E621, E171: pourquoi certains additifs sont bannis de nos aliments
Les distributeurs font pression sur leurs fournisseurs pour éviter des additifs potentiellement dangereux dans la composition de leurs produits. Le groupe Carrefour en a ainsi éliminé 60.

Est-ce leur nom de code complexe « E+3 chiffres » ou les études avertissant des dangers potentiels de certains de ces additifs alimentaires qui ont entraîné la méfiance des consommateurs ? Essentiels aux produits de la grande distribution pour les rendre moins vite périssables, plus onctueux ou appétissants, les colorants, émulsifiants et autres exhausteurs de goût ne sont plus vus d’un très bon œil par ceux qui examinent les étiquettes de près. Du coup, la grande distribution s’adapte.
Carrefour vient de mettre à jour sa liste d’additifs autorisés sous certaines conditions dans ses produits et d’en bannir une soixantaine. « C’est beaucoup plus que l’an dernier », détaille son porte-parole, Baptiste Van Outryve. Un coup marketing pour attirer le chaland ? « Pas du tout ! Depuis longtemps, nous avons interdit les colorants chimiques dans nos produits sans en faire un coup de pub, se défend-il. De même, nous n’avons pas communiqué sur cette liste. Tout est parti d’un article paru aux Pays-Bas, où un distributeur a décidé de ne plus utiliser de glutamate monosodique, un exhausteur de goût plus connu sous le nom d’E621. La presse flamande nous a alors posé la question de notre politique en la matière… »
Si Carrefour ne souhaite pas divulguer la composition de sa « black list », Baptiste Van Outryve en explique le fonctionnement : « Certains additifs sont interdits, mais d’autres sont acceptés en quantités infimes, moyennant motivation, ou alors remplacés. » Ainsi l’E621 (comme les E620, 22, 23, 24 et 25) et le dioxyde de titane, étiqueté E171 – dont une étude publiée en janvier par Scientific Reports alertait des effets potentiellement cancérigènes – font partie de la liste des additifs interdits sauf dérogation.
Du côté de Delhaize, une liste noire existe aussi, dans le respect de la législation européenne, mais on insiste sur le fait qu’« on fait beaucoup pour améliorer les recettes ». Comme l’explique son porte-parole, Roel Dekelver, « environ 1.500 produits de notre marque propre sont réévalués chaque année pour réduire les teneurs en sucre, sel et graisses tout en augmentant les fibres et sans changer le goût. Le problème avec tous ces E, c’est qu’ils sont mal perçus par le grand public alors qu’ils ne sont pas forcément mauvais pour la santé, moins qu’une mauvaise alimentation. »
Acide citrique plutôt qu’E330
Pour contourner ces a priori négatifs, Carrefour a trouvé la parade : « Depuis environ deux ans, nous utilisons le nom des additifs plutôt que leur code, comme l’acide citrique (E330), qui est un additif naturel comme beaucoup d’autres. »
Claude Boffa, maître de conférences en marketing à Solvay, considère ce maquillage lexical « comme de la schizophrénie » : « la nomenclature européenne est là pour certifier qu’un produit est agréé. » Mais le professeur de l’ULB y voit également le signe que « les producteurs et les canaux de distribution se rendent compte qu’ils sont arrivés au bout de l’argumentaire du toujours moins cher ». Aujourd’hui, pour attirer les clients, il faut proposer autre chose.
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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir2 Commentaires
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Posté par CARION JEAN, mardi 11 avril 2017, 11:09
Plus de commentairesC'est la première fois qu'un journaliste s'intéresse aux toxines alimentaires et notamment au TO2 ou E171 (dioxyde de titane) colorant blanc et lissant! Depuis plus de 20 ans je dénonce l'utilisation de cet excipient dans l'industrie pharmaceutique! Plus de 70% des médicaments en pharmacie en sont pourvu mais personne de se penche sur sa toxicité réelle en terme d'allergie diverses et parfois dangereuses suite à une prise quotidienne d'un traitement médical! Même les médecins en ignorent les effets néfastes! Alors ne serait il pas opportun de suivre cette étude ( ci dessus) et sinon prévenir mais surtout interdire l'utilisation de ce colorant (E171) qui n'a aucun impact thérapeutique mais bien l'inverse par sa toxicité en terme de volume (ppm) ingéré. Une suite logique du SPF Santé serait souhaitable.