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Manuel Valls, l’avion, le ballon et le boulet

Le Premier ministre français, jusqu’alors l’as de la communication, s’est fait avoir comme un bleu. Le commentaire de Joëlle Meskens à Paris.

Envoyée permanente à Paris Temps de lecture: 3 min

L’affaire jouera-t-elle les prolongations ? Ou Michel Platini a-t-il sifflé la fin du match une bonne fois pour toutes ? Le patron de l’UEFA a en tout cas tenté mercredi de clore le « Vallsgate ». Depuis ce week-end, le Premier ministre n’en finissait plus d’essuyer les critiques pour son déplacement à Berlin samedi soir, aux frais de Marianne, pour assister à la finale de la Ligue des champions entre la Juve et le Barça. « Je l’avais invité », a expliqué Michel Platini, au sortir d’une réunion à l’Elysée avec François Hollande. « Son bureau m’avait fait savoir qu’il voulait évoquer l’organisation, l’an prochain, de l’Euro en France, et la crise de la Fifa.  »

► Quand Valls voyage avec ses fils en jet gouvernemental pour aller voir Barça-Juventus

Valls n’a pas saisi l’incongruité du déplacement

Dont acte ? À droite, certains ont réclamé la démission du Premier ministre. À gauche, beaucoup sont embarrassés par ce qu’ils estiment être une faute morale et politique. C’est que le chef du gouvernement n’a pas saisi l’incongruité de son déplacement. Ce week-end, tout heureux de rassembler les socialistes au congrès de Poitiers, il revendiquait le droit à la détente en s’envolant pour un aller-retour à près de vingt mille euros. «  Il y a toujours des grincheux. Je travaille beaucoup, je m’engage beaucoup », faisait valoir Manuel Valls. Et d’évoquer une réunion de travail avec Platini qui l’avait invité. Problème : on apprendrait plus tard que ladite réunion avait été annulée. Si discussions il y a eu en marge du match avec le patron du foot européen, cela n’était qu’à titre informel. Mais le pire était à venir. On devait apprendre ensuite que deux de ses fils étaient du voyage. Bah, ça ne coûtait pas un euro de plus puisqu’il restait des places dans l’avion, faisait-on valoir.

Incroyable, Manuel Valls, jusqu’alors l’as de la communication, s’est fait avoir comme un bleu. Au point même de piéger François Hollande, obligé de voler à son secours lors du G7. Et de se planter. Car le chef de l’État a maintenu qu’une réunion devait avoir lieu avec le patron de l’UEFA. Acculé, Manuel Valls a tenté de dribbler : « Le rôle d’un chef de gouvernement, c’est de soutenir les grands rendez-vous pour la France. Je continuerai à le faire parce que c’est important pour l’image du pays, pour l’attractivité, pour la compétitivité et pour l’emploi. »

► L’UEFA confirme que le Premier ministre français s’est entretenu avec Platini

Après Thévenoud et Morelle

Pour ceux qui voulaient promouvoir la « république exemplaire », ça la fout mal. D’autant que l’affaire survient après celle du conseiller (Aquilino Morelle) qui faisait venir un cireur de chaussures à l’Elysée ou celle du ministre (Thomas Thevenoud) qui souffrait de « phobie administrative  » au point de ne pas payer ses impôts ni ses loyers. Sans parler du scandale Cahuzac, encore autrement plus grave. Toutes affaires montrant un personnel politique déconnecté. La Toile a été envahie de blagues assassines. L’image d’une escadrille en vol ? Manuel Valls conduit ses fils à l’école, postait un twittos parmi d’autres.

L’histoire retiendra peut-être que Valls qu’on a souvent qualifié de « Sarkozy de gauche » pourrait traîner comme lui ses boulets. Un match de foot pour l’un, un yacht et un resto chic (le fameux Fouquet’s), pour l’autre…

 

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