Les ventes d’armes à l’Arabie saoudite s’invitent au fédéral

La prochaine réunion de la direction générale Coordination et Affaires européennes (DGE), ce cénacle qui regroupe les entités fédérées afin de déterminer la position de la Belgique dans certains dossiers européens, risque d’être chaude. Au menu de cette DGE, ce mercredi : la parole que la Belgique prendra – ou pas… – au niveau européen dans le dossier des ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Un conseil des ministres européens des Affaires étrangères doit en effet se tenir ce lundi à Luxembourg, le conflit au Yémen figurant, parmi d’autres sujets, à l’ordre du jour. La Belgique y demandera-t-elle qu’un embargo soit décrété, à l’échelle européenne, sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, partie prenante de ce conflit qui aurait déjà provoqué la mort de 10.000 personnes et poussé vers la famine des millions de civils ? Rien n’est moins sûr. D’autant que, depuis la sortie du ministre fédéral de la Coopération au développement, Alexander De Croo (VLD), exigeant que la Wallonie cesse de vendre des armes aux Saoudiens, les positions se sont crispées. Côté wallon, on a très peu apprécié d’être ainsi placé dans la ligne de mire. La Région, qui est compétente pour accorder les licences d’exportation, n’entend pas faire cavalier seul. Car l’enjeu est important : deux poids lourds wallons sont concernés, soit directement comme la FN-Herstal qui vend à Ryad, soit indirectement comme CMI qui vend des tourelles de canons par le biais d’un donneur d’ordre canadien. En filigrane, ce constat : si la Wallonie ne vend pas ces armes, d’autres le feront à sa place. Autrement dit : c’est au niveau européen que doit se prendre une éventuelle décision d’embargo vis-à-vis de l’Arabie saoudite, à laquelle la Wallonie se conformerait au même titre que d’autres acteurs impliqués. Des intérêts flamands Côté flamand, où l’on a pourtant beau jeu d’affirmer que l’on ne vend pas d’armes en tant que telles à l’Arabie saoudite mais des « composants », électroniques par exemple, ayant aussi des applications civiles, on n’est pas vraiment en demande non plus. Comme la Wallonie, on renvoie la patate chaude à l’Europe, dont on imagine qu’il est très improbable qu’elle prenne, à court terme du moins, une décision d’embargo. Bref, on tourne en rond. « Nous analysons les dossiers de licences d’armes au cas par cas, et les licences, accordées pour une durée de 18 mois, peuvent être suspendues en fonction de nouveaux éléments apparaissant dans le dossier », précise-t-on dans l’entourage du gouvernement wallon. Est-ce le cas en l’espèce ? Impossible de le savoir, le sujet ne faisant l’objet que d’un rapport au parlement tous les six mois, les informations de nature publique n’étant communiquées qu’une seule fois par an. C’est dans ce contexte qu’Alexander De Croo persiste et signe : « Quand elle a des problèmes sur le commerce des pommes de terre avec le Canada, la Wallonie fait toute seule le grand show en s’opposant à l’Europe », assume-t-il. « Mais dès lors qu’on parle de milliers de personnes qui sont en train de mourir au Yémen, la Wallonie s’en remet à l’Europe pour savoir si elle peut ou non continuer de vendre des armes à l’Arabie saoudite. » Rendez-vous mercredi pour connaître la position belge.

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