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Ce que le Brexit va changer pour les Européens

Quels seront les effets du Brexit sur la vie des Européens et des Britanniques ? Tour de la question en 11 chapitres.

Temps de lecture: 12 min

La sortie du Royaume-Uni de l’UE s’apparentera à la séparation d’une paire siamoise. Aucune sphère de la vie politique, sociale, économique ou juridique ne sera à l’abri d’impacts concrets, que les négociateurs devront répertorier, prévoir, ou éviter. Et dans de nombreux domaines, Londres devra suppléer à des politiques, ou à des financements dont on ne pourra pas priver les bénéficiaires…

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1. Macroéconomie : pas de récession

L’après-référendum a démenti les prévisions alarmistes de la majorité des économistes, qui annonçaient, en cas de victoire du « Leave », une récession immédiate – quatre trimestres de croissance négative, avait prédit le Trésor britannique. Au final, la croissance 2016 s’est avérée à peine moins vive qu’en 2015 – et supérieure à celle de la zone euro ! Certes, le dynamisme de l’économie du Royaume-Uni devrait s’essouffler cette année et la suivante – on s’attend à ce que les entreprises gèlent partiellement leurs investissements, alors que l’activation de l’article 50 ouvre une période d’incertitude. Qui peut prédire quelles seront in fine les modalités du « divorce » ? Le Brexit est un événement unique. Les modèles des économistes, qu’ils soient basés sur l’examen des tendances passées ou sur des théories sur le comportement des agents économiques – ne peuvent pas dire grand-chose sur la manière dont le commerce extérieur britannique sera finalement affectée, ni sur les mesures que pourrait prendre le gouvernement de Londres pour contrebalancer les effets négatifs de la sortie de l’Union.

2. Devise : la livre moins chère

Soyons de bons comptes : les partisans du « Remain » avaient, à raison, mis en garde contre une chute de la livre sterling si les Britanniques optaient pour la sortie de l’Union. En deux vagues, l’une dans les jours qui ont suivi le référendum, l’autre en septembre, la devise britannique a cédé 15 % face à l’euro. Aujourd’hui, la livre vaut 1,15 euro, soit 11,5 % de moins qu’à la veille du référendum. La monnaie britannique s’est également dépréciée dans une mesure similaire par rapport au dollar. Si c’est une aubaine pour les touristes européens qui veulent traverser le Channel (et pour les touristes américains qui souhaitent voir Big Ben), est-ce une catastrophe pour l’économie britannique ? Relativisons. Vis-à-vis de l’euro, la livre a retrouvé son niveau de 2013, après s’être fortement appréciée en 2014 et 2015 ; et face au dollar, la devise britannique n’a jamais été aussi basse depuis 30 ans. Cela ne peut pas faire de tort aux exportateurs britanniques. Mais la médaille a son revers : une monnaie plus faible renchérit les prix des des biens importés et, par contagion, l’ensemble des prix intérieurs. Et de fait, l’inflation s’est accélérée outre-Manche : elle devrait atteindre 2,5 % cette année.

3. Finance : la City n’est pas morte

Paris, Francfort ou Dublin, en particulier, rêvent d’accueillir les futurs exilés de la City. Mais il est sans doute prématuré d’enterrer la place financière de Londres, l’une des plus importantes au monde et un pilier de l’économie britannique depuis que Londres, face à la désindustrialisation, a choisi de privilégier les services financiers. L’un des enjeux des négociations avec l’Union portera sur le « passeport européen », qui donne aux institutions basées à Londres l’accès au marché européen.

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La perte de ce passeport imposerait la création de filiale (et donc la délocalisation de certaines activités) dans l’un ou l’autre pays européens, par exemple pour des compagnies d’assurances (qui pourraient choisir Luxembourg) ou des gestionnaires de fonds (tentés, dit-on, par Dublin). Mais toutes les activités n’ont pas besoin du passeport. Citons, entre autres, la banque d’investissement ou le trading sur le marché des changes. Hors de l’euro, la City est restée le centre financier dominant dans notre partie du monde. Il n’est pas sûr qu’il en aille très différemment hors de l’Union.

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4. Défense : garder un pied dedans

Le navire de guerre britannique HMS Echo est actuellement en mission en Méditerranée centrale, au large de la Libye, dans le cadre de l’opération navale Sophia menée par l’UE pour traquer les passeurs de migrants, arrêter les trafiquants d’armes et former les garde-côtes libyens. Et demain ? Exit le bâtiment de reconnaissance de Sa Gracieuse Majesté ? Pas sûr : rien n’empêche un Etat « partenaire » non-membre de l’UE d’apporter sa contribution à ce genre d’armada. La Norvège, par exemple, a mis un navire de guerre à la disposition de l’opération militaire Atalanta, contre la piraterie dans l’océan Indien. D’autres pays ont offert des moyens : Monténégro, Serbie, Ukraine, Nouvelle-Zélande et même la Corée du Sud !

Au rayon sécurité et défense, le Royaume-Uni, seule puissance nucléaire européenne avec la France et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a d’ailleurs fait clairement savoir que le pays quitte l’UE mais pas « la famille européenne »… Pour Londres, chercher à maintenir une coopération dans ce volet, ce sera en tout cas un moyen de garder un œil (voire un levier) sur d’éventuelles velléités européennes de trop s’émanciper de l’Otan…

Rien ne change, alors ? Pas si vite. Le retrait britannique pèsera vraisemblablement aussi sur les budgets communs de politique étrangère et de sécurité et défense. L’UE finance par exemple avec des « fonds pré-adhésion » des projets dans les pays candidats à entrer dans l’Union. Mais Londres pourrait aussi faire le choix de continuer à acheminer (une partie de) ses aides extérieures via des fonds européens, pour en maximiser l’impact.

Le Brexit pourrait aussi retarder le processus de négociation ou de ratification d’accords internationaux en cours, relève encore le Parlement européen. Par ailleurs, tous les accords conclus aujourd’hui par l’UE avec de pays tiers ou des régions devront être amendés, au moins formellement : au moment du divorce, le Royaume-Uni ne sera plus partie à l’accord.

5. Citoyens : quatre millions dans l’incertitude

Le sort des citoyens britanniques dans l’UE et européens au Royaume-Uni sera une priorité dans la négociation sur le Brexit, a assuré, la semaine dernière, le négociateur en chef de la Commission pour le Brexit, Michel Barnier.

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Ce sont ces citoyens inquiets, représentés par les associations The3millions et British In Europe, qu’il rencontrait, à la veille de la notification officielle du retrait du Royaume-Uni de l’UE, mardi. Il leur a promis qu’il serait « ferme sur leurs droits ».

Comme l’a résumé Michel Barnier la semaine dernière, les questions à trancher sont complexes : droits de résidence, accès au marché du travail, droits à la retraite et à la sécurité sociale, accès à l’éducation… Pour l’UE, l’important sera la réciprocité des conditions des citoyens respectifs et la non-discrimination. L’inquiétude est donc grande de voir se confirmer les informations qui circulent dans la presse britannique ces derniers jours. Celle-ci indique que ce 29 mars sera la date limite au-delà de laquelle les citoyens européens qui entreraient sur le territoire britannique n’auraient plus les mêmes droits que ceux qui y sont déjà installés.

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Le Belge Guy Verhofstadt, qui représentera le Parlement européen dans la négociation, a averti dans les colonnes du Guardian que toute décision unilatérale visant à « réduire les droits des citoyens européens au Royaume-Uni tant qu’il est membre de l’UE serait contraire au droit européen et nous nous y opposerions avec vigueur ».

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6. Environnement : un effort en plus ?

Le Brexit aura un impact à double étage, promet-on dans les milieux européens ou on n’aime pas évoquer des problèmes avant qu’ils ne se posent. Au Royaume-Uni, nombreux sont ceux qui craignent un retour en arrière de la politique environnementale nationale. « Elle s’est forgée grâce à l’Europe et grâce à la Cour de justice européenne », dit un haut fonctionnaire. En dehors de l’Union, ces garde-fous pourraient tomber. « Qualité de l’air, protection de la biodiversité…, les Anglais ont de vrais problèmes environnementaux. Leur gouvernement a parfois considéré les directives européennes comme des obstacles au développement économique. Sans l’Europe, ils se retrouveront face à leurs lobbies », poursuit un diplomate.

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Mais un départ britannique posera aussi des soucis aux 27. Sur le dossier climat, le Royaume-Uni est globalement dans le rang des pays ambitieux (sauf sur l’efficacité énergétique et le renouvelable). Son départ affaiblira ceux qui poussent pour une politique européenne plus engagée et renforcera les plus frileux. Autre souci : « On devra reconsidérer les politiques qui font l’objet d’un objectif européen, dont celle sur les plafonds d’émission de polluants et le climat », indique un expert. L’objectif européen global fait en effet l’objet d’une répartition entre Etats membres. Avec un pays de moins, il faudra revoir l’épure. « A chaque fois que le Royaume-Uni est au-dessus de la moyenne européenne, comme sur l’objectif climat pour 2030, leur départ obligera les Etats qui restent dans l’Union à en faire un peu plus ». Car l’option de voir l’Europe annoncer au monde qu’elle revoit son objectif à la baisse est diplomatiquement délicate.

7. Commerce : un accord de libre-échange

Les relations commerciales du Royaume-Uni avec les 27 Etats membres restants de l’UE ainsi qu’avec le reste du monde seront au cœur du casse-tête du Brexit. La procédure de divorce entraînera déjà une foule de conséquences : au moment du départ, le Royaume-Uni ne sera plus tenu par les accords en vigueur conclus par les Vingt-Huit. Il faudra donc négocier le maintien, ou non, en partie, ou pas, des droits et obligations contenus dans ces accords. Quid, par exemple, des « quotas » agréés pour des produits sensibles (bœuf ou fromage) dans le récent accord avec le Canada ?

Mais c’est surtout le futur accord commercial avec l’UE qui sera au centre des pourparlers. Theresa May a fait le choix politique d’un Brexit qualifié de « dur », pour exonérer son pays de la liberté de circulation des travailleurs, mais aussi pour échapper à la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE et pour négocier librement ses accords commerciaux. Tout cela, en espérant maintenir le meilleur accès possible au Marché unique de l’UE. De facto, cela exclut une future association dans le cadre de l’Espace économique européen (où l’on retrouve la Norvège) ou d’une Union douanière (comme avec la Turquie). Reste l’option d’un accord de libre-échange « nouvelle génération » : extrêmement complexe à négocier, puisqu’il devra aussi porter sur maintien à long terme de normes similaires entre les deux partenaires – techniques, sociales, environnementales, etc.

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8. Transports : le ciel encore un peu plus compliqué

Au lendemain du Brexit, s’il voyage en Eurostar entre Bruxelles et Londres, perdra-t-il tous ses droits en passant sous la Manche ? Rien n’obligera le Royaume-Uni d’encore appliquer les droits des passagers (train, avion, bateau, autocar) garantissant des indemnités dans certains cas de retard ou d’annulation. Rien, non plus, ne l’obligera à s’aligner sur le standard de sécurité pour les trains et l’infrastructure ferroviaire.

D’autres questions pourraient se poser sur la reconnaissance des titres de transporteurs pour les chauffeurs routiers ou d’autocars qui passeront du continent au royaume, et réciproquement.

Mais c’est le ciel qui posera le plus de questions. Les compagnies aériennes britanniques pourraient continuer à s’aligner sur les standards européens (comme la Suisse, la Norvège ou l’Islande) mais qu’en sera-t-il de la mise en place (déjà laborieuse) du ciel unique européen. Les droits d’atterrissage devraient être rediscutés avec chaque pays membre ainsi que le nombre d’escales autorisées au sein de l’espace européen.

9. Intérieur : la coopération policière en question

Dans les compétences européennes de police et justice, le Royaume-Uni avait obtenu un statut à part, qui lui permettait – on schématise – de participer ou non aux politiques et instruments européens. Mais au bout du compte, Londres a rejoint nombre d’entre elles, encore ces toutes dernières années. Les autorités policières britanniques et les experts sont déjà très inquiets. Exemple : le Royaume-Uni restera-t-il ou quittera-il les agences européennes Europol et Eurojust, où ils considèrent la participation britannique comme vitale dans la lutte contre la criminalité transfrontalière ? Même question au sujet du mandat d’arrêt européen : celui-ci a permis ces cinq dernières années à la Grande-Bretagne d’extrader 5.000 prévenus vers l’Europe, et d’en acheminer 675 pour les faire juger par la justice britannique, s’inquiétait mardi le député travailliste Keir Starmer.

Autre réalité très simple à comprendre : le Royaume-Uni et les pays de l’UE deviendront des pays réciproquement tiers. Ils devront donc établir une politique mutuelle de visas. L’UE se prépare à introduire un système informatisé d’entrées et sorties, et de déclaration d’arrivées (comme les Etats-Unis) : les ressortissants britanniques y seraient logiquement soumis comme le seront les Américains. Avec une réciprocité pour les Européens se rendant outre-Manche ? Un sacré retour vers le passé…

10. Fiscalité : tentation de dumping fiscal

Les Européens espèrent que le carcan international suffira à tuer dans l’œuf les tentatives du Royaume-Uni de se transformer en paradis fiscal à une heure de Bruxelles. Le gouvernement britannique a plusieurs fois laissé entendre qu’il serait prêt à tout pour gagner en compétitivité s’il ne conservait pas un accès au marché européen. Face à ses menaces, les Européens ont durci le ton. L’ambassadeur français auprès de l’UE, Pierre Sellal, a répété lundi que plus Londres évoluerait dans ce sens, moins l’économie britannique aurait « accès au marché unique ».

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Dans les institutions européennes, on rappelle que le Royaume-Uni restera membre de l’OCDE, qui édicte au niveau mondial des standards fiscaux. Mais l’OCDE elle-même s’inquiète de la trajectoire que Londres va prendre en matière fiscale. Dans une note interne, l’organisation indique que pour se rendre plus attractif pour les entreprises, le Royaume-Uni pourrait réduire ses taux ou introduire un système généreux de rescrits fiscaux. Ces rescrits éclairent les entreprises sur la manière dont leur cas sera traité par le fisc. Mais comme l’a révélé le scandale Luxleaks, ils ont été allègrement utilisés à des fins d’optimisation fiscale. La Commission surveille ces accords. Mais elle n’aura aucune prise sur le Royaume-Uni s’il ne reste pas au moins membre de l’espace économique européen.

Reste l’option de la future liste noire européenne des paradis fiscaux, qui sera mise à jour tous les six mois, dit-on dans les cercles européens.

11. Sports : Mignolet ne pourrait pas jouer à Liverpool

Deux tiers (122/168) des « stars » communautaires actuelles du championnat anglais n’aurait pas reçu son indispensable permis de travail. En effet, les joueurs ressortissant de l’UE seront considérés comme étrangers, avec comme corollaire un accès très problématique à ce visa.

Simon Mignolet (Liverpool) et Christian Kabasele (Watford) ainsi que Jonathan Benteke (Crystal Palace) font partie de cette population non éligible. Aucun des trois, à leur arrivée en Premier League, respectivement en 2010 (via Sunderland puis Liverpool en 2013) et en 2016 ne satisfaisait au quota minimum de sélections imposé aux étrangers. Ce pourcentage varie entre 30 et 75 en fonction du ranking Fifa de l’équipe nationale – la Belgique étant 5e, le quota pour ses internationaux est fixé à 30 %. En D2, Julien de Sart (Derby) et Denis Odoi (Fulham) n’auraient pu franchir la Manche. Si un effet rétroactif paraît improbable, il n’est en revanche pas saugrenu de penser que la fédération anglaise (FA) en profite pour imposer un plafond de joueurs étrangers, en vue de protéger le talent autochtone, affranchie qu’elle serait de l’arrêt Bosman (décembre 1995), qui assure la libre circulation sans limite aucune des joueurs communautaires à l’intérieur de l’UE.

Mais plus que les joueurs « adultes », le Brexit frappera plus certainement et plus fort encore les mineurs (les 16-18 ans), qui seraient purement et simplement interdits de séjour, sans l’exception que leur appartenance à l’UE leur concédait jusque-là.

 

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Brexit: l’Europe doit constater l’échec et le transcender

Le Brexit signe un constat d’échec du monde politique européen. La seule façon de le dépasser est de reconstruire des raisons de croire en l’Europe et en la démocratie.

- Editorialiste en chef Temps de lecture: 3 min

C’est le jour du grand saut. Ce mercredi, moins de neuf mois après son installation à Downing Street, la Première ministre britannique Theresa May enclenchera la procédure de divorce avec l’Union européenne, mettant ainsi fin à 44 ans d’une vie quasi commune, mais surtout tumultueuse.

Un tremblement de terre ?

Le terme est trop fort, même si l’événement est de taille. Historiquement, c’est la première fois qu’un pays ayant adhéré à l’Union européenne s’en retire. Le symbole est extrêmement fort, et très dommageable pour l’image d’un projet loué pour ses vertus fédératrices et pacificatrices sans commune mesure. Alors qu’il était de coutume de célébrer les nouveaux entrants dans cet espace commun qui avait tiré un trait sur les horreurs des guerres européennes, on craint désormais que le Brexit ne soit que le début d’une série de départs.

L’impact de cette sortie est différent pour le Royaume-Uni ou l’Union Européenne. Pour les premiers, c’est une déflagration majeure, un saut dans l’inconnu, avec beaucoup à perdre si ce divorce se faisait sans accord avec les anciens partenaires. Les Britanniques se retrouvent potentiellement seuls, avec ce que cela suppose de nouveaux possibles, mais aussi de grands trous noirs.

Les Brits s’en vont, so what?

Les 27 pays « restants » pourraient, eux, regarder ce Brexit avec une certaine philosophie : le Royaume-Uni n’a jamais été un partenaire à part entière et ce départ n’endommage pas substantiellement les grandes composantes de l’Union, et notamment pas la grandeur d’un marché dans lequel les entreprises peuvent commercer, et les travailleurs circuler.

Les peuples sont fâchés

Mais, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une gifle. Cette sortie démontre très concrètement que l’éclatement du projet européen n’est pas une chimère : des peuples consultés démocratiquement peuvent choisir de lui tourner le dos. Ce n’est pas une découverte – dans nombre d’autres pays, des peuples se disent déçus par l’Europe. Des dirigeants souvent extrémistes, mais pas que, militent auprès de leurs électeurs pour la fin du « diktat européen », et un retour aux marchés et fabrications nationaux.

L’autre leçon infligée à la démocratie par les Britanniques est tout aussi cinglante : les peuples sont fâchés, et peuvent voter contre ce qui paraît être dicté par la raison, s’embarquant dans des aventures politiques. Le Brexit fut la première expérience du genre, confirmée très vite par l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Depuis, chaque scrutin est vu comme un jeu de hasard, où tout, et surtout l’improbable, peut sortir des urnes.

A ces deux titres, le Brexit signe un constat d’échec du monde politique européen. La seule façon de le dépasser est, non pas de blâmer les Britanniques qui auraient tout faux et seraient de mauvaise foi, mais de reconstruire des raisons de croire en l’Europe et en la démocratie.

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1 Commentaire

  • Posté par Lecomte Jacques, jeudi 13 avril 2017, 19:14

    Il ne faut pas se laisser manipuler par les anglais. Ils ont choisi à eux d'en assumer les conséquences qui à terme seront negatives

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