L’horreur a frappé la province d’Idleb en Syrie

Depuis Beyrouth [scald=2695917:sdl_editor_representation] Des dizaines de petits corps figés, de la mousse blanche sortant des bouches des victimes, des enfants agonisant en silence, mardi matin la planète accueillait avec effroi les photos d’un énième massacre en Syrie. Au moins 100 personnes ont été tuées dont 25 enfants et plus de 400 blessés dans une attaque chimique à Khan Sheikhoun, dans la province d’Idleb, imputée au régime de Bachar el Assad et son allié russe. « À 9h, l’aviation syrienne a largué quatre missiles dont un raid contenant des composants chimiques. C’est le seul à avoir explosé sans bruit tandis que la crevasse laissée par l’explosion était différente de celle des trois autres missiles », témoigne Hamid, un membre de la défense civile joint sur place. En arrivant sur les lieux, le secouriste affirme avoir trouvé des personnes « en train de perdre conscience », prises de « vertiges » et de « tensions musculaires ». « Nous avons transporté 300 personnes au total, dont beaucoup d’enfants et de femmes, évanouis chez eux, que nous avons réussi à récupérer en défonçant les portes des maisons (…) De nombreuses victimes ont été transportées dans des hôpitaux lointains, à la frontière, voire à l’intérieur de la Turquie (…) tandis que le seul hôpital de Khan Cheikhoun, aux capacités déjà très limitées, a été pris pour cible l’après-midi par l’aviation du régime qui a largué dix missiles », ajoute le casque blanc. La localité de Khan Cheikhoun, située dans le sud de la province d’Idleb, est la cible depuis deux semaines de frappes aériennes intensives. Elle abritait 60 000 habitants et 10 000 réfugiés, majoritairement en provenance du rif de Hama. « Désormais, il reste 30 % de la population initiale », précise le responsable au sein de la défense civile. La France réclame une réunion urgente Face à l’horreur du massacre, plusieurs pays sont montés au créneau, la France réclamant une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU, tandis que le Royaume-Uni assurait que les auteurs devront « rendre des comptes ». Quant au président turc, Recep Tayyip Erdogan, il a mis en garde contre les répercussions négatives de l’attaque sur les négociations d’Astana, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine. Mais au-delà des condamnations verbales, cette nouvelle opération risque de n’avoir aucun impact sur la suite des événements en Syrie, estime, pour sa part, Ziad Majed, spécialiste du conflit syrien. « Le régime se sent impuni depuis août 2013. On digère au niveau international l’horreur et puis on continue comme si rien n’était ». Il y a trois ans et demi, la libération de gaz sarin dans la Ghouta orientale, la plus meurtrière des attaques de ce type perpétrées par le régime, avait fait 1 400 morts selon les Etats-Unis. Alors qu’il avait fait de l’usage d’armes chimiques une ligne rouge, Washington était alors revenu sur sa menace d’intervenir militairement en Syrie. Depuis cette reculade, l’opposition et ses soutiens occidentaux ont assisté impuissants à l’écrasement des rebelles modérés, pris en étau entre le régime d’un côté et Daesh - le groupe Etat islamique - de l’autre. « Moscou est désormais seul à mener le jeu diplomatique. Le régime se sent gagnant non seulement grâce aux Russes et aux Iraniens, mais aussi à cause de l’absence de toute fermeté occidentale, et des déclarations complaisantes de certains responsables américains et européens qui de nouveau évoquent la lamentable formule “Assad ou Daech” », poursuit le politologue. [scald=2695919:sdl_editor_representation] « C’est révoltant ! Un criminel de guerre qui tue à la pelle son propre peuple depuis six ans, et personne au monde n’arrive à lui imposer des limites », déplore de son côté Louay, un activiste syrien basé à Beyrouth, ayant vécu plus d’un an dans les geôles du régime avant de se réfugier au Liban. Idleb pourrait devenir la prochaine Alep En décembre dernier, l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie Staffan de Mistura mettait en garde contre « un nouvel Alep à Idleb, en l’absence de cessez-le-feu ou d’accord politique ». Conquise en mars 2015, la province est la dernière encore tenue par les rebelles et regroupe « toutes les formations de l’opposition, dont l’ASL et Al-Nosra, mais aussi des milliers de combattants originaires des localités que le régime et ses alliés ont repris récemment », précise Ziad Majed, tandis qu’un million d’habitants y vivent, selon le géographe français Fabrice Balanche. Après la chute d’Alep-Est, le régime avait essentiellement concentré ses efforts militaires sur la province voisine de Hama, réussissant à reconquérir 75 % des territoires qu’il avait perdus. [scald=2695920:sdl_editor_representation] L’opération de ce mardi risque d’être le prélude à une nouvelle offensive d’ampleur dans la province d’Idleb. Mais cette nouvelle bataille risque d’être bien plus rude que celles qui ont précédé. « La province partage une frontière avec la Turquie et est très vaste contrairement aux quartiers urbains étroits et isolés d’Alep », souligne Ziad Majed. Autres particularités : un nombre de combattants très important, dépassant les 50.000, une présence militaire turque et l’existence d’une zone autonome kurde au sein de la province.

Votre compte

L’horreur a frappé la province d’Idleb en Syrie

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Monde

Un ballon espion chinois survole les Etats-Unis, le scandale diplomatique gonfle

Guerre en Ukraine: l’état de santé de Poutine au cœur de théories conspirationnistes

Tom Simoens: «Les chars lourds sont essentiels pour rompre les lignes de front russes et pour franchir les tranchées»

Pourquoi l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne sera longue

Guerre en Ukraine: Zelensky presse les Européens d’agir plus vite, plus fort

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le nucléaire n’en finit plus de jouer les prolongations en Belgique

D1A: Anderlecht décroche une précieuse victoire sur la pelouse d'Ostende

Qatargate: Niccolo Figa-Talamanca est libéré par le juge Claise

Guerre en Ukraine: Zelensky presse les Européens d’agir plus vite, plus fort

Un ballon espion chinois survole les Etats-Unis, le scandale diplomatique gonfle

Attaque au couteau à Schuman: la détention préventive du suspect est prolongée

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel