«Monsieur Bracke, Monsieur Chastel…»

Vous trépignez… Oui ! Rentrer le 2e mardi d’octobre, ça n’a plus de sens au 21e siècle en Belgique. Cela fait trois mois sans contrôle des ministres, du gouvernement. Pourtant, l’actualité ne manquait pas : l’asile, l’intervention en Syrie, la crise de l’agriculture, l’attentat dans le Thalys, Linkebeek… Il y a là un défaut dans le fonctionnement de notre système politique. Que proposez-vous ? Que l’on puisse fonctionner normalement, avec des commissions et des séances plénières jusque fin juillet et qu’on recommence début septembre. Trois semaines ou un mois de vacances en août, c’est suffisant. Et contrairement à ce qu’on dit, il n’y a pas besoin de changer la Constitution ni le règlement de la Chambre. Il faut juste changer les habitudes. Mais lorsque j’ai abordé ça en conférence des présidents, j’ai senti monsieur Bracke un peu réticent. Pour un parti qui était prêt à bousculer les institutions, se montrer à ce point conservateur sur les principes, je trouve ça particulier ! D’autres idées pour la rentrée ? Oui ! J’appelle monsieur Chastel et ses troupes à se décrisper. On les sent, au Parlement en tout cas, particulièrement crispés, bloqués, fermés. C’est-à-dire ? Ils ne peuvent plus rejeter par principe, parce que ça vient de l’opposition, toutes les propositions. On a vécu des situations totalement folles. Quand Marcel Cheron demande en avril un audit de la Cour des comptes sur les contrats de gestion SNCB et Infrabel, c’est refusé, on n’en discute même pas. Et puis, en juillet, la majorité dépose exactement le même texte et il est approuvé ! Et ce n’est pas une question de droits d’auteur, Marcel Cheron s’en fout. Pareil avec une proposition de loi de Muriel Gerkens sur les soins palliatifs, déposée en janvier ; la majorité a déposé en avril exactement le même texte ! C’est un manque de respect, une perte de temps et surtout une énorme frilosité. Les écologistes vont offrir à Olivier Chastel et ses troupes l’occasion de travailler sur des enjeux qui ne sont pas dans l’accord de gouvernement. Après tout, la N-VA ne s’en prive pas, en déposant des textes sur l’asile ou le service minimum. Qu’allez-vous leur proposer ? J’ai pris des propositions qui n’ont pas d’impact budgétaire : l’orientation des fonds de pension, l’abaissement de l’âge de vote à 16 ans ; la protection des consommateurs en matière d’obsolescence organisée. C’est vraiment un test de la capacité du MR à ne pas être braqué, d’accepter le débat de fond. En un an, le gouvernement a demandé 27 fois l’urgence pour éviter le débat, autre preuve de crispation. C’est une autre façon de faire de l’opposition ? Notre principe, c’est : quand on critique, on propose. Et si on n’a pas de proposition, on se tait. Nous estimons que le gouvernement apporte une mauvaise réponse à deux problèmes du marché du travail : la présence des plus de 55 ans et l’entrée des jeunes. Nous avons une solution : le plan Tandem. Thierry Detienne a mis ça en place en Wallonie. Cela permet aux plus de 55 ans de sortir progressivement du marché du travail en allégeant leur temps de travail, en transmettant leur expérience à des plus jeunes qui, eux, entrent progressivement. Pour l’employeur, c’est une opération blanche. Il paie moins le travailleur âgé, qui voit sa perte de salaire compensée par l’allocation Tandem. On le finance via la réduction des dépenses Onem et ONSS, le fonds tutorat et les crédits-temps. Mais le gouvernement ne prend pas en compte le mal-être au travail des plus de 55 ans : 30 à 40 % des plus de 55 ans considèrent qu’ils ne sont plus bien dans leur job, 64 % souffrent de stress, c’est 20 % de plus qu’en 2010. Il y a une question de rythme, de conditions de travail. Le plan Tandem, c’est une réponse qualitative.

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