Jean-Michel Saive: «Cela reste ma plus grande fierté»

[scald=71430:sdl_editor_representation] C’est une date qu’il n’est pas près d’oublier. Le 9 février 1994, à Arezzo, en Italie, grâce à sa victoire finale dans le Top 12, Jean-Michel Saive devenait nº 1 mondial de tennis de table, un véritable exploit dans ce sport éminemment planétaire, habituellement dominé par une armada chinoise. Le Liégeois allait le rester pendant 515 jours durant deux périodes (du 9 février 1994 au 8 juin 1995 et du 25 mars au 24 avril 1996). Qu’est-ce que cette place de nº 1 a représenté pour vous ? Cela reste ma plus grande fierté, bien au-delà des victoires en grands tournois que j’ai engrangées. Si je la place si haut, c’est parce qu’elle a été acquise sur la durée et non pas sur un « one shot » ; elle a été le résultat d’une grande régularité sur un nombre d’années, l’aboutissement d’une période faste avec une accumulation de places d’honneur qui est allée crescendo – la finale de l’Euro 1992, puis celle des Mondiaux 1993 – jusqu’à cette victoire lors du Top 12 1994 face au Suédois Waldner, qui était un peu le « Federer du tennis de table », qui plus est à une époque où les Européens dominaient le « ping » mondial. Je dis toujours que ce match, avec celui qui, en 1988, m’a permis de me qualifier pour les Jeux de Séoul, a été le plus important de ma carrière, celui qui m’a permis d’entrer dans une autre dimension. C’est aussi celui qui m’a procuré l’émotion la plus forte ; je me souviens que dans les vestiaires, je n’arrivais pas à retrouver mon souffle ! Vous n’auriez pas préféré remporter un titre mondial ? Non, je ne crois pas… Cette longue période au sommet, c’est mon parcours, mon histoire ; je ne vois pas pourquoi je l’échangerais contre un autre titre. J’ai dominé la saison 1994 en gagnant tout ce qu’il y avait à gagner, à l’exception de la finale de la Coupe du monde… après y avoir eu une balle de match. C’était fabuleux. Ce qu’on peut juste regretter, c’est lors de cette année phare, il n’y avait ni Mondiaux ni Jeux olympiques. A partir du moment où vous êtes devenu nº 1, qu’est-ce qui a changé ? La donne a complètement changé. Je n’ai plus jamais joué en « challenger » ! J’étais celui que tout le monde voulait battre, j’étais constamment sous pression. C’est aussi pour ça que je suis très fier d’avoir tenu 15 mois, et encore plus aujourd’hui qu’hier quand je vois combien les Chinois dominent mon sport. Vous avez pu valoriser cette position ? Franchement, je ne me souviens plus. A l’époque, la médiatisation du tennis de table était déjà à son sommet en Belgique et cela n’a pas dû changer grand-chose. Cela a juste joué lors de mon transfert à Bad Honef, en Allemagne, en 1996, où le président voulait absolument s’attacher les services du nº 1 mondial. La Belgique nº 1 mondial en football, vous en pensez quoi ? C’est difficilement compréhensible et peut paraître paradoxal pour une équipe qui n’est plus montée sur un podium depuis 30 ans. Mais quand on voit d’où on vient, il ne faut pas bouder son plaisir. Même s’il se trouvera toujours des gens critiques, il faut quand même le faire !

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