Polémique Valls: son mea culpa pourrait ne pas suffire
Le Premier ministre français, empêtré dans l’affaire de son aller-retour à Berlin pour une finale de foot, promet de rembourser l’équivalent de ce qu’auraient coûté deux billets d’avion de ligne pour ses enfants.


C’est à la descente d’un avion, celui qui le déposait à Saint-Denis de la Réunion, que Manuel Valls a finalement décidé lui-même ce jeudi de faire atterrir la polémique à propos d’un autre vol. Si ce n’est pas un mea culpa (les mots ne sont pas formellement prononcés), cela y ressemble en tout cas très fort. « Si c’était à refaire, je ne le referais pas », a expliqué le Premier ministre au sujet de son aller-retour express samedi soir à Berlin pour y assister à la finale de foot entre la Juve et le Barça. Le chef du gouvernement s’y était rendu en Falcon officiel, en compagnie de deux de ses fils. Dont coût : 20.000 euros. « J’ai utilisé les moyens mis normalement à disposition d’un Premier ministre pour ses déplacements officiels. Mais je suis sensible à la réaction des Français et je me dois d’incarner un comportement parfaitement exemplaire ».
Manuel Valls a suivi les conseils qui lui avaient été prodigués, notamment par le député René Dosière, dont la réputation de chasseur de gaspillage public n’est plus à faire. Mais s’il a décidé de rembourser le coût du trajet, il ne le fera qu’en partie. Il sortira 2.500 euros de sa poche, correspondant au montant du prix de deux billets d’avion de ligne, au titre de prise en charge du voyage de ses enfants. Ce qui relance encore l’ironie d’une partie de la droite. « Faute avouée est à moitié remboursée », tacle l’ancien ministre Xavier Bertrand. « Les Républicains » avaient pourtant reçu la consigne, ces derniers jours, de ne pas en faire trop alors que certains avaient eu la tentation de réclamer la démission de Manuel Valls. Les arroseurs risquaient de se retrouver arrosés si on leur ressortait le Fouquet’s, le yacht de Bolloré ou l’affaire Bygmalion…
L’opinion choquée
Mais c’est évidemment surtout à gauche que l’affaire pourrait laisser des traces. François Hollande a été contraint de voler au secours de son Premier ministre, alors que depuis sa nomination à Matignon, c’est précisément lui qui devait lui servir de bouclier. Officiellement, l’Elysée a démenti que le Président ait passé une savonnée à Manuel Valls. Mais il est clair qu’il se serait bien passé de cette boulette, lui qui plaidait la « République exemplaire » et qui tente précisément de regagner les faveurs de l’opinion à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle.
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Manuel Valls n’avait pas d’autre choix que celui de reconnaître implicitement son erreur. Alors que la croissance ne repart que très timidement et que la baisse du chômage ne suit pas encore, les Français ne lui auraient pas pardonné. Selon un sondage de l’institut Elabe, 77% des Français (62% des sympathisants de gauche et 85% des sympathisants de droite) ont été choqués par le déplacement à Berlin aux frais de la princesse.
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