Les eaux wallonnes s’améliorent timidement

« S ituation défavorable et une tendance non évaluable. » Tel est le bilan des eaux wallonnes que dresse le dernier état de l’environnement. Sur les 354 masses d’eau de surface wallonnes, et sur la période 2009-2013, 57 % ne sont « globalement pas en bon état ». Et 40 % des masses d’eau souterraines (13 sur 33) sont également en mauvais état. Les raisons de ce mauvais état relatif – sanctionné par des données fort anciennes – sont connues : un assainissement encore insuffisant des eaux usées, les activités agricoles (relâchage de nitrate, épandage de pesticides) et les activités industrielles. Sur le terrain, des signes d’amélioration apparaissent, qui profitent à certaines espèces de poissons et de mammifères. Mais la situation est très variable d’un endroit à l’autre. A certains endroits, on note une amélioration en matière d’eutrophisation, de nitrates, de micropolluants et de qualité biologique. Mais en zones urbanisées et industrielles et à proximité des exploitations agricoles intensives, la situation est plus préoccupante. C’est surtout le bassin de l’Escaut qui reste en mauvais état ; là, le flux de phosphore d’origine agricole augmente. [scald=2661191:sdl_editor_representation] Les grandes agglomérations épurées Tout le monde reconnaît néanmoins que des progrès importants ont été faits en matière d’épuration des eaux urbaines. La Wallonie rattrape le retard accumulé dans les années 90. La totalité des grandes agglomérations de plus de 10.000 habitants est épurée, c’est le cas de 90 % des agglomérations plus petites. En dessous de 2.000 habitants, le taux d’équipement ne dépasse pas 40 %, indique-t-on à la société publique de gestion de l’eau (SPGE). Et l’épuration autonome progresse elle aussi. A partir du 1er janvier 2018, elle sera davantage contrôlée mais aussi davantage soutenue (entre 4 et 5.000 euros) et les particuliers devront payer le coût-vérité assainissement (2,115 euros en 2016). [scald=2661101:sdl_editor_representation] Les rejets industriels sont également plus surveillés et davantage taxés. La taxe sur le déversement des eaux usées est désormais modulée en fonction de l’écotoxicité des rejets. « Cela favorise la réduction des pollutions », note un expert. Qui reconnaît néanmoins que « certaines entreprises font des efforts, mais d’autres pas ». Fixé dans une directive européenne, l’objectif de « bon état des masses d’eau » ne sera « vraisemblablement pas atteint » en 2027, relevait récemment la Cour des comptes. La Wallonie n’est pas la seule dans le cas. Mais la Cour a critiqué la lenteur de la mise en œuvre d’une politique suffisamment ambitieuse pour la gestion des bassins hydrographiques. Pour certains objectifs, elle considère même que le « rythme de réalisation » s’est ralenti. Elle considère que les différents « pollueurs » (ménages, entreprises, agriculteurs) sont inégalement des « payeurs ». Si les ménages contribuent au-delà de leur poids en pollution, ce n’est pas le cas pour les entreprises (malgré un rattrapage) et le secteur agricole. Les nouveaux « plans de gestion » des quatre bassins hydrographiques n’apportent que des améliorations insuffisantes, estiment les associations environnementales. Pour Inter-Environnement Wallonie, le principe pollueur-payeur « n’est toujours pas respecté, et ce sans justification convaincante », les industries et l’agriculture contribuent toujours trop peu au regard des dégâts occasionnés au bon état des eaux. Sur le terrain, la situation s’améliore lentement, relève Gaëlle Warnant, expert chez IEW (Inter-Environnement Wallonie). Mais des mesures plus ambitieuses pourraient être prises, comme l’utilisation des bandes enherbées qui permettent de réduire la pollution, notamment en éloignant les pulvérisations par rapport à l’eau. « Sil y a une lente évolution positive de la qualité des eaux, la qualité des habitats naturels fait parfois défaut, note un naturaliste. La Wallonie n’a pas toujours une vision très progressiste des aménagements hydrauliques. On bétonne moins, mais dans un milieu aussi urbanisé et agricole, on ne laisse pas assez les rivières bouger et vivre. Or, c’est ce qui les rend riches en biodiversité. Enfin, la question des espèces envahissantes et de leur impact sur le milieu devient préoccupante. »

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