secrétariat d’un montant maximum de 6.300 euros par an et pour le télé-secrétariat (3.619 euros par an). Ces trois interventions sont conditionnées à l’utilisation d’un dossier médical électronique labellisé et à leur adhésion au Réseau santé bruxellois. En 2016, 164 dossiers ont été traités pour des installations. Mais pour les médecins en activité, la donne est tout autre. « Nous n’avons pas de chiffre précis mais nous estimons qu’entre 20 et 40 % des médecins généralistes actifs à Bruxelles n’ont pas de dossier médical informatisé, commente Didier Gosuin. Or, ils sont indispensables pour faire des prescriptions électroniques qui seront les seules à être acceptées dans les pharmacies. Nous manquons déjà de médecins généralistes dans la capitale. Si les plus âgés cessent leurs activités, nous allons arriver à une situation de pénurie que nous ne pourrons pas combler. » Le ministre s’inquiète également du cas des spécialistes. Selon ses services, 80 % de ceux exerçant en cabinet ne sont pas informatisés. « Cela veut dire que le pédiatre de ville ne pourra plus prescrire. Et puis que fait-on pour les visites à domicile ? Cela signifie que le médecin qui vient en pleine nuit devra être équipé, avoir une connexion 4G et une imprimante avec lui pour prescrire. C’est faisable mais cela a un coup. Et puis, comment fait-on avec les patients qui n’ont pas de carte d’identité comme les sans papiers ou les enfants ? Et les résidents étrangers qui n’ont pas de carte standardisée ? Et on doit avoir réglé tous ces problèmes d’ici 9 mois. Ce n’est pas sérieux. » En 2016, la Région a financé avec l’Inami un programme de formation et d’accompagnement à l’informatisation des médecins généralistes. Le programme est géré par l’ASBL ABrumet. En un an, 425 médecins généralistes de la capitale ont suivi cette formation mais on est donc loin de toucher l’ensemble de la profession. Dans les 19 communes, on compte 1.280 médecins généralistes inscrits au registre. « Nous plaidons auprès de la Ministre De Block pour qu’une solution soit trouvée pour les médecins généralistes et pour les spécialistes qui travaillent en dehors de l’hôpital et qui n’ont pas de logiciel de dossier médical informatisé. La solution est soit une souplesse dans le timing, soit une solution technique mais qui doit être très rapidement développée. »

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