Pourquoi la colère enfle dans les supermarchés Delhaize
Le personnel exprime son ras-le-bol face au manque d’effectif après la restructuration de 2014-2015


Un mouvement de grève spontané affecte au moins quatorze grandes surfaces Delhaize à Bruxelles, trois en Wallonie et un en Flandre. Le personnel des magasins Léopold III, De Fré, Fort Jaco, Arbre Ballon, Roodebeek, Charles Quint, Karreveld, Westland, Mutsaard, Charles Woeste, Hermann Debroux, Boondael, Chazal et Prince de Liège dans la capitale, ainsi que ceux de Mons, Hornu et Epinois dans le sud du pays et Waasland au nord, ont baissé le volet pour exprimer leur ras-le-bol face à leurs conditions de travail, suite au plan de restructuration décidé en juin 2014, et qui a entraîné le départ de 1.800 travailleurs.
« Le personnel n’a plus confiance »
Pour Delphine Latawiec, secrétaire permanente secteur Commerce du syndicat chrétien (CNE), « le personnel n’a plus confiance » dans la direction de l’enseigne. « Ç a commence à craquer de partout, les travailleurs en ont marre », ajoute-t-elle. « Le plan de transformation a eu de lourdes conséquences, confirme Myriam Delmée, vice-présidente du Setca. Organisation chaotique, charge de travail trop élevée, manque criant de main-d’œuvre, objectifs irréalisables : outre que les résultats ne sont pas au rendez-vous, sur le terrain, le nouveau modèle imposé par le management ne fonctionne pas et les travailleurs sont en souffrance ».
Pour la CNE, la question de l’effectif est « centrale ». « La direction est allée beaucoup trop loin, ajoute la secrétaire permanente. L e manque de personnel est clair au niveau des magasins. Delhaize a soigné le commercial, mais il a oublié l’humain, et aujourd’hui, ça leur pète à la figure. On ne peut pas se “réinventer” sans la confiance des équipes, et aujourd’hui, le personnel ne croit plus en Delhaize. Les travailleurs constatent un grand n’importe quoi qui leur fait peur ».
Les syndicats insistent sur la nécessité de mesures structurelles. « Le roulement incessant des CDD (NDLR, contrats à durée déterminée) et les contrats précaires ne peuvent pas être une solution », affirme Delphine Latawiec. « Nous avons toujours dit, dès le début de la restructuration, que c’était inconcevable de fonctionner avec dix ou quinze personnes en moins par magasin, renchérit Myriam Delmée. N ous avons mis l’accent sur la multiplication et la succession de contrats précaires pour les fonctions dites “de base”. Au lieu d’occuper du personnel sous CDI (NDLR, contrats à durée indéterminée), la direction s’évertue à recourir excessivement à des contrats de type CDD ou étudiants pour des tâches telles que le réassortiment des rayons, etc. Ces engagements précaires – qui engendrent roulement de personnel, désorganisation, insécurité d’emploi et manque évident d’intérêt du management pour le savoir-faire de la base – ne sont pas une solution efficace au manque de bras ».
Cet accès de fièvre survient par ailleurs alors que Delhaize est engagé dans un processus de mariage avec son concurrent néerlandais Ahold. « La fusion est source d’incertitude, concède Myriam Delmée. Le climat social devient explosif ». « La fusion avec Ahold rajoute une couche de défiance », confirme Delphine Latawiec.
Le week-end perturbé
Du côté de Delhaize, on se dit « surpris ». « Nous regrettons ces actions qui pénalisent nos clients, explique Roel Dekelver, porte-parole de Delhaize Belgique. Nous espérons pouvoir reprendre le dialogue social dès que possible ». Pour tenter d’enrayer le mouvement, la direction a programmé en urgence une réunion au niveau national pour ce mardi. « Nous attendons des solutions concrètes et rapides, prévient Delphine Latawiec. Sinon on va au-devant d’un mouvement plus large et plus dur ». Ce qu’on confirme du côté du syndicat socialiste. « Pour l’heure, nous n’allons pas structurer le mouvement, indique Myriam Delmée. Nous laissons partir les fermetures spontanées. Mais si la réunion de mardi n’apporte pas de solutions concrètes, nous aurons une autre attitude, c’est évident ! »
Dans ces conditions, le mouvement de grève pourrait encore prendre de l’ampleur. Et les clients pourraient également trouver portes closes ce samedi. « Le week-end va être perturbé, c’est certain », prévient encore Myriam Delmée.
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je vais régulierement faire des courses chez Delhaize je n'ai pas l'impression que ca rime avec de l'esclavage! la concurence est feroçe dans ces grandes surfaces et nous tous attendent le meilleur service,mais ne suiver pas l'exemple du sud ou les syndicats ne veullent rien voir !aller de coté de caterpilard et trop d'autres
Je déplore ce qui se passe actuellement, mais c'est justifié. Cela fait 40 ans que j'achète une grande partie de ma nourriture chez Delhaize, mais actuellement, je déplore le manque de personnel, ils n'ont plus le temps de réassortir les rayons qui sont souvent démunis. On sent en temps que clients qu'il y a un réel problème en haut lieu. Dommage